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Exceptionnelle Argia

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
10/19/1999 -  et 21, 22, 24* octobre 1999
Antonio Cesti : L’Argia
Laura Polverelli (Laurindo/ Argia), Dorothee Jansen (Dorisbe), Darina Takova (Filaura, Vénus), Graham Pushee (Selino/ Lucimoro), David Pittsinger (Atamante), Christophe Laporte (Feraspe), Dominique Visse (Lucarno), Bernard Loonen (Dema/ Soldato), Steven Cole (Alceo), Gregory Reinhart (Solimano), Antonio Abete (Osmano), Riccardo Novaro (Aceste)
Jean-Louis Martinoty (mise en scène), Hans Schavernoch (décors), Emmanuel Peduzzi (costumes), Jacques Benyeta (lumières)
Concerto Vocale, René Jacobs (direction)

" Selino, fils du roi de Chypre Atamante, a été enlevé enfant à son père et adopté par le roi de Thrace. Il a séduit Argia, la fille du roi d’Eubée, l’a épousée en secret, puis abandonnée alors qu’elle était enceinte. Sa fuite l’a conduit à Chypre, où il s’est épris de la fille du roi Atamante, Dorisbe, dont il ignore qu’elle est sa soeur. Déguisée en homme et se faisant appeler Laurindo, Argia part à la recherche de Selino. Tout le monde se retrouve à Chypre où Argia - Laurindo séduit Dorisbe afin de contrecarrer les plans de Selino. Intrigues, trahisons, quiproquos se succèdent, commentés avec impertinence par quatre personnages-bouffe : une nourrice (rôle travesti), une courtisane, un fou du roi - geôlier et un eunuque auquel revient, de manière inattendue, le dernier mot ".

Il semble qu’il n’y ait jamais eu d’opéra de Cesti représenté à Paris - et pas beaucoup plus de ses contemporains. Contre cette ignorance de tout un pan musical, le Théâtre des Champs-Elysées fera date avec cette fabuleuse Argia. En effet, Monteverdi n’est pas tout seul à son époque - et pourtant même pour lui, les représentations ne sont pas si fréquentes que cela.

L’Argia fut écrit en 1655 pour Innsbruck à l’occasion du passage de Christine de Suède, et recréé là-bas par René Jacobs. On l’a depuis revu à Lausanne. Chaque fois ce spectacle diffuse un bonheur unique, merveilleux mélange de sérieux et de comique. Plus qu’un " opéra ", c’est du théâtre burlesque, des travestissements redoublés où farces et mélodrames sont juxtaposés. La virtuosité se situe à tous les niveaux. Dans cette intrigue mouvante, en cascades, impossible de s’ennuyer une seule seconde. Il faut convenir que dans ce répertoire où tous les rôles sont importants, la pièce doit beaucoup aux performances théâtrale et vocales des chanteurs, impressionnantes ici. A côté de l’émouvante Argia, on retiendra évidemment Dominique Visse absolument parfait pour son rôle de bouffon du roi. Il mérite à coup sûr de rester dans les mémoires non seulement pour son chant protéiforme, du ténor au mezzo-soprane mais aussi pour son génie à composer ce genre de personnage. De même pour l’incroyable Steven Cole dont la voix est un véritable caméléon. Mais les autres voix ne sont pas non plus avares en couleurs !
La mise en scène est un modèle du genre. Jean-Louis Martinoty met en relief avec inventivité, vigueur, intelligence et humour tous les tourbillons rocambolesques et rhétoriques du livret de Giovanni Filippo Apolloni. Les méprises et les erreurs qui se multiplient vont jusqu’à donner un labyrinthe. Un ingénieux système de miroirs - clin d’oeil à Leibniz via Deleuze - en panneaux habille la richesse de l’intrigue. L’orchestre est bigarré, incroyable de dynamisme. L’arrangement de René Jacobs en tire toutes les possibilités imaginables. Mais finissons par la musique, impressionnante de bout en bout, à la fois sublime et irrésistible et en rien inférieure aux plus grands noms du siècle. On ne peut que souhaiter au Théâtre des Champs-Elysées de pouvoir remonter d’autres opéras de Cesti, Cavalli, et d’autres italiens du XVIIe siècle. On se pose une seule question : heureusement qu’il y a René Jacobs pour faire ce répertoire, mais pourquoi est-il le seul ?




Frédéric Gabriel

 

 

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