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Le concert de l’Atelier

Paris
Palais Garnier
02/11/2011 -  
Extraits de La Cenerentola, Le Barbier de Séville, Sémiramis et L’Italienne à Alger de Rossini, de Manon de Massenet, de La Nonne sanglante de Gounod, Hérodiade de Massenet, Les Pêcheurs de perles de Bizet et de Mignon d’Ambroise Thomas, d’Idoménée, Don Juan et Les Noces de Figaro de Mozart
Marianne Crebassa (mezzo-soprano, Marcelline), Alexandre Duhamel (baryton, Bartolo), Carol García (mezzo-soprano, Chérubin), Alisa Kolosova (mezzo-soprano, Marcelline), Ilona Krzywicka (soprano, la Comtesse), Zoe Nicolaidou (soprano, Suzanne), Manuel Nunez Camelino (ténor, Basilio), Michal Partyka (baryton, le Comte), Damien Pass (baryton-basse, Figaro), Florian Sempey (baryton, Antonio), Chenxing Yuan (soprano, Barberine)
Orchestre de l’Opéra national de Paris, Marius Stieghorst (direction)


(© Mirco Magliocca/Opéra national de Paris)


L’Atelier lyrique est une bonne école, qui, sur deux ans, offre aux jeunes talents, chanteurs ou chefs de chant venus de pays très divers et dont certains sont déjà entrés dans la carrière, une formation complète. Mais Christian Schirm l’a bien compris : on ne chante pas seul et il faut aussi jouer, à une époque où les metteurs en scène investissent, parfois pour le meilleur et pour le pire, le champ de l’opéra. Clore le concert des apprentis de la voix par un finale mis en espace des Noces de Figaro constituait donc un peu une épreuve initiatique. Si l’on n’a peut-être pas entendu les grands de demain, certains se sont montrés assez prometteurs dans un programme consacré à Mozart, à Rossini et aux grands Français du XIXe siècle, d’autant plus méritants qu’ils devaient affronter le cadre impressionnant du Palais Garnier.


Rossini ouvrait le bal. Carol García s’illustre d’abord par un rondo final de La Cenerentola bien enlevé : le médium devra se corser, les vocalises ne perdront pas en précision si elles sont moins hoquetées, mais le timbre est beau et racé, les registres soudés, le style adéquat. Florian Sempey a pour lui une voix riche aux couleurs variées, un aigu sûr, une ligne solide : restera seulement à gagner en aisance dans le chant syllabique rapide pour maîtriser totalement le « Largo al factotum della citta » du Figaro rossinien. Du même Barbier de Séville, « Ah ! Qual colpo inaspettato » confirme ses qualités, comme celles de la Rosine de Carol Garcia, décidément en phase avec ce répertoire, alors que l’Almaviva de Manuel Nunez Camelino, en panne d’aigu, laisse craindre le pire. Le trac ? Alisa Kolosova, aux airs de cantatrice avant l’heure, n’en semble guère atteinte. Un timbre bien slave, une tessiture homogène, un indéniable tempérament, mais une colorature manquant de netteté pour l’Arsace de « In si barbara sciagura » : le duo avec Taddeo de L’Italienne à Alger la révèle ensuite beaucoup plus à l’aise en coquette insupportable, flanquée du soupirant bien campé et jamais grotesque d’Alexandre Duhamel.


Viennent les Français. Chenxing Yuan a beau avoir de l’abattage, elle nous sert une Gavotte de Manon citronnée qui paraît d’un autre temps, et que fait oublier un Manuel Nunez Camelino très stylé dans l’air de Rodolphe de La Nonne sanglante, pourtant redoutable par des aigus appelant un mixage des registres : les voici maintenant tout à fait assumés et la voix, même modeste, se projette aisément, conduite avec souplesse. La rondeur fruitée, la tenue impeccable d’Ilona Krzywicka conviendraient mieux à l’air d’entrée de la Salomé d’Hérodiade si la voix était celle d’un grand lyrique et si elle corrigeait la mollesse de son articulation. Nommé aux Victoires de la musique – où il a dû s’incliner devant la mezzo Clémentine Margaine – Alexandre Duhamel s’impose en Zurga des Pêcheurs de perles par une technique éprouvée et un certaine noblesse de style, restant toutefois en deçà du personnage par la timidité de la caractérisation. « Connais-tu le pays », enfin, réussit à Marianne Crebassa, dont le timbre charnu et coloré compense une légère raideur dans le phrasé.


Zoe Nicolaidou inaugure la seconde partie du concert, dédiée à Mozart, avec Idoménée, dont le « Padre, germani, addio » d’Ilia témoigne, à défaut d’une onctuosité du timbre et d’une souplesse parfaite dans le legato, d’une bonne maîtrise de la voix et de la partition. Leporello coquin mais pas débraillé, au catalogue solide mais un peu prosaïque, Damien Pass séduit moins que le Comte de Michal Partyka, qui rachète d’emblée par l’homogénéité de la tessiture, la présence et la morgue, une projection timide et un chant un peu brut, aux vocalises savonnées. Le finale des Noces de Figaro ne manque pas d’allure, chacun contribuant, par sa composition, à l’homogénéité d’un ensemble méritant bien de Mozart.


Les chefs de chant ont eux aussi joué leur rôle, plus que l’Orchestre de l’Opéra, qui s’est contenté d’un service minimum, guère stimulé il est vrai par un Marius Stieghorst approximatif et laborieux.



Didier van Moere

 

 

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