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Peut mieux faire...

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
11/24/2010 -  et 2 décembre 2010 (Berlin)
Ludwig van Beethoven : Symphonies n° 6 « Pastorale » en fa majeur, opus 68, et n° 7 en la majeur, opus 92

Wiener Philharmoniker, Christian Thielemann (direction)




L’intégrale des symphonies de Ludwig van Beethoven (1770-1827) a déjà été donnée à Vienne par l’Orchestre philharmonique, sous la direction de Christian Thielemann, en avril 2010; une série de DVD va d’ailleurs être prochainement commercialisée, l’ensemble des concerts ayant été filmé. Depuis, la Septième (sous la direction de Nikolaus Harnoncourt à Lucerne puis à New York au mois de septembre) et l’Héroïque (sous la baguette de Georges Prêtre dans le cadre d’une tournée au Japon au début du mois de novembre) ont également figuré au programme de l’orchestre qui, après Paris, donnera de nouveau l’intégralité des symphonies à Berlin, du 1er au 5 décembre. Après une première soirée décevante où furent jouées les Quatrième et Cinquième symphonies (voir ici), voici donc le deuxième concert donné par l’Orchestre philharmonique de Vienne au Théâtre des Champs-Elysées dans le cadre de cette intégrale parisienne. Au programme, deux des symphonies les plus connues: les Sixième et Septième.


Le dernier souvenir de la «Pastorale» par le Philharmonique avait été désastreux, conduite par un Lorin Maazel sans imagination, généreux en lourdeurs et effets faciles, servi de surcroît par un orchestre en petite forme (voir ici). Tel ne fut pas le cas ce soir, Christian Thielemann ayant dirigé une version non dénuée d’atouts. En premier lieu, on doit rendre hommage à l’orchestre: rien à voir avec la prestation de la veille. D’emblée, le Philharmonique de Vienne déploie une puissance et une beauté sonores qui forcent l’admiration, les cordes bénéficiant d’une ampleur décuplée avec l’entrée des huit contrebasses dans l’Allegro ma non troppo, le timbre des clarinettes s’avérant quant à lui plus velouté que jamais. Tenant toujours sa baguette par le pommeau, du bout des doigts, Thielemann se montre très attentif à l’équilibre de l’ensemble mais reste fidèle à son antienne consistant à adopter des tempi généralement trop retenus, la symphonie s’avérant donc globalement massive même si elle offrit quelques beaux moments. Quelle finesse dans le deuxième mouvement (Andante molto mosso), où brillent Dieter Flury à la flûte et Clemens Horak au hautbois dans un duo exceptionnel! Aussi, face à de telles réussites, ne comprend-on pas que, sur une même lancée, Thielemann se montre capable d’adopter le tempo idoine, comme ce fut le cas dans un vigoureux Allegro (saluons à ce titre Wolfgang Tomböck et Sebastian Mayr, les deux magnifiques cornistes!), pour, aussitôt, retomber dans ses travers en abordant l’orage (Allegro) avec un excès de sagesse, le fracas et la peur restant dans un lointain horizon: on reste à mi-chemin de ce qui aurait pu être une très bonne interprétation de cette symphonie. Cela dit, soyons juste: si on entend là une version qui, avec ses lourdeurs et ses défauts, approche les cinquante minutes, on entend surtout une symphonie qui est interprétée avec une suprême élégance, marque de fabrique d’un orchestre qui, il vient de le prouver, reste bien un des meilleurs du monde.


A l’instar de ce qui s’était passé la veille, l’Orchestre philharmonique de Vienne renouvela ses effectifs à la marge, accueillant notamment ses solistes Wolfgang Schulz et Martin Gabriel, pour aborder la seconde partie du concert. La Septième Symphonie avait déjà été choisie par Christian Thielemann lors de son précédent concert parisien à la tête du Philharmonique, alors couplée à la très belle Huitième (voir ici). Un an après, la conception du chef n’a pas fondamentalement changé et, de ce fait, les mêmes remarques peuvent être énoncées. Globalement, les tempi adoptés sont moins lents qu’on aurait pu le craindre mais l’approche demeure massive et compacte. Les cordes du Philharmonique de Vienne s’avèrent toujours aussi époustouflantes même si, notamment lors de la transition entre le Poco sostenuto et le Vivace au sein du premier mouvement, on entend parfois un léger manque de cohésion au sein du pupitre des premiers violons. Le fameux Allegretto est appréhendé de façon grandiose alors que l’indication métronomique requiert qu’il soit joué plus rapidement: le charme opère mais sans toujours beaucoup de conviction, Thielemann variant trop les tempi au sein d’une même section. Même si certains passages sont joués trop lentement, le Scherzo est sans aucun doute le meilleur moment de cette symphonie, l’orchestre abordant la partition avec une énergie et un enthousiasme dionysiaques. Il est d’autant plus dommage que Christian Thielemann ne tienne pas la longueur dans le dernier mouvement dont les dernières mesures, prises à une vitesse effrénée, se concluent par une ovation générale (sans que celle-ci soit pour autant «récompensée» par un bis...). La marge de progression est donc certaine: parions que les deux autres volets de cette intégrale verront le Philharmonique de Vienne prouver sa valeur de façon encore plus éclatante.



Sébastien Gauthier

 

 

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