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Les ogres du quatuor

Paris
Auditorium du Louvre
11/04/2010 -  
Joseph Haydn : Quatuor n° 63 «Lerchenquartett», opus 64 n° 5
Béla Bartók : Quatuor n° 4, sz. 91
Leos Janácek : Quatuor n° 2 «Listy dùvĕrné»
Franz Schubert : Quatuor n° 14 «Der Tod und das Mädchen», D. 810

Quatuor Pacifica: Simin Ganatra, Sigurbjörn Bernhardsson (violon), Masumi Per Rostad (alto), Brandon Vamos (violoncelle)


Le Quatuor Pacifica (© Robin Holland)


Déjà invité en janvier 2009 aux concerts du jeudi (midi) du Louvre (voir ici), le Quatuor Pacifica, né voici seize ans, comme son nom l’indique, sur la côte Ouest des Etats-Unis, a cette fois-ci l’honneur du mercredi soir. La formation américaine se présente avec un programme géographiquement (l’Europe centrale) sinon chronologiquement (du XVIIIe au XXe) homogène, mais qui frappe surtout par son caractère pantagruélique: près de deux heures de musique! Il n’y a toutefois pas lieu de s’en plaindre, tant c’est généralement le contraire qui est à déplorer.


Comme l’année dernière, ils débutent par le Soixante-troisième quatuor «L’Alouette» (1790) de Haydn: comme des héritiers des Amadeus, ils cultivent un style volontiers apprêté, avec ce legato velouté et ces petits clins d’œil – si délicieux, n’est-ce pas, mais un tantinet trop appuyés. Quelques difficultés d’intonation des violons et un alto un peu en retrait ne remettent cependant pas en cause la cohésion de l’ensemble: difficile de résister à un Menuet très enlevé et à un Finale fort bien mis en place.


Répertoire ô combien différent, mais même souci d’arrondir les angles dans le Quatrième Quatuor (1928) de Bartók, pourtant le plus âpre et le plus aventureux des six du compositeur hongrois. Le travail instrumental est ici aussi d’une remarquable qualité, même s’il ne surprend pas de la part de musiciens qui se sont fait un nom notamment grâce à leur interprétation des Quatuors de Carter: plein d’allant et d’énergie, le spectaculaire Allegro molto final semble ne leur poser aucun problème. Mais à l’image du violoncelle lyrique et passionné de Brandon Vamos, qui se détache de façon éclatante dans le Non troppo lento central, l’œuvre paraît moins rugueuse qu’à l’accoutumée.


Exactement contemporain, le Second Quatuor «Lettres intimes» (1928) de Janácek laisse une impression assez similaire: un sens théâtral indéniable, mais une atmosphère plus viennoise que morave: là où certains accentuent les manifestations extrêmes du sentiment amoureux, jusqu’au cri final, le Quatuor Pacifica soigne la sonorité et préfère les tournures aimables, voire suaves.


Après cette monumentale première partie, l’entracte ne dure qu’un quart d’heure et il reste encore le Quatorzième Quatuor «La jeune fille et la mort» (1824) de Schubert. Mais ces ogres du quatuor n’en font qu’une bouchée, se plaisant à souligner les inflexions dramatiques de l’Allegro initial (sans sa reprise) au prix de quelques concessions un peu maniérées. Dans l’Andante con moto à variations, le violoncelle confirme son impeccable tenue, mais les deux derniers mouvements, sans rage, folie ni réelle urgence, corroborent le sentiment que la volonté de maîtrise technique l’emporte sur l’expression d’une personnalité.


Le site du Quatuor Pacifica



Simon Corley

 

 

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