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Red hot riding italienne

Paris
Palais Garnier
04/06/1998 -  et 9, 12, 14*, 17, 20, 22, 25, 28 avril, 2 mai 1998
Gioacchino Rossini : L'Italienne à Alger
Jennifer Larmore (Isabella), Jeannette Fischer (Elvira), Maria José Trullu (Zulma), Simone Alaimo (Mustafà), Bruce Ford (Lindoro), Alessandro Corbelli (Taddeo), Anthony Smith (Haly)
Chœurs et Orchestre de l'Opéra National de Paris, Bruno Campanella (direction)
Andrei Serban (mise en scène), Niky Wolcz (chorégraphie), Marina Draghici (décors et costumes), Guido Levi (lumières)


L'opéra-bouffe et le cartoon, une longue histoire d'amour. Les Hermann en ont tiré la quintessence avec leur Turc en Italie des Champs-Elysées, et si cette production s'avère moins génialement millimétrée dans la direction d'acteurs, moins frappante dans l'utilisation de l'espace (il manque une vraie structure au décor de Marina Draghici), elle séduit par davantage de spontanéité. Des références cinématographiques à la pelle (le naufrage du Titanic ayant laissé le public écroulé de rire), des gags qui font mouche, et surtout un sens du second degré parfaitement accordé à l'œuvre. Andrei Serban excelle dans ce théâtre d'images à mi-chemin entre le franc burlesque et la poésie symboliste - Trois Oranges autrefois écloses au C.N.S.M. l'avaient déjà laissé entrevoir.


Ses chanteurs l'ont suivi avec enthousiasme, menés par une irrésistible Jennifer Larmore. En méforme le soir du 14 (d'où quelques incertitudes du souffle aux extrêmes de la tessiture et un timbre voilé), la mezzo américaine n'en fait pas moins preuve d'un abattage réjouissant, jusque dans la projection du son qui a paru, depuis l'orchestre, plus franche que lors de ses dernières apparitions parisiennes. Stylistiquement attentive sinon virtuose exceptionnelle, elle établit avec le spectateur ce courant de sympathie qui donne une âme à la technique. Même énergie chez ses partenaires ; Alaimo est de plus en plus baryton, mais sait gérer son grave, Bruce Ford déploie une voix mixte de belle tenue bien qu'avare en nuances, Corbelli n'est pas loin de faire oublier Enzo Dara, et Maria José Trullu affiche des moyens impressionnants qui demandent à être sérieusement disciplinés. Une distribution de haut niveau, d'un équilibre rare. Bruno Campanella y contribue d'évidence, et l'on apprécie d'entendre un chef qui sait que diriger Rossini, c'est d'abord doser une balance entre les instruments et les voix et faire se rencontrer les timbres des uns et des autres. Les rythmes diaboliques de l'oeuvre sont parfaitement domptés, au prix sans doute d'une excessive sagesse de l'articulation. De ces cordes tout en legato moelleux, on voudrait plus de sang dans les attaques, et plus de tranchant dans la phrase ; par bonheur, les vents mal assurés dans l'ouverture s'encanaillent en cours de soirée. Allez donc garder votre sérieux, quand le compositeur brode dix minutes durant sur un texte aussi puissant que "din din, don don, boum boum, cra cra", et que, sur le plateau, les fauves sont lâchés...



Vincent Agrech

 

 

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