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Vlaamse Opera
02/25/2011 -  et 11, 13, 16, 19 (Gand), 27* février, 2, 5, 8 mars 2011
Jules Massenet: Hérodiade

Carmen Giannattasio/Barbara Haveman* (Salomé), Zoran Todorovich (Jean), Philippe Rouillon (Hérode), Julia Gertseva (Hérodiade), Petri Lindroos (Phanuel), Igor Bakan (Vitellius), Julianne Gearhart (Jeune Babylonienne), Thierry Vallier (Le Grand Prêtre), Anna Tenta*, Slawek Bendrat*, Erwin Wauters, Philine Janssens (danseurs)
Koor van de Vlaamse Opera, Symfonisch Orkest van de Vlaamse Opera, Dmitri Jurowski*/Yannis Pouspourikas (direction, chef des choeurs)
Joachim Schlömer (mise en scène, chorégraphie), Jens Kilian (décors, costumes), Dagmar Morell (costumes), David Finn (éclairages)


(© Annemie Augustijns)



Créé en 1881 à la Monnaie et remanié en 1895, Hérodiade de Massenet illustre à merveille la thématique retenue cette saison par le Vlaamse Opera, « Mijn Oriënt » (« Mon Orient »). Le choix s’avère d’autant plus pertinent que cet œuvre se fait rare, de même qu’Esclarmonde auquel les maisons d’opéra feraient bien de s’intéresser. Ancien danseur de la compagnie Marc Morris, aujourd’hui scénographe à part entière, Joachim Schlömer, qui débute dans cette institution, modernise l’ouvrage et le débarrasse de quasiment toutes les références orientales, à l’exception des narguilés utilisés par la jeune Babylonienne et ses consœurs qui évoluent au deuxième acte en tenue légère. Il existe des transpositions autrement plus radicales que celle-ci mais pour rencontrer les désirs du metteur en scène, le livret subit d’importants arrangements, conçus avec le chef et le dramaturge Xavier Zuber et indiqués en toute honnêteté dans le programme : passages supprimés (chœur des esclaves du deuxième acte, onzième scène au troisième acte, prélude et ballet du quatrième acte, …) et déplacés – la représentation débute par la scène de prédiction du troisième acte au lieu du Prélude –, insertion au deuxième acte d’un texte en latin de Cicéron récité par Vitellius.


Musique et livret subissent ainsi la dictature d’un regietheater par ailleurs poussif et fatigué, pour ne pas dire paresseux, puisque peu d’idées fortes marquent ce spectacle aux ressorts dramatiques en fin de compte faibles, ce qui est aussi imputable à une direction d’acteur sans recherche. Comme le ballet est écarté, l’amateur de chorégraphies doit se rabattre sur les deux danseurs, masqués d’une tête d’animal (cerf ?), dont les interventions apportent peu, aussi spectaculaires soient-elles au début du troisième acte lorsqu’ils évoluent (bruyamment) à la verticale. Visuellement peu intéressant, le décor est constitué pour l’essentiel de troncs d’arbre éparpillés et d’un plateau surélevé qui représente un intérieur au design moderne. Des cuvettes de WC ? Il y en a, bien sûr, Hérode allant même y vomir...


Avant la représentation, Aviel Cahn annonce que Carmen Giannattasio, distribuée dans le rôle de Salomé, ne pourra pas assurer la représentation de ce dimanche après-midi pour raisons médicales. L’intendant a pu trouver dans l’urgence une remplaçante connaissant cette partition peu exécutée. Acclamée à juste titre lors des saluts, Barbara Haveman offre un chant de haute qualité mais, n’ayant pas disposé du temps nécessaire pour assimiler la mise en scène, elle est doublée par une jeune comédienne qui possède la jeunesse et la fraîcheur requises pour la fille d’Hérodiade qu’incarne Julia Gertseva. Cette dernière récolte quelques huées injustifiées et probablement suscitées par un timbre quelque peu rocailleux et une prononciation française perfectible. Excellent dans «Adieu donc» (quatrième acte), heureusement conservé, Zoran Todorovich (Jean) déploie une ligne vocale ferme, ample et puissante qui confère au prophète une allure jeune et volontaire. Igor Bakan (Vitellius) confirme l’impression favorable laissée en décembre dans Sémiramide tandis que Petri Lindroos livre une prestation remarquée dans le rôle de Phanuel. Maillon fort de la distribution, Philippe Rouillon se glisse avec aisance et une diction impeccable dans la peau d’Hérode qui ressemble à s’y méprendre à Jean-Pierre Coffe au premier acte avant d’être déguisé, non en colonel Kadhafi, mais en général d’opérette.


Fils de Mikhaïl et frère de Vladimir, Dmitri Jurowski occupe depuis cette année le poste de chef-dirigent de l’Orchestre symphonique de l’Opéra de Flandre qui se montre à cette occasion particulièrement au point. Le jeune Russe (né en 1979) veille aux détails, trouve les couleurs justes et défend cette belle et inventive partition avec une grandeur dépourvue de grandiloquence. Egalement investis, les Chœurs de l’Opéra de Flandre, préparés par Yannis Pouspourikas, complètent une distribution dont le niveau compense les options discutables de la mise en scène. La saison du Vlaamse Opera se poursuivra avec une nouvelle production de La Femme sans ombre (régie de Marco Arturo Marelli, direction musicale d’Alexander Joel), à l’affiche du 7 au 17 avril à Gand puis du 27 avril au 11 mai à Anvers.



Sébastien Foucart

 

 

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