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Avec fougue et enthousiasme

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
09/23/2010 -  et 24, 25 septembre 2010 (Rotterdam)
Ludwig van Beethoven : Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, opus 61
Anton Bruckner : Symphonie n° 7 en mi majeur (édition Nowak)

Renaud Capuçon (violon)
Orchestre philharmonique de Rotterdam, Yannick Nézet-Séguin (direction)


Y. Nézet-Séguin (© Marco Borggreve)


Après une luxuriante Deuxième symphonie de Mahler donnée il y a quelques jours dans ce même Théâtre des Champs-Elysées (voir ici), l’Orchestre philharmonique de Rotterdam revient pour un deuxième concert, poursuivant ainsi l’hommage rendu au grand répertoire germanique en attendant un troisième concert qui, dirigé par Jukka-Pekka Saraste en avril prochain, s’aventurera plutôt dans les contrées septentrionales de l’Europe (Saariaho, Sibelius, Bartók). Ce soir, donc, ce sont deux grandes pages du répertoire que l’orchestre et son chef titulaire, Yannick Nézet-Séguin, ont choisi de donner avec, en première partie, la participation toujours appréciée par le public français du violoniste Renaud Capuçon.


Tous sont indéniablement en territoire connu. En effet, les mêmes artistes viennent d’enregistrer le Concerto pour violon de Ludwig van Beethoven (1770-1827) chez Virgin, couplé avec le Concerto de Korngold. Témoignant d’un art consommé du rubato, allégeant la pâte orchestrale, Yannick Nézet-Séguin dirige le premier mouvement avec une certaine grandiloquence dans la gestique mais avec également une évidente efficacité. La petite harmonie (où brillent notamment Julien Hervé à la clarinette et Bram van Sambeek au basson) est excellente et s’intègre parfaitement au climat volontiers primesautier souhaité par le chef. Telle n’est pas, en revanche, la conception adoptée par Renaud Capuçon. Faisant preuve d’une justesse parfois approximative (sauf dans les aigus, toujours impeccablement soignés), le violoniste français opte pour une vision plus sérieuse de cet Allegro ma non troppo, l’interprétant avec un certain détachement qui confine parfois à la froideur. Plus en accord sur le climat à instaurer, le chef et le soliste livrent ensuite un très beau Larghetto où la simplicité du jeu de Capuçon exacerbe la poésie du mouvement. Enfin, le soliste «se lâche» dans un troisième mouvement («Rondo - Allegro») où, là encore, les bois de l’orchestre font merveille: si l’on peut regretter que la cadence ait été jouée trop rapidement (faisant ainsi office de simple démonstration technique), le résultat n’en est pas moins convaincant et conclut de la manière la plus heureuse cette première partie de concert.


Anton Bruckner (1824-1896) était le second compositeur au programme. Là encore, Yannick Nézet-Séguin est en terrain familier puisqu’il a déjà enregistré les trois dernières symphonies du maître de Saint-Florian, ayant notamment gravé en public la Septième (1881-1883) à la tête de l’Orchestre métropolitain du Grand Montréal chez Atma (voir ici). En revanche, force est de constater que l’Orchestre philharmonique de Rotterdam n’entretient pas, quant à lui, d’affinités particulières avec ce compositeur même si Valery Gergiev, précédent chef titulaire de la phalange, a enregistré à sa tête les Troisième, Quatrième et Neuvième symphonies. Bien que le programme ne donne aucune précision à ce sujet (qu’il nous soit d’ailleurs permis de déplorer la brièveté des analyses des œuvres qui y sont présentées), il apparaît que Nézet-Séguin a choisi ce soir l’édition Nowak, qui fait intervenir les cymbales et le triangle dans le deuxième mouvement, contrairement à l’édition Haas qui les omet. D’entrée de jeu, les timbres du Philharmonique de Rotterdam frappent par leur plénitude, même si l’on a connu pupitres de cordes plus soyeux. Yannick Nézet-Séguin dirige le premier mouvement (qui aura occupé Bruckner pendant près de 14 mois, au cours des deux années que dura la composition!) de manière inflexible, intervenant toujours à bon escient pour mettre en valeur tel ou tel pupitre, faisant ainsi montre de véritables talents de coloriste. Adoptant un tempo volontairement large pour le célébrissime Adagio dont le thème fut lancé avec maestria par les quatre Wagner-tuben, le jeune chef canadien peine parfois à faire ressortir les grandes lignes du mouvement, celui-ci offrant davantage le visage d’une suite de séquences sans grand rapport toujours les unes avec les autres. Si l’orchestre manque également parfois de souffle pour tenir jusqu’à la note ultime les longues phrases de l’Adagio, il réussit très bien, en revanche, les deux derniers mouvements. Après un Scherzo tout en puissance (il faut voir Nézet-Séguin alimenter avec son poing gauche l’ostinato rageur des violoncelles!), l’orchestre interprète magnifiquement le Finale en dépit des nombreux changements d’atmosphère et des césures dont celui-ci est parsemé. Même si l’on aurait là encore préféré davantage de tension dans certains passages, il convient de saluer la performance personnelle et le magnétisme de Yannick Nézet-Séguin qui, à trente-cinq ans, prouve une fois encore qu’il est déjà un très grand chef.


Le site de Yannick Nézet-Séguin
Le site de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam



Sébastien Gauthier

 

 

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