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Symphony Hall
10/22/2010 -  & 23 et 24 Octobre
Sir William Schwenck Gilbert & Sir Arthur Seymour Sullivan: The Pirates of Penzance

Sarah Jane McMahon (Mabel), Brian Anderson (Frederic), Curt Olds (Pirate King), Stephen Condy (Major-General), Craig Phillips (Police Sergeant), Korby Myrick (Ruth), Kevin Wetzel (Sam), Rebecca Sjöwall (Edith), Stephanie Foley (Kate)
Orchestre, choeur, et ballet du Arizona Opera, Henri Venanzi (chef du chœur), Melissa Lowe (chorégraphie), Joel Revzen (direction musicale)
David Ira Goldstein (mise en scène), Doug Provost (lumières), Chris Clapp (décors), AT Jones & Sons (costumes)


(© Tim Fuller/Courtesy of AZO)


À l'heure où Paris se grise dans un tintamarre d'idées et de talents, Offenbach, et d'autres, s'efforcent de faire oublier les affres d'un Second Empire guerrier, absolutiste et peu enthousiasmant. Le même phénomène semble se dérouler à Londres. Malgré l'enviable Pax Britannica, la très vertueuse Angleterre victorienne a elle aussi besoin de se divertir. C'est ce que favorisent, entre autres, William S. Gilbert (librettiste) et Arthur S. Sullivan (compositeur), auteurs d'opérettes (mais aussi d'opéras) qui font aujourd'hui encore le bonheur du public anglophone (les œuvres de Gilbert et Sullivan ont été créées aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande etc. où elles sont régulièrement données). En tout, une collaboration de presque trente ans, avec quatorze opérettes à la clé : H.M.S. Pinafore, The Pirates of Penzance, The Mikado, The Gondoliers (toutes disponibles en DVD) pour ne citer que les principales. Franz Lehar, Johann Strauss-fils, Karl Millöcker ont fait un pas (pour ce dernier, très petit) au delà des Alpes, Offenbach a traversé la Manche et l'Atlantique, mais Gilbert et Sullivan sont quasiment inconnus en territoire francophone. On le regrette: leurs opérettes sont bien écrites, et verve et humour - toujours de bon goût, évidemment - y abondent.


Le 31 décembre 1879 The Pirates of Penzance (Penzance est une ville de Cornouaille) sont créés à New York. L'opérette raconte l'histoire de Frédéric, apprenti dans une bande de pirates au cœur tendre, et de Mabel, jeune fille dont il tombe instantanément amoureux. Le «contrat d'apprentissage» prévoit que Frédéric peut quitter la flibuste pour une vie plus respectable le jour de son vingt-et-unième anniversaire. Las, on s'aperçoit qu'il est né un 29 février et ne célèbre son anniversaire que tous les quatre ans. Et voilà que l'apprentissage devrait être prolongé de... soixante-trois ans. Mabel n'attendra en fait que quelques heures et le rideau tombe sur la célébration du mariage dans l'euphorie générale et sous le regard altier mais bienveillant de Sa Très Gracieuse Majesté la Reine Victoria qui semble se pincer les lèvres pour ne pas sourire.


Cette production signée David Ira Goldstein qui lève le rideau sur la saison 2010/2011 du Arizona Opera est en tous points digne de la solide réputation des Pirates of Penzance. Le rythme est haletant et tous les ingrédients de la réussite sont réunis: une mise en scène adroite ou l'humour le dispute au cocasse et où pas un instant n'est perdu, des costumes spectaculaires et colorés, un décor élaboré, une chorégraphie bondissante émaillée de trouvailles comiques, sous les éclairages savants de Doug Provost.



La troupe fait preuve d'homogénéité, tant par la qualité de l'exécution musicale que par les talents de comédiens des chanteurs.



Dans son uniforme de cérémonie rouge, tout chamarré de médailles et de cordons, le baryton Stephen Condy est un irrésistible Major-General. Son redoutable air d'entrée «I am the very model of a modern Major-General» - sans doute l'air le plus connu des opérettes de Gilbert et Sullivan - avec une articulation trépidante qui rend l'exercice très ardu, est interprété avec un vrai bonheur.
Curt Olds campe un roi des pirates haut en couleurs, fougueux à souhait, tentant vainement de dissimuler sa bonté sous des airs féroces. Il rend par ailleurs justice à son air «Oh, better far to live and die».
Sarah Jane McMahon est ravissante dans le rôle de Mabel. Non seulement sa voix possède l'agilité requise, mais la chanteuse fait merveille dans un grand écart irréprochable qui conclut l'air «Poor wandering one» ou encore dans une acrobatique sortie de scène où elle exécute trois grandes roues qui laissent le public pantois.
Dans le rôle de Ruth, Korby Myric est tout à fait à sa place, elle déborde d'énergie et sa sombre voix de mezzo ne manque pas d'intérêt.
Brian Anderson est un Frédéric attachant et sa voix de ténor au timbre gracieux n'a aucune difficulté à franchir la fosse.
Les rôles secondaires sont eux-aussi tenus avec brio: Stephanie Foley Davis (Kate), Craig Philipps (Police Sergeant), Rebecca Sjöwall (Edith), et Kevin Wetzel (Sam).



Le chœur et le corps de ballet du Arizona Opera sont au meilleur niveau, tandis que dans la fosse Joel Revzen est le chef expérimenté, solide, attentif que l'on connaît, peut-être un rien trop sérieux dans ce répertoire où l'on aurait aimé que ces pages brillantes fussent servies avec un peu plus d'emballement. L'orchestre joue bien et répond sans sourciller à la fermeté de son chef.



Cette remarquable production augure bien du reste de la saison (Carmen, Turandot, Otello, Die Entführung aus dem Serail) où tout le lustre sera vraisemblablement donné pour marquer avec éclat le quarantième anniversaire du Arizona Opera.



Joyeux anniversaire!



Christian Dalzon

 

 

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