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Fausses notes !

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/10/1997 -  

Les 10, 13 et 17 décembre 1997
Théâtre des Champs-Elysées
Ludwig Van Beethoven : Leonore
Christopher Ventris (Florestan), Susan Anthony ( Fidelio / Leonore), Harmut Welker (Don Pizarro), Hanno Müller-Brachmann (Don Fernando), Laszlo Polgar (Rocco), Elzbieta Szmytka (Marcelline), Mathias Zachariassen (Jaquino), Michael Clifton-Thompson ( Premier prisonnier), Peter Massocchi (Deuxieme prisonnier)
Patrice Caurier et Moshe Leiser (mise en scène)
Orchestre des Champs-Elysées, Choeur du Welsh National Opera, Louis Langree (direction)

Les 9, 12, 16 et 18 décembre 1997
Théâtre des Champs-Elysées
Ludwig Van Beethoven : Fidelio
Hubert Delamboye (Florestan), Elisabeth Meyer-Topsoe (Fidelio / Leonore), Robert Hale (Don Pizarro), Stafford Dean (Don Fernando), Kurt Rydl (Rocco), Elzbieta Szmytka (Marcelline), Mathias Zachariassen (Jaquino), Michael Clifton-Thompson ( Premier prisonnier), Peter Massocchi (Deuxieme prisonnier)
Patrice Caurier et Moshe Leiser (mise en scène)
Orchestre des Champs-Elysées, Choeur du Welsh National Opera, Louis Langree (direction)

L’entreprise était aussi séduisante que périlleuse : représenter parallèlement Leonore et Fidelio, deux partitions proches et différentes à la fois. En exploiter les richesses et mettre en lumière les nuances dramatiques occasionnées par les coupures du compositeur. Hélas, il ne suffisait pas de changer les décors (panneaux mobiles bleus et verts pour Leonore, fils barbelés et costumes de prisonniers étalés sur le sol pour Fidelio), ou l'époque (XIXe siècle pour Leonore et XXe pour Fidelio) pour tenter d’expliquer ce cheminement intellectuel ou pour éclairer les raisons qui ont conduit Beethoven a gommer l'ambiguïté de certains personnages. Ainsi, le minimalisme est ici de rigueur ; la direction d’acteurs est quasi-inexistante et la mise en scène d’une pauvreté symbolique accablante. Les personnages se côtoient, se croisent sans jamais véritablement se rencontrer. Enfermés par leurs propres préoccupations, ils sont prisonniers d'eux-mêmes plus que de la geôle dans laquelle ils vivent. Difficile alors de recevoir le message d’humanité que le compositeur souhaitait transmettre. Leonore, en premier lieu, n’est que froideur et fierté, comme absente au drame qu’elle vit. Son dégoût du mensonge, sa rage de vaincre et son bonheur de retrouver son époux sont aussi étrangers a Susan Anthony qu’à Elisabeth Meyer-Topsoe qui campent toutes deux un être sans relief et sans passion. Vocalement, l'américaine se sort plus honorablement de cette partition périlleuse qui dépasse totalement la danoise (qui souffrait d’une “irritation vocale”, le 16), sans toutefois parvenir à procurer le moindre frisson. Florestan est lui aussi musicalement plus satisfaisant dans Leonore, interprété par Christopher Ventris. Hubert Delamboye, quant a lui, geint plus qu’il ne chante mais il nous fait croire davantage a sa souffrance. Laszlo Polgar nous sauve quelque peu de cette misère sonore grâce à un timbre splendide et à une incarnation laissant entrevoir toute la complexité d’un personnage qui hésite entre obéissance et morale. Le Rocco de Kurt Rydl, en revanche ne convaint pas, trop préoccupé et handicapé par un vibrato qui déstabilise la ligne vocale. La Marcelline d’Elzbieta manque de fraîcheur, de rayonnement et la soprano souffre d'évidents problèmes d'émission, notamment au moment des changements de registre. Ces difficultés l'empêchent de chanter legato et confère à la voix une raideur qui ne sied pas au personnage. Mathias Zachariassen ne parvient pas a intéresser dans le rôle ingrat de Jaquino et Don Pizarro est beaucoup plus crédible sous les traits de Hartmut Welker que sous ceux de Robert Hale.

La direction de Louis Langree enfin, s'avère pleine de promesse : riche en nuance, attentif aux chanteurs, le geste est précis et inspiré. Cependant, il ne fait pas oublier les constants problèmes de justesse de l’orchestre (surtout des pupitres de vents) qui écorche régulièrement l’oeuvre. Au final, Leonore parvient quelquefois à charmer alors que Fidelio ennuie. Heureusement, il reste la merveilleuse musique de Beethoven. Elle demeure a notre esprit car elle transcende toutes les interprétations.



Katia Choquer

 

 

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