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Des gaulois en Italie

Paris
Opéra Bastille
04/27/1998 -  et 30 avril, les 4, 7, 11, 15, 18 et 21 mai 1998
Vincenzo Bellini : Norma
Sergei Larin (Pollione), Carlo Colombara (Oroveso), Jane Eaglen (Norma), Susanne Mentzer (Adalgisa) Jean-François Monvoisin (Flavio), Martine Mahé (Clotilde)
Yannis Kokkos (Mise en scène, décors et costumes)
Orchestre et Choeurs de l’Opéra National de Paris, Fabio Luisi (direction)

Cette oeuvre au livret proche du vaudeville et pourtant peu destiné à la scène, aux caractères à la fois pâles et trop tranchés, à la très belle musique, tiraillée entre continuité dramatique et collection de numéros, est ici très bien servie par une mise en scène intelligente et de très belles voix.

Cette production est la reprise de celle du mois de juin 1996. Distribution et direction ont subi quelques changements, costumes et décors ont un peu évolué. Yannis Kokkos donne de l’oeuvre une très belle vision. L’espace scénique y est bien utilisé, sans remplissage. Le décor, ni prétexte, ni contexte, sert le texte, la scène et les chanteurs. Les lumières y sont superbes, passant du naturalisme à l’artificialité la plus crue. La mise en scène, sobre, est portée par une symbolique de couleurs soutenant l’établissement d’une dualité entre nature et culture, gaulois et romains. Ainsi l’élément principal du décor est une dalle de béton portée par les chênes qui entourent la scène - les opposés s’y associent. Le rouge sera attribué aux romains, tandis que les gaulois sont vêtus de couleurs naturelles et de velours. Cet élément de la mise en scène servira la lecture du deuxième acte. Le rideau s’y ouvre en effet sur les enfants de Norma, couverts d’un drap de velours rouge : les enfants sont entre les deux mondes en présence. Norma voit en eux le rouge : elle décide de les tuer parce qu’ils sont romains. Elle-même se drapera de ce rouge dans son désir de vengeance, rouge qui emplira le fond de scène au moment de l’embrasement du bûcher. Le travail conceptuel du texte demeure discret, il souligne les traits saillants de l’oeuvre sans démonstration ni manichéisme.

Un orchestre vif et nerveux, qui sait se faire puissant et dense, soutient la très belle distribution de cette reprise. Après un premier acte davantage virtuose qu’expressif, Jane Eaglen trouva le ton juste dans un deuxième acte plus passionné. Ses doutes devant ses enfants, la scène avec Adalgisa, sa prière à son père furent de très beaux moments. Susanne Mentzer est une superbe Adalgisa, au timbre un peu voilé et au chant très inventif : les deux interprètes surent tirer le meilleur parti de leurs différences (Jane Eaglen peut sans difficulté chanter dos au public, laissant davantage de place à Susanne Mentzer). Sergei Larin, Pollione lâchement victime de ses faiblesses, chante passionnément ses amours et ses peurs. Il manque toutefois de puissance et ne parvient pas toujours à s’imposer. Le reste de la distribution, ainsi que le choeur, personnage vocal à part entière, ici impressionnant de délicatesse, sont à la hauteur des premiers rôles.



Gaëlle Plasseraud

 

 

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