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Amis de trente ans

Paris
Chapelle du Calvaire
03/17/2011 -  
Guillaume Lekeu : Mouvement de quatuor
Maurice Ravel : Quatuor
Wolfgang Amadeus Mozart : Quintette avec clarinette, K. 581

Romain Guyot (clarinette), Quatuor Parisii: Arnaud Vallin, Jean-Michel Berrette (violon), Dominique Lobet (alto), Jean-Philippe Martignoni (violoncelle)




Cinq concerts, des quintettes, un sextuor et même un octuor: Anne-Marie Réby a vu grand, cette année, pour ses «Quatuors à Saint-Roch», toujours dans le cadre un peu frisquet de la chapelle du Calvaire, attenante à l’église de la rue Saint-Honoré. Cette quatrième édition met à l’honneur le Quatuor Parisii qui fête en 2011 ses trente ans. Fondé en 1981, avant les Ysaÿe et l’apparition d’une riche génération de quatuors français, il a fait preuve d’une remarquable stabilité, le seul changement dans sa composition étant intervenu en 2002, lorsqu’Arnaud Vallin a remplacé Thierry Brodard au premier violon. Si le Quatuor Parisii a toujours manifesté un intérêt prononcé pour la musique de son temps, de Pierre Boulez à William Sheller, en passant par des créations de Gilbert Amy, Edith Canat de Chizy et Gérard Pesson, le programme du concert inaugural élude cet aspect important de son activité.


Le choix de la première œuvre témoigne néanmoins d’un indéniable souci d’originalité, celui qui a par exemple conduit le quatuor à graver une intégrale Milhaud (Naïve): le rare Mouvement de quatuor (1887) de Lekeu n’est pas vraiment indiqué pour célébrer un anniversaire, mais ce Molto adagio sempre cantante doloroso décanté, hors du temps, frappe par sa poignante sobriété et son élévation de caractère mystique. Autrement plus renommé, le Quatuor (1903) de Ravel est de longue date l’un des chevaux de bataille des Parisii, qui l’ont enregistré à deux reprises, chez Valois mais aussi chez Saphir. En demi-teintes fanées, comme une photo jaunie ou une langueur «fin de siècle», les trois premiers mouvements, volontiers atones et cotonneux, se succèdent dans une finition instrumentale perfectible et un équilibre incertain entre les pupitres, comme pour mieux faire exploser par contraste un Finale tempétueux et virtuose, qui emporte tout sur son passage.


Les Parisii ont également laissé un disque du Quintette avec clarinette (1789) de Mozart, en compagnie de Richard Vieille (Calliope). Cette fois-ci, c’est Romain Guyot qui se joint à eux: le soliste à l’Orchestre de chambre d’Europe ne cherche pas midi à quatorze heures, dans une approche plus hédoniste et détendue que métaphysique, tout en s’attachant à ornementer les reprises dans le Menuet, abordé à vive allure. A ses côtés, les cordes, en particulier les violons, chiches en vibrato, cultivent une couleur délibérément blême. Le violoncelliste Jean-Philippe Martignoni annonce le bis: les musiciens doivent se contenter de rejouer le Larghetto, faute d’avoir pensé à prendre avec eux les partitions du Quintette de Weber...


Le site de «Quatuors à Saint-Roch
Le site du Quatuor Parisii




Simon Corley

 

 

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