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Une belle découverte

Zurich
Opernhaus
09/18/2010 -  et 22, 24, 26, 28* (Genève, Victoria Hall, version de concert), 30 septembre, 3, 6, 8 octobre 2010
Georges Bizet: Les Pêcheurs de perles
Malin Hartelius (Leila), Javier Camarena (Nadir), Franco Pomponi (Zurga), Pavel Daniluk (Nourabad)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (direction), Orchestre de l’Opernhaus, Carlo Rizzi (direction musicale)
Jens-Daniel Herzog (mise en scène), Mathis Neidhardt (décors), Sybille Gädeke (costumes), Jürgen Hoffmann (lumières)


M. Hartelius
(© Suzanne Schwiertz, photo d’une représentation scénique à Zurich)



Le directeur de l’Opernhaus de Zurich, Alexander Pereira, a une prédilection pour l’opéra français. Avant de partir pour Salzbourg, il a tenu à présenter Les Pêcheurs de perles de Bizet, un ouvrage rarement à l’affiche des théâtres lyriques, éclipsé par le tube qu’est devenue Carmen. Et pourtant, Les Pêcheurs de perles méritent le détour. Bizet n’a que 25 ans lorsqu’il compose l’œuvre, en à peine trois mois, son premier véritable opéra après plusieurs opérettes en un acte. La création a lieu le 30 septembre 1863 à Paris. Seules 18 représentations sont programmées, avant que le titre ne tombe définitivement dans l’oubli du vivant de Bizet. Le compositeur ne s’est jamais offusqué de cette situation et n’a guère cherché à susciter une reprise. Remanié par deux fois à titre posthume (1885 et 1893), l’opéra ne retrouvera sa forme originale que durant la deuxième moitié du XXe siècle, soit 100 ans après sa création.


Malgré deux passages célèbres (la Romance de Nadir: «Je crois entendre encore» et le duo Nadir/Zurga) et quelques productions importantes (par exemple à New York en 1916 avec Caruso), Les Pêcheurs de perles ne se sont jamais vraiment imposés au répertoire, la faute peut-être à un livret confus (le triangle amoureux classique – deux hommes aimant la même femme – est ici transposé à Ceylan, exotisme oblige, avec la trahison de la prêtresse Leila, La Vestale de Spontini et la Norma de Bellini ayant servies de modèles), de surcroît traité par un jeune compositeur en devenir, n’ayant pas encore suffisamment de métier pour élaborer une psychologie musicale aussi aboutie que dans Carmen 12 ans plus tard.


Entre plusieurs représentations scéniques à Zurich, l’Opernhaus a présenté cette nouvelle production à Genève, malheureusement en version de concert «seulement», mais cette initiative n’en reste pas moins à saluer car l’ouvrage n’avait encore jamais été entendu dans la Cité de Calvin. Le triomphateur de la soirée a été le ténor mexicain Javier Camarena, qui a campé un Nadir sensible et rêveur, jamais mièvre, et dont l’air célèbre a été rendu dans un souffle de voix, avec des pianissimi éthérés qui ont ébloui toute la salle. Malin Hartelius ne lui a cédé en rien en Leila, prêtresse à la voix légère et claire, sûre dans les aigus et au soyeux sensuel, idéal pour le rôle. Le Zurga de Franco Pomponi est certes sonore et viril, mais quelque peu fruste malgré une très bonne diction française, alors que le Nourabad de Pavel Daniluk est uniformément pâle et gris. La direction de Carlo Rizzi déçoit globalement car manquant singulièrement de raffinement et d’élégance, le chef préférant les effets de manche aux nuances. Le chœur, en revanche, si important dans cet ouvrage, a fait forte impression.



Claudio Poloni

 

 

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