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Une Italienne au charme fou

Lausanne
Salle Métropole
11/26/2010 -  et 28* novembre, 1er, 3 décembre 2010
Gioacchino Rossini: L’Italiana in Algeri

Anna Bonitatibus (Isabella), Lawrence Brownlee (Lindoro), Luciano Di Pasquale (Mustafà), Riccardo Novaro (Taddeo), Alexandre Diakoff (Haly), Elizabeth Bailey (Elvira), Antoinette Dennefeld (Zulma)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (chef de chœur), Orchestre de Chambre de Lausanne, Ottavio Dantone (direction musicale)
Emilio Sagi (mise en scène), Javier Ulacia (assistant à la mise en scène), Enrique Bordolini (décors), Renata Schussheim (costumes), Eduardo Bravo (lumières)


(© Marc Vanappelghem)


Une jeune femme à la taille fine, élégamment vêtue, coiffée d’un large chapeau noir et posée sur de hauts talons rouges, s’avance sur scène et attire immédiatement tous les regards. Séduisante en diable, espiègle et malicieuse, elle joue les vamps façon Cinecittà des années 1950, séductrice, aguicheuse juste ce qu’il faut, mais sans une once de vulgarité. L’Isabella de L’Italienne à Alger présentée à Lausanne dégage un charme fou et fait visuellement forte impression. Et il lui suffit de quelques notes pour gagner la partie aussi sur le plan musical: styliste hors pair, parfaitement à l’aise dans les vocalises, elle déploie un timbre pulpeux aux accents sensuels et capiteux, avec un médium particulièrement riche ainsi qu’un raffinement dans la ligne de chant qui n’est pas sans rappeler... Teresa Berganza. Anna Bonitatibus – puisque c’est d’elle qu’il s’agit – s’affirme comme la mezzo rossinienne qui monte, comme le prouve aussi le récent CD qu’elle vient de consacrer au compositeur de Pesaro. On comprend que le bey tombe instantanément amoureux et que Lindoro ne rêve que de la serrer dans ses bras.


Un Lindoro qui a les traits de Lawrence Brownlee et qui, comme à Paris en septembre (lire ici), éblouit par l’élégance de son phrasé et l’aplomb de ses vocalises. Luciano Di Pasquale campe un Mustafa truculent, qui ne tombe jamais dans la caricature, à la musicalité solide à défaut d’être élégante, se tournant vers ses trains électriques et ses miniatures de monuments italiens lorsqu’Isabella le délaisse. On retiendra également l’excellente performance de Riccardo Novaro en Taddeo de grande tenue scénique et vocale. Tous les comprimari évoluent aux mêmes sommets, ce qui en dit long sur la distribution réunie ici. Dans de splendides lumières alternant les couleurs du drapeau italien, Emilio Sagi a conçu (en coproduction avec Santiago du Chili et Bilbao) un spectacle pétillant d’humour et de vivacité, et qui, malgré l’alignement de trouvailles et de gags (par exemple, au lever de rideau, les eunuques à la poitrine généreuse et aux formes arrondies) ne se départit jamais de sa légèreté, à l’image des nombreux ballons qui remplissent le plateau. Le bonheur vient aussi de la fosse, où Ottavio Dantone tient solidement les rênes d’un Orchestre de Chambre de Lausanne en grande forme, offrant une lecture aérienne mais néanmoins précise et vive, avec une belle palette de couleurs et de nuances, rendant pleinement justice à la verve de la partition de Rossini. On l’aura compris, rien ne manque pour faire de cette Italienne une réussite sur tous les plans, ce qui, il faut bien le dire, est plutôt rare à l’opéra.



Claudio Poloni

 

 

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