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Gergiev, Mariinski : la joie du son

San Sebastian
Auditorium Kursaal
08/07/2010 -  
Igor Stravinski: L’Oiseau de feu – Petrouchka – Le Sacre du printemps
Orchestre du Théâtre Mariinski, Valery Gergiev (direction musicale)




Les Russes sont arrivés, voilà tout. Le Mariinski, le maestro Gergiev, un niveau enviable, un public fasciné…
 

Les cuivres russes sonnent différemment. On se souvient des cuivres de l’Orchestre de Saint-Pétersbourg du temps de Mravinski, un son acide, avec son agressivité et son âpreté. C’est la beauté obtenue par des moyens divers. L’orchestre de Gergiev, celui du Théâtre Mariinski, rappelle par ses cuivres cette espèce de famille de sons. Les cuivres du Mariinski sont les protagonistes de moments très importants, très émouvants, et très beaux de ces deux premiers concerts de la Quincena Donostiarra.
 

Gergiev aime les programmes longs. Le samedi et le dimanche, deux heures et cinquante-cinq minutes, y compris les bis et les entractes. On l’en remercie. Grandeur nature des concerts, contre l’habitude de notre temps: grandeur plus mesurée au théâtre et dans les salles de concerts. D’ailleurs, Gergiev arrivait de Salzbourg, où il a dirigé l’Orchestre Mondial de la Paix dans deux symphonies… de Mahler! Quatrième et Cinquième, en une seule soirée.
 

Gergiev arrive le samedi, sans avoir répété, et cela sonne quand même magnifiquement. L’orchestre a répété avant, bien sûr, mais pas seulement avant. Quelques petits fautes, sans grande importance, mais la musicalité de l’ensemble est incontestable.
 

Le premier jour, pour l’inauguration de la Quincena, Gergiev et le Mariinski ont rendu un bel hommage à Igor Fyodorovitch Stravinski. Le Mariinski était le théâtre où chantait le baryton Fiodor Stravinski, le père d’Igor. Les Stravinski vivaient juste à côté du théâtre, sur le Canal Krukov (celui qui est au dos du bâtiment du Marinski). Pendant longtemps, Stravinski n’a pas été considéré comme un véritable musicien national. Enfin, depuis quelque temps les Russes essayent de récupérer l’œuvre et la mémoire d’Igor Fiodorovitch. Un concert comme celui de samedi dernier au Kursaal est la preuve de cette volonté de rachat. Gergiev et l’ensemble passent par quatre ans de l’histoire des Ballets Russes, 1910-1913, et les trois premiers ballets de Stravinski pour la troupe de Serge de Diaghilev: L’Oiseau de feu, l’œuvre d’un élève doué qui compose très bien à la manière de Rimski et Debussy, et les écoles russe et française en général, un jeune musicien de 28 ans qui domine les timbres, les couleurs, les nuances; Petrouchka, le miracle du portrait coloriste, sophistiqué, quoique d’allure populaire, le triomphe du rythme (négligé par l’héritage occidental du XIXe siècle); enfin, Le Sacre du printemps, dont on va maintenant découvrir les qualités et apports. En Russie, depuis quelque temps, on rattrape une partie importante de ce temps peut être perdu, et on reconstruit les chorégraphies originales de Fokine, de Nijinski. Gergiev apporte la tradition toujours renouvelée du Mariinski: ces cuivres-là, entre autres, mais aussi une façon différente de voir ces trois partitions très russes, mais crées très loin de Saint-Pétersbourg et de Moscou, et dont les premières eurent lieu dans le Paris de la dernière Belle Époque, tout juste avant le grand désastre européen. Le succès a été enthousiasmant, et malgré l’heure tardive, Gergiev a donné un bis peu connu, le Baba Yaga de Liadov (pas celui de Moussorgski). Après tout, Liadov aurait du composer L’Oiseau de feu. Par un de ces miracles de l’histoire de la musique, Liadov n’était pas prêt pour finir la partition (même pas la commencer, d’ailleurs), et le jeune Stravinski a reçu la commande de Diaghilev: c’était le début d’une grande amitié, bien sûr, mais surtout cela marque les débuts d’un grand compositeur. On dirait que la compréhension de tout cela était le but de Gergiev dans un concert long, beau, inoubliable. Sans répétitions ? D’accord, mais les musiciens ont longuement répété chez eux, à côté du Canal Krukov.


Le site de la Quincena Musical de San Sebastián



Santigo Martín Bermudez

 

 

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