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Desesparately seeking Mr. Sibelius Geneva Victoria Hall 02/16/2011 - et 17* février 2011 Claude Debussy: Trois Etudes (orchestration Michael Jarrell)
Dimitri Chostakovitch: Concerto pour violoncelle n° 1, opus 107
Jean Sibelius: Symphonie n° 5, opus 82 Truls Mørk (Violoncelle)
Orchestre de la Suisse Romande, Susanna Mälkki (Direction) T. Mørk (© Stéphane de Bourgies/Virgin Classics)
Lors de la conférence de presse de présentation de la saison musicale de l’OSR il y a plus d’un an, son administrateur Steve Roger, avait pris le temps d’insister sur le fait que si Sibelius a peu été joué à Genève, il s’agit bien d’un compositeur majeur. La consultation de la page d’archives de l’orchestre montre à quel point le compositeur finlandais est méconnu en Suisse Romande alors que l’OSR peut se vanter de présenter des programmes qui sortent des sentiers battus.
S’il faut se féliciter de la programmation de l’œuvre de Sibelius et l’encourager, il faut cependant regretter que le style épique du compositeur, son traitement si particulier de la couleur orchestrale et son art de la ligne musicale soient si étrangers à un orchestre plus habitué à la clarté du répertoire français. Le premier mouvement en particulier manque cruellement d’architecture, les transitions de tempi étant quasi inexistantes. Au lieu de se fondre de façon organique, chaque passage est joué indépendamment les uns des autres. Le Presto final n’est pas sans énergie mais rien ne prépare à cette véritable montée vers la lumière. L’Andante bénéficie d’une solide mise en place mais la lisibilité instrumentale que recherche à tout prix Susanna Mälkki prive du mystère et de la poésie de ce mouvement. Lorsque l’on arrive à l’Allegro, la brillance de l’exécution ne peut masquer le fait que le climat n’est pas établi.
Il faut cependant reconnaître que la difficulté de mélanger les répertoires et les styles n’est pas une mince affaire. Il sera fascinant de voir comment si le futur directeur musical de l’OSR Neeme Järvi va gérer ce changement puisqu’il a déjà exprimé son souhait de jouer des œuvres du répertoire nordique qu’il a tant défendu. C’est en tout cas avec plus de naturel que l’OSR joue en création l’orchestration de trois des Etudes de Debussy réalisée par leur compatriote Michael Jarrell. Violoncelles et contrebasses y font merveille de légèreté et les interventions des bois sont si naturelles.
L’OSR depuis Ansermet peut également se rattacher à une certaine tradition pour la musique russe. Le Premier concerto pour violoncelle de Chostakovitch qui remplaçait Tout un monde lointain d’Henri Dutilleux permet également de retrouver un orchestre plus construit et à la sonorité plus structurée. Le cor solo peut briller dans les redoutables passages si exposés du premier mouvement et les cordes trouvent plus de couleurs. Les premier et dernier mouvements sont joués dans des tempi assez vifs mais l’ensemble se tient avec beaucoup d’autorité. Il est enfin rassurant de retrouver Truls Mørk en pleine forme après les quelques soucis de santé qu’il a connus. Sa technique et sa sonorité font des merveilles dans les passages animés mais c’est surtout dans le Moderato, après l’introduction sombre des cordes, qu’il trouve des accents très personnels dans cette œuvre si émouvante.
Antoine Leboyer
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