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Made in Belgium Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Boeuf
09/10/2010 -
Bart Vanhecke : Danse de la terre
Henri Vieuxtemps : Concerto pour violon n°5, opus 37
César Franck : Symphonie en ré mineur
Akiko Suwanai (violon)
Orchestre national de Belgique, Stefan Blunier (direction)
Changement de direction, changement de style. Les aspects artistiques du KlaraFestival échoient à Hendrik Storme, successeur de Stéphane De Clerck qui a imposé sa marque durant son bref mandat. Cette édition, qui se déroule du 7 au 17 septembre, recourt à un marketing moins iconoclaste – fini la gazette distribuée à l’entrée des concerts, terminé le ton par trop décontracté des brochures – mais l’événement bruxellois, qui investit même les gares de la capitale et les quartiers populaires, reste branché, pluridisciplinaire (musiques «classique» et du monde, jazz, danse, cinéma) et largement relayé par les médias. La programmation s’impose par sa richesse, son éclectisme et le prestige des artistes invités dont le Concerto Köln, en résidence à l’occasion de ses vingt-cinq ans. Les jeunes talents ne sont toutefois pas omis, notamment Frank Agsteribbe dans la catégorie «Young Conductor of the Festival» et le Quatuor Maeterlinck, récemment fondé. Le fil rouge de cette année ? Vous l’aurez deviné : Mahler, «the man, the myth & the music».
S. Blunier et A. Suwanai (© Barbara Aumüller)
L’Orchestre national de Belgique entame sa saison dans ce cadre, non sous la direction de Walter Weller, qui ne réapparaîtra que le 1er octobre (Poot, Bartók et Beethoven), mais de son tout nouveau premier chef invité, poste que l’intendant Albert Wastiaux a créé dès 2010-2011. Stefan Blunier, d’origine suisse, l’occupera durant trois ans, à raison d’au moins trois semaines par saison, et se vouera avant tout au répertoire russe, français et contemporain. De la musique d’aujourd’hui, il en est déjà question : ancien élève d’André Laporte et Franco Donatoni, Bart Vanhecke (né en 1964) conçoit un cycle de trois Danses sur le thème des éléments dont la première, Danse de la terre, a été créée à cette occasion. Le compositeur explique dans le maigre programme distribué gratuitement à l’entrée que «sur le plan du contenu, [cette œuvre] est une valse, c’est-à-dire un morceau écrit 3/4 qui à part cela, ne ressemble en rien à une valse». Le mélomane n’est guère avancé mais l’intérêt que manifeste l’auteur pour le sérialisme ne fait aucun doute. La partition nécessite de gros moyens (nombreuses percussions et un piano) et, en une dizaine de minutes, dévoile une sauvagerie alla Xenakis quoi que cette musique se distingue par un contraste assez prononcé entre grandes masses orchestrales et interventions solistes et chambristes. Stefan Blunier ne s’est pas épargné : «La partition est d’un format hors de l’ordinaire, la structure est plutôt compliquée et je vais devoir me pencher sur elle pendant ma pause estivale...».
Le reste de la soirée continue sur la lancée belge, présidence du Conseil de l’Union européenne oblige. Akiko Suwanai dévoile dans le Cinquième Concerto pour violon (1861) de Vieuxtemps une sonorité avenante et propose une lecture à son image, sobre, consciencieuse et droite, mais le résultat, plus respectable qu’emballant, possède suffisamment d’éclat. Applaudie après chaque mouvement, la Symphonie en ré mineur (1887-1888) de Franck suscite davantage d’intérêt grâce à l’enthousiasme de Stefan Blunier qui parvient à alléger la pâte sans la diluer. Ce dernier recourt à d’excellents choix de tempi qui, conjugués à une notable vitalité, conduisent à une prestation décidée et nette qui ne s’effondre pas sous son propre poids tandis qu’à l’heure de la rentrée, les musiciens se montre d’emblée bons élèves. Le chef annonce qu’il y aura, avec lui, un bis après chaque concert, en l’occurrence l’Adagio de Lekeu, et se verra remettre des fleurs et une bouteille de vin, présents bien plus consistants que les ballons bleus offerts lors des éditions précédentes.
Le site du KlaraFestival
Le site de l’Orchestre national de Belgique
Sébastien Foucart
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