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Somptueusement... classique

Paris
Salle Pleyel
02/14/2011 -  et 2 (Amsterdam), 9 (Oslo) février 2011
Gioacchino Rossini : L’italiana in Algeri: Ouverture
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano et orchestre n° 24 en do mineur, K. 491
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7 en la majeur, opus 92

Leif Ove Andsnes (piano)
Koninklijk Concertgebouworkest, Mariss Jansons (direction)


M. Jansons (© Marco Borggreve)


Voilà un programme on ne peut plus rassurant: au fameux agencement ouverture/concerto/symphonie répondait en effet un triptyque de compositeurs tout aussi classique, Rossini/Mozart/Beethoven. Ajoutez à cela ce qui est peut-être «le plus bel orchestre au monde dirigé par le plus grand chef en activité» et vous obtiendrez tout naturellement un public venu en masse, quelques optimistes qui cherchent à acheter un billet dès la place des Ternes et l’opportunité de croiser quelques visages connus qu’on n’a l’habitude de voir que lors des concerts de prestige comme celui de ce soir. Voilà pour ce qui est du décor mais, en fin de compte, que ressent-on? Peut-être la mariée était-elle trop belle ou les attentes trop fortes mais ce qui a fini par prédominer, en définitive, ce fut une relative déception.


Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir: l’Orchestre royal du Concertgebouw d’Amsterdam est une phalange absolument somptueuse et il suffit d’entendre les premières interventions du hautbois solo dans l’Ouverture de L’Italienne à Alger (1813) pour s’en convaincre (signalons également la virtuosité du piccolo, brillant à l’image de l’ensemble de la petite harmonie). Dans le concerto, l’accompagnement de l’orchestre, et tout particulièrement des cordes, s’avère être du plus haut niveau tant la douceur, le frémissement, la finesse sont présents. Orchestre somptueux donc mais, et c’est peut-être là la première petite déconvenue de ce concert, pas irréprochable: citons par exemple les cors, peu éclatants dans la Septième Symphonie, ou les premiers violons dont le manque d’ampleur frappe en plus d’une occasion dans le premier mouvement.


Mais, surtout, ce qui déçoit, c’est une vision bien lisse des ces différentes œuvres. L’Ouverture de L’Italienne à Alger manquait cruellement de spontanéité, Jansons accélérant même la fin jusqu’à la caricature sans que cela soit exigé par la partition et sans que cette brusquerie n’apporte quoi que ce soit à ce petit bijou. Dans le Vingt-quatrième Concerto, c’est Leif Ove Andsnes qui reste trop sur la réserve. Le discours est impeccable, sans la moindre anicroche, le son coule doucement, sans heurt mais que tout cela est bien lisse. Impassible, le visage ne trahissant pas la moindre émotion, le pianiste norvégien (qui, au cours de cette tournée avec Mariss Jansons, joue alternativement, selon les concerts, ce concerto de Mozart ou le Second de Brahms, œuvre qu’il reprendra d’ailleurs dans quelque jours sous la baguette de Bernard Haitink à la tête du Philharmonique de Berlin) délivre un propos convenu dont le manque d’aspérité trahit un ennui profond. Le bis, la Valse en la bémol majeur, opus 42 de Chopin sera de la même eau: technique brillante mais message bien terne.


Quant à la Septième, il faut croire qu’elle est devenue l’œuvre par excellence des grands orchestres en tournée puisque, après l’avoir entendu il y a quelques semaines par le Philharmonique de Vienne et, il y a quelques jours, par le Philharmonique de Los Angeles, c’est donc au tour du Koninklijk Concertgebouworkest de livrer son interprétation. Il en a laissé des témoignages légendaires: souvenons-nous de cette fantastique vidéo dirigée par Carlos Kleiber au début des années 1980! Malheureusement, point de magie ce soir sur la scène de la Salle Pleyel. Mariss Jansons connaît son affaire mais, au lieu d’exploiter la partition, il a trop tendance à la torturer, à en souligner certains passages en ralentissant (le Vivace du premier mouvement) ou accélérant le tempo, chassant ainsi tout côté naturel du discours. L’Allegretto est beau mais peu poétique, précédant en revanche un superbe Scherzo. Quant au dernier mouvement, on est certes impressionné et séduit par les deux dernières minutes mais le tempo adopté auparavant enlise assez rapidement le discours, le chef letton ayant un peu trop tendance à prendre la pose et à laisser s’épanouir le beau son de l’orchestre.


L’ovation triomphale du public, saluée par une vrombissante Ouverture des Noces de Figaro, a donc masqué un concert qui fut impressionnant mais qui fut loin d’être enthousiasmant: l’affiche n’a vraiment pas tenu ses promesses.


Le site de Leif Ove Andsnes
Le site de l’Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam



Sébastien Gauthier

 

 

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