Back
Programme cohérent Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 02/11/2011 - et 4 (Dijon), 12 (Gent) février 2011 Richard Wagner: Siegfried-Idyll – Lohengrin (Prélude du troisième acte)
Franz Liszt: Concerto pour piano n°2 – Du berceau jusqu’à la tombe – Les Préludes Pascal Amoyel (piano)
Anima Eterna Brugge, Jos van Immerseel (direction)
J. van Immerseel (© Alex Vanhee)
Anima Eterna, installé à Bruges mais fidèle au Bozar, et son fondateur Jos van Immerseel ont préparé un programme cohérent qui associe Wagner et Liszt, sans doute les derniers grands représentants du romantisme musical. La formation se produit avec un effectif et des instruments «adaptés à la pratique historique», aussi la Siegfried-Idyll (1870), cadeau de Richard à Cosima, paraît-elle aussi peu ronflante et épaisse que possible. Cependant, plus de treize musiciens (le nombre d’exécutants lors de la création) occupent la scène de la Salle Henry Le Bœuf. Les cordes se montrent suffisamment denses et les bois ne rencontrent pas de difficultés majeures même s’ils donnent l’impression d’évoluer sur le fil. Le chef, par ailleurs organiste, pianiste et claveciniste, dévoile des détails oubliés et assure une exécution progressant à bonne allure et sans alanguissement.
Trois semaines après avoir été défendu par Dezsö Ranki et l’Orchestre national de Hongrie, le Deuxième Concerto pour piano (1849) de Liszt figure de nouveau à l’affiche de l’institution bruxelloise – à propos, la Danse macabre et la Fantaisie hongroise se font rares. Les caractéristiques d’Anima Eterna et la nature du piano employé cette fois-ci procurent d’autres conditions d’écoute puisque Pascal Amoyel joue sur un Erard aux graves caverneux sur lequel le programme de salle ne fournit pas d’indication quant à l’année de la facture. Sans doute ce piano aux séduisant atouts se serait-il davantage épanoui au Conservatoire: il lui manque un peu de puissance pour s’imposer face à un orchestre aussi éclatant que vigoureux, solide et plutôt inspiré, en particulier le violoncelle solo. S’il y développe un jeu évidemment brillant, le pianiste témoigne de noblesse, de nuance et de délicatesse dans la Consolation offerte en bis.
La seconde partie débute par l’ultime des poèmes symphoniques du compositeur, tantôt au nombre de douze, tantôt au nombre de treize dans le programme: en trois mouvements adoptant une allure générale lent/vif/lent, Du berceau jusqu’à la tombe (1881-1882) s’inspire d’un triptyque de Michaël Zichy. L’initiative mérite d’être saluée puisque seuls Les Préludes (1853), sur lesquels d’ailleurs se termine la soirée, semblent être exécutés au concert de nos jours. Les musiciens éprouvent régulièrement le besoin de s’accorder, les cordes produisent une sonorité nasale, les timbres paraissent un peu rêches et il est difficile de fermer les yeux sur les imprécisions mais la prestation se situe dans une bonne moyenne. Les cuivres, en particulier, enlèvent leur partie avec maestria, y compris dans le triomphal Prélude du troisième acte de Lohengrin, créé par Liszt à Weimar en 1850 et inséré entre deux les poèmes.
L’orchestre et le chef réapparaissent une dernière fois le 25 mars dans le cadre de la saison du Bozar cette fois au Conservatoire : la soirée sera entièrement consacrée à Beethoven avec, outre l’Ouverture des Créatures de Prométhée, les Deuxième et Cinquième Symphonies.
Le site de Pascal Amoyel
Le site d’Anima Eterna
Sébastien Foucart
|