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Vienne au plus bas

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/27/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Symphonies n°1 en ut majeur, opus 21, n° 2 en ré majeur, opus 36 et n° 3 en mi bémol majeur, opus 55
Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)


C. Thielemann (© D. R.)


La Philharmonie de Vienne, ces sonorités sans rondeur, ces cordes sans homogénéité, ces attaques approximatives ou décalées ? On a du mal à reconnaître l’illustre phalange entendue cet été à Salzbourg. De toute façon, elle semble toujours mieux jouer là-bas qu’à Paris… Il n’est pas sûr non plus que Christian Thielemann, dont les Wagner, les Bruckner ou les Strauss nous ont souvent transportés, se trouve, avec Beethoven, dans son élément. La Première Symphonie prend des proportions excessives : Allegro con brio initial moins léger que martial, Andante plus laborieux que subtil, notamment pour la coda, Menuet surdimensionné, seul le Finale témoignant de la vivacité attendue. Le problème n’est pas que le chef reste – comme un Riccardo Muti – sourd aux sirènes de la philologie : on lui demande seulement de faire pétiller une symphonie où souffle encore l’esprit de Haydn. La Deuxième Symphonie laisse mieux augurer de la suite, malgré les raideurs de la direction et les instabilités de l’orchestre : une espèce de furia secoue l’Allegro con brio, le Larghetto suit son chemin, même si l’on a entendu à la Philharmonie des bois autrement plus séduisants, le Scherzo s’impatiente, le Finale avance irrésistiblement. La Symphonie se pare aussi d’une grandeur qui, pour un peu, en ferait une Héroïque avant l’heure. De quoi devenir optimiste pour l’opus 55.


On déchante vite : l’Allegro con brio s’avère plus brutal que grandiose, laissant l’orchestre à la traîne et à la peine, pâtissant surtout d’une absence totale de maîtrise formelle, notamment dans l’agogique. La Marche funèbre pèse des tonnes ; le passage fugué exacerbe les tensions à l’excès, comme si le chef se posait en successeur – au rabais – de quelque Furtwängler ; le mouvement, heureusement, se couronne d’une coda d’une grande beauté plastique. Après un Scherzo gâché par des cors déficients, le Finale révèle les mêmes défauts que le premier mouvement : le chef alourdit et déstructure les variations, avec une instabilité agogique aggravée. Encore une fois, cela ne relève pas d’un mépris de l’Urtext ou d’un attachement à la tradition : certains anciens, à côté, paraissent infiniment plus modernes. On attendait beaucoup de cette intégrale Beethoven : Thielemann et les Viennois ont une dette envers nous.



Didier van Moere

 

 

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