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La petite sœur de Lang Lang

Paris
Salle Pleyel
12/08/2010 -  et 9* décembre 2010
Carl Maria von Weber: Oberon, J. 306: Ouverture
Serge Rachmaninov: Rhapsodie sur un thème de Paganini, opus 43
Richard Strauss: Till Eulenspiegels lustige Streiche, opus 28 – Der Rosenkavalier, opus 59: Grande suite

Yuja Wang (piano)
Orchestre de Paris, Juraj Valcuha (direction)


Y. Wang (© Felix Broede)


Elève de l’incontournable Ilya Musin à Saint-Pétersbourg, Juraj Valcuha (né en 1976), qui est par ailleurs compositeur, exerce depuis novembre 2009 les fonctions de direttore principale de l’Orchestre symphonique national de la RAI (Turin), mais il est déjà assez bien connu du public français: étudiant à partir de 1998 avec Janos Fürst au Conservatoire de Paris (qu’il a retrouvé en 2006), puis chef assistant à Montpellier de 2003 à 2005 (voir ici et ici), il a déjà à plusieurs reprises dirigé les principales formations de la capitale (National, Philhar’, Ensemble orchestral en 2008 et 2009, National d’Ile-de-France en 2004 et 2005). Pour ses débuts à l’Orchestre de Paris, il commence par l’Ouverture d’Obéron (1826) de Weber, faisant contraster une introduction lente d’esprit chambriste avec une section principale pleine de couleurs et d’énergie, menée avec fermeté et autorité, parfois même trop carrée et peut-être aussi lestée par un effectif très fourni.


Pianiste originaire de Chine, au jeu volontiers survolté qui, à vingt-trois ans, a déjà gravé deux disques pour la prestigieuse marque à l’étiquette jaune (voir ici): Lang Lang? Non, c’est de Yuja Wang qu’il s’agit: invitée en récital dans le cadre de «Piano ****» depuis deux saisons (et à nouveau dès le 14 décembre prochain pour un programme Rachmaninov/Schubert/Scriabine), elle se produit ici pour la première fois en concerto à Paris – après une occasion manquée en juin dernier, en raison de l’annulation du concert qu’elle devait donner avec Claudio Abbado. Comme son célèbre aîné et compatriote, elle séduit au premier abord par son tempérament volcanique et sa précision diabolique, son abattage et sa puissance, qui propulsent comme un tourbillon les premières variations de la Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) de Rachmaninov, soutenues par un orchestre que la direction du chef slovaque chauffe à blanc. Mais le doute ne tarde pas à s’installer: quand la tension retombe, que reste-t-il de ce piano qui, certes, se refuse aux excès de maniérismes dont Lang Lang était autrefois coutumier, mais qui ne parvient pas à se départir d’une sonorité assez pauvre, sèche et froide, laissant peu de place au mystère, à la poésie ou au chant, même dans la fameuse dix-huitième variation?


Les bis viennent hélas confirmer ce sentiment, sans compter cette manière de saluer avec une vigueur telle qu’elle donne à chaque fois l’impression que va se fracasser la tête sur le bord du clavier: les «Etincelles», sixième des Huit Morceaux caractéristiques (1886) de Moszkowski, crépitent de façon tout autant spectaculaire et brillante que vaine et creuse, mais quand il ne s’agit plus d’en mettre plein la vue avec des amusettes virtuoses, les choses se gâtent, aussi bien dans un arrangement de la «Danse des esprits bienheureux» extraite d’Orphée et Eurydice (1762) de Gluck que dans la Vocalise (1915) de Rachmaninov, expédiés sans grâce ni lyrisme.


Seconde partie entièrement straussienne, s’ouvrant sur un Till l’espiègle (1895) farceur et truculent, aux épisodes fortement caractérisés, fourmillant de détails et de surprises, le tout avec un tantinet de raideur, mais servi par de beaux soli de Benoît de Barsony au cor et Olivier Derbesse à la petite clarinette. La Grande suite du «Chevalier à la rose» (1910/1946) a également tendance à rouler des mécaniques, mais il n’y a pas forcément de mal à se faire du bien dans cette musique: le chef se fait plaisir, l’orchestre en prend aussi, visiblement heureux de travailler avec lui, et le public n’est certainement pas en reste: s’il ne manque ni d’éclat, ni d’opulence, ce Strauss pas très souple dans ses valses apparaît néanmoins plus bavarois que viennois.


Le site de Yuja Wang



Simon Corley

 

 

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