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Recherche orchestre désespérément

Versailles
Opéra royal
12/19/2010 -  et 15 (Paris), 23 (Luzern) décembre 2010
Gioacchino Rossini : L’italiana in Algeri: Ouverture et airs «Cruda sorte» et «Pensa alla patria» – Il barbiere di Siviglia: Ouverture et air «Una voce poco fa» – La scala di seta: Ouverture – Giovanna d’Arco – Il Signor Bruschino: Ouverture – La donna del lago: air «Mura felici»

Vivica Genaux (mezzo-soprano)
Kammerorchester Basel, Attilio Cremonesi (direction)


V. Genaux (© Virgin Classics/Harry Heleotis)


Plus que jamais, le surnom donné par certains magazines à Vivica Genaux, «la cantatrice qui venait du froid», méritait d’être rappelé! La jeune femme, originaire d’Alaska, n’a certes pas dû trop en souffrir mais toujours est-il que, en cette fin d’après-midi, c’est un ciel bien gris et un vent glacial qui accueillent le public sur la place d’Armes et qui nimbent le château de Versailles d’un climat indéniablement hivernal, la neige tombée les jours précédents sur la région parisienne n’ayant d’ailleurs pas encore fini de fondre. Heureusement, pense-t-on, la musique de Gioacchino Rossini (1792-1868) a tout pour réchauffer l’atmosphère! On en sera pourtant pour ses frais tant ce récital, donné quelques jours auparavant au Théâtre des Champs-Elysées, aura laissé un goût d’inachevé et, somme toute, de relative indifférence.


Le programme avait pourtant tout pour plaire en cette période de fêtes de fin d’année: des ouvertures célèbres, des airs non moins connus qui permettent de retrouver les grandes héroïnes que sont Isabella ou Rosine, une chanteuse qui a acquis sa notoriété dans le répertoire belcantiste et tout spécialement rossinien (quelques mois après l’avoir donné à Paris, elle chantera d’ailleurs de nouveau le rôle-titre d’Isabella en mai 2011 à l’Opéra de Vienne sous la direction de Bruno Campanella)... Alors pourquoi cette déception? Tout simplement, mais ce n’est pas le moindre inconvénient, en raison d’un orchestre qui n’est pas à la hauteur de ce qu’exige la musique du compositeur piémontais. L’Orchestre de chambre de Bâle, qui a déjà pu nous décevoir en concert dans un répertoire qui lui est pourtant plus familier (voir ici), a également eu l’occasion de montrer son peu d’affinité avec la musique postérieure à la fin du XVIIIe siècle (voir ici). Il est vrai que la faible ampleur des cordes (une vingtaine seulement) engendre une inévitable sécheresse, renforcée par une justesse et une mise en place trop souvent approximatives. Quant aux vents, force est de constater qu’ils ne sont pas davantage à la fête! Qu’il s’agisse des cors (dont les fautes et l’approximation des attaques émaillent presque chacune des pièces, tout particulièrement dans l’Ouverture de L’Echelle de soie), des bois (au timbre souvent vert et aux ornementations interprétatives bien souvent inutiles) ou même des percussions, l’interprétation générale s’avère totalement lisse, l’humour et la chaleur étant généralement absents de la première à la dernière note (ainsi, pour ne prendre qu’un exemple, les coups d’archets sur les pupitres dans l’Ouverture d’Il Signor Bruschino sont faits avec une application qui confine à l’ennui d’autant que les six premiers violons subissent dans le même temps une réelle baisse de tension). La faute vient de l’orchestre mais également de son chef, Attilio Cremonesi. Sa battue régulière voire martiale, exempte de tout rubato, handicapée par des génuflexions incessantes qui doivent plus troubler qu’aider les musiciens, alterne rigueur du trait et, paradoxalement, innovations de plus ou moins mauvais goût. Qu’est-il besoin, face à des partitions aussi bien ciselées, de faire un ralenti là où ce n’est pas nécessaire (l’Ouverture de L’Italienne à Alger) ou de multiplier les appogiatures rendant inutilement ampoulé un discours qui, bien au contraire, gagnerait à être plus fluide (l’Ouverture du Barbier de Séville)?


Faute de véritable partenaire, que peut faire Vivica Genaux? Elle suscite, comme maintenant à chacune de ses apparitions, l’adhésion du public mais elle ne peut pour autant transformer totalement l’essai. Ses qualités vocales ne sont pas en cause même si certains aigus sont un peu trop poussés: de manière générale, elle se tire avec une déconcertante facilité de toutes les chausse-trappes tendues par Rossini, alignant les vocalises avec une adresse et une musicalité indéniables. A cet égard, elle séduit tout particulièrement dans la cantate Giovanna d’Arco (1832), partition (initialement destinée à la voix et au piano avant d’être orchestrée) composée par Rossini à l’attention de sa seconde épouse Olympe Pélissier, femme du monde qui fut une des liaisons d’Honoré de Balzac et qui fut également la modèle préférée du peintre Horace Vernet. La rareté de son interprétation a permis à Vivica Genaux de séduire le public par la variété des climats suscités par une pièce longue d’une vingtaine de minutes, rehaussée par une partition fort riche pour l’orchestre (notamment les clarinettes dans le passage «Non han scampo»). Pour le reste, le choix de Vivica Genaux suscite moins l’enthousiasme du seul fait que les airs interprétés sont parmi les plus célèbres de Rossini ce qui, même s’il est toujours agréable de les entendre, ne contribue pas beaucoup à renouveler le discours...


En guise de bis, la jeune mezzo interprète là aussi une page célèbre qui n’est autre que la scène finale de La Cenerentola, rôle fétiche qu’elle a tenu voilà quelques mois sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées (voir ici): les applaudissements sont certes présents mais, compte tenu de l’affiche, on aurait pu s’attendre à davantage d’enthousiasme. En sortant de l’Opéra royal, la nuit est tombée: il fait toujours aussi froid...


Le site de Vivica Genaux
Le site de l’Orchestre de chambre de Bâle



Sébastien Gauthier

 

 

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