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Vocalises dans la province du Pont

Lyon
Opéra National de Lyon
05/08/1998 -  et 10* mai 1998
Wolfgang Amadeus Mozart : Mithridate, rè di Ponto
Giuseppe Sabbatini (Mithridate), Nathalie Dessay (Aspasie), Cecilia Bartoli (Xipharès), Brian Asawa (Pharnace), Sandrine Piau (Ismène), Hélène Le Corre (Arbate), Alexei Grigorev (Marzio)
Orchestre Les Talens Lyriques, Christpohe Rousset (direction et clavecin)

Si l’Opéra de Lyon a déjà produit et enregistré sur support vidéo cet opéra de jeunesse, sous la direction de Theodor Guschlbauer, c’est un ensemble invité qui le donnait ici, en version concert. Opus composé en trois actes sur un livret de Vittorio Amadeo Cigua-Santi (d’après Racine), cette commande est représentée le 26 décembre 1770 -dix jours après la naissance de Beethoven- au Teatro Regio Ducal de Milan, accompagnée de trois ballets de Francesco Caselli qui doublaient le temps de représentation (6 heures au total). Après avoir visité Vérone, Mantoue, Bologne, Florence, Rome, Naples, entendu du Jommelli, du Piccinni, et après avoir suivi les leçons du célèbre Padre Martini, Mozart commence la composition de Mithridate. Il s’inspire de Quirino Gasparini qui met en musique, pour Turin, la même pièce de Racine dans la traduction - adaptation de Giuseppe Parini, en 1767. Il doit également tenir compte des exigences des chanteurs de l’époque, et de fait on y retrouve la fougue, la folie et la vivacité des vocalises du bel canto de cette époque où l’Europe est italienne, terme général pour désigner un simple consensus. L’histoire complexe par ses nombreux épisodes rentre bien dans les canons du genre seria du temps : Mithridate se dispute avec ses deux fils, Xipharès et Pharnace, la belle princesse Aspasie. A la faveur de batailles contre les Romains les sentiments vont se préciser après l’entremellement habituel pour donner lieu au couronnement du valeureux Xipharès uni à Aspasie.

Christophe Rousset, fort de ses expériences dans les genres prédécesseurs et nourissiers de cette musique composée par numéros, semblait bien armé pour donner la force nécessaire à ces airs courts et vifs puisant leur principe de variété dans les contrastes de tempos. Mais ce sont bien plutôt les chanteurs qui ont sauvé la partition au point même d’en faire un spectacle très applaudi. En effet l’orchestre n’est pas aussi frémissant que les deux grandes vocalisatrices de la soirée, Cecilia Bartoli et Nathalie Dessay. On a, au contraire, l’impression que les voix soutiennent l’orchestre. Le primo uomo de Cecilia Bartoli (elle chante la partie d’un castrat) est merveilleux de lié, d’unité et de concentration du timbre. Son air " Lungi da te, moi bene " avec cor obligé fut un des plus beaux moments, comme son merveilleux duo avec Aspasie " Se viver non degg’io ". De cette dernière, Nathalie Dessay exprime dans sa cavatine " Pallid’ombre " les moindres flottements de l’âme avec une facilité peu commune en timbrant parfaitement le grave. Brian Asawa, coutertenor déjà connu à Lyon, a un timbre fabuleux mais sa prestation déçoit un peu par son engagement tout relatif et ses cadences très convenues. Giuseppe Sabbatini, quand à lui, utilise tous les artifices du théâtre pour incarner réellement un souverain guerrier et se montre parfait dans les grands sauts legato de sa partie. L’esprit des voix était bien au rendez-vous.



Frédéric Gabriel

 

 

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