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Cuisine à l’ancienne

Paris
Opéra Comique
11/05/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Le nozze di Figaro, K. 492: Ouverture – Concerto pour piano n° 9 «Jeunehomme», K. 271 – Symphonie n° 41 «Jupiter», K. 551

Philippe Cassard (piano)
Orchestre philharmonique de Radio France, Neville Marriner (direction)


N. Marriner (© Star Fotos/Horst Maack)


Depuis plusieurs années, la saison de l’Opéra Comique, en raison de l’exécution d’un schéma de rénovation au long cours de la salle Favart, ne débute que tardivement: comme en 2009, il a ainsi fallu attendre le 5 novembre. Et encore – car les «choses sérieuses» ne commenceront que dans quelques semaines, avec la reprise de Cadmus et Hermione de Lully (voir ici). A la veille d’un programme «Armide dans tous ses états» donné par Les Arts florissants, la soirée inaugurale consiste, comme l’an passé, en un programme monographique confié à un orchestre de Radio France et à un vétéran anglais de la baguette: après Berlioz, sir Colin Davis et le National (voir ici), place à Mozart, à sir Neville Marriner et au Philharmonique.


Le fondateur et life president de l’Académie de St Martin in the Fields n’était pas venu à Paris depuis six ans – c’était déjà avec le Philharmonique. L’orchestre abordera à nouveau le répertoire classique à Favart en janvier avec Frans Brüggen et en juillet avec Ton Koopman, mais c’est évidemment d’une toute autre école interprétative qu’il s’agit ici. A 86 ans, toujours affable et droit comme un I, Marriner s’est certes un peu mis au goût du jour – cors, trompettes et timbales à l’ancienne, effectif réduit (26 cordes) et vibrato limité – mais l’Ouverture des Noces de Figaro (1786), comme en écho à la reprise de la mise en scène de Strehler actuellement à l’affiche de l’Opéra Bastille, n’annonce guère la «folle journée» de Beaumarchais.


Dans le Neuvième Concerto «Jeunehomme» (1777), Philippe Cassard offre ensuite le meilleur moment de ce concert. Il n’a pas de peine à se détacher et à s’imposer face à un accompagnement à la papa (ou à la papy), d’une prévisibilité compassée et convenue: bondissant et inventif, vigoureux et impétueux, non sans raideur dans l’Allegro initial, il trouve davantage ses marques dans le poignant Andantino, plus souple et expressif, et conclut à vive allure sur un brillant Presto, interrompu par un Menuet dépourvu de mièvrerie. Et ce n’est pas à la légère qu’il aborde en bis le premier mouvement de la Quinzième Sonate (1788): dite parfois «facile», elle l’est assurément d’un simple point de vue technique, mais non moins redoutable d’exécution. Et comme les spectateurs en redemandent, le pianiste français poursuit avec l’Andante de la même sonate.


Marriner s’est notamment fait une réputation grâce à ses enregistrements mozartiens – c’est d’ailleurs lui qui a dirigé la bande originale d’Amadeus de Forman. L’apparition de la nouvelle cuisine puis de la cuisine moléculaire n’a pas forcément ôté l’envie de revenir de temps à autre à la tradition des années 1950 et aux plats en sauce. Mais ce qui vaut en gastronomie ne vaut pas nécessairement en musique, à en juger par une Quarante-et-unième Symphonie «Jupiter» (1788) sans surprise, d’une prudence inattaquable dans sa recherche constante du juste milieu. Martiale à l’occasion, elle demeure toutefois essentiellement débonnaire, tiède et académique, manquant de rebond et s’en tenant à des tempos plus que modérés, à l’exception du Menuet, enfin vif et savoureux. L’impression est d’autant moins favorable que l’acoustique reste redoutablement rétive à la fusion des timbres et ne pardonne pas la moindre approximation.


Plaçant sa baguette entre les dents avant de s’en servir pour menacer le premier violon Elisabeth Balmas qui refuse de se lever pour prendre sa part aux applaudissements, Marriner se prête à un cabotinage digne de Georges Prêtre, son cadet de quatre mois: après un nombre minimal de rappels, il incite les musiciens à le suivre pour rejoindre les coulisses, reste au fond pour saluer ou embrasser un à un ceux qui sortent côté jardin et, faisant mine d’être surpris que les applaudissements se prolongent, revient seul à l’avant-scène pour recevoir à nouveau une ovation.



Simon Corley

 

 

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