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Un Beethoven allégé

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/19/2011 -  
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano et orchestre n° 5, «L’Empereur», en mi bémol majeur, opus 73 – Les Créatures de Prométhée, opus 43 (extraits)

Orchestre de chambre de Lausanne, Christian Zacharias (piano et direction)


C. Zacharias (© Marc Vanappelghem)


Chaque année, l’Orchestre de chambre de Lausanne et son actuel directeur musical (depuis le mois de septembre 2000), le pianiste Christian Zacharias, font une halte au Théâtre des Champs-Elysées: pourquoi s’en plaindrait-on? Ces concerts qui, hier, ont pu associer Haydn à Mozart ou Chopin à Mendelssohn, ont également permis au public parisien, voilà maintenant quatre ans, d’écouter Christian Zacharias diriger du piano l’intégrale des Concertos de Beethoven (1770-1827). Ce soir, point d’intégrale mais un programme relativement original qui, même s’il comporte une œuvre phare du maître de Bonn (le Cinquième Concerto), donne à entendre une grande partie, à défaut de l’intégralité, du ballet Les Créatures de Prométhée, œuvre dont on ne donne généralement que l’Ouverture.


Que n’a-ton dit, que n’a-t-on écrit sur le Cinquième Concerto (1811) dont le surnom, «L’Empereur», en raison de son caractère solennel et triomphal, ne lui a été conféré, en Angleterre, que quelques années après la mort de Beethoven? En outre, quel grand pianiste ne s’est pas un jour frotté à ce sommet avec, sans citer de noms, plus ou moins de réussite? En l’espèce, Christian Zacharias, un rien dégingandé, vêtu d’une veste noire à col Mao, s’assoit rapidement à son piano et, disons-le d’emblée, livre une lecture tout à fait exceptionnelle de cette œuvre qui ne l’est pas moins. Bien que l’Orchestre de chambre de Lausanne soit relativement restreint (huit premiers violons, six seconds, quatre altos, quatre violoncelles, trois contrebasses), l’ensemble sonne magnifiquement aussi bien dans les tutti que dans les interventions solistes. Christian Zacharias, jouant sur un piano moderne et non un pianoforte, montre d’évidentes affinités avec cette pièce dont il sait, tour à tour, traduire la grandeur (à cet égard l’Allegro initial fit figure de véritable apothéose sonore) et toute la finesse avec un Adagio un poco mosso idéal, les hésitations plaintives (et voulues) du flûtiste Jean-Luc Sperissen répondant au toucher délicat de Zacharias dans une atmosphère empreinte tout à la fois de tristesse et d’apaisement. Le célèbre Allegro ma non troppo offrit une superbe conclusion à une interprétation de très haut vol qui fut très justement saluée par un public conquis. En bis, Christian Zacharias interpréta la superbe Sonate K. 55 de Domenico Scarlatti, un de ses compagnons de voyage les plus fidèles: là aussi, moment privilégié de musique et d’intelligence...


Après le très connu, voici venu le temps du partiellement très connu avec le ballet Les Créatures de Prométhée, composé en 1801 à l’attention d’un spectacle organisé par le chorégraphe Salvatore Viganò (1769-1821). Bien que la partition s’avère très riche dans les couleurs, les atmosphères ou l’emploi des instruments (la harpe dialogue avec le violoncelle dans l’Adagio – Andante quasi Allegretto, le cor de basset s’offre un long solo dans le très bel Andante Solo della Cassentini – Adagio – Allegro), on n’en connaît véritablement que l’Ouverture: aussi ne peut-on que saluer l’idée de Christian Zacharias et de l’Orchestre de chambre de Lausanne de nous offrir ce soir une quasi-intégrale du ballet. Là encore, on admire la dextérité des solistes (mention spéciale, compte tenu des interventions précédemment mentionnées, au clarinettiste Julien Chabod et au violoncelliste Joël Marosi) ainsi que le sens de la nuance et de la finesse chez Christian Zacharias: il aborde ainsi chaque séquence avec un regard neuf, conférant par exemple au premier Allegro vivace une tonalité digne d’une valse de Johann Strauss – sans que cela soit hors de propos, bien au contraire – ou donnant à l’Adagio – Allegro molto une urgence dramatique extrêmement prenante.


Très chaleureusement applaudis, Zacharias et les siens offrirent en bis une Ouverture de Coriolan un peu trop rapide, qui n’en conclut pas moins de la plus belle manière une magnifique soirée.


Le site de Christian Zacharias
Le site de l’Orchestre de chambre de Lausanne



Sébastien Gauthier

 

 

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