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Pour le rayonnement de Brigitte Engerer

La Roque
Parc du château de Florans
07/26/2010 -  
Camille Saint-Saëns : Concerto pour piano n° 5 en fa majeur opus 103 «Egyptien» – Symphonie n° 3 en ut mineur opus 78 «avec orgue»

Brigitte Engerer (piano), Thierry Escaich (orgue)
Orchestre Philharmonique de l’Oural, Dmitri Liss (direction musicale)


D. Liss, B. Engerer (© Leslie Verdet)


Le troisième concert symphonique du trentième festival international de piano de La Roque d’Anthéron convoque à nouveau l’Orchestre Philharmonique de l’Oural, dirigé par son chef titulaire Dmitri Liss, pour un programme entièrement consacré à Saint-Saëns, après Brahms et Rachmaninov. En ouverture, le rare Cinquième Concerto dit «L’Egyptien», achevé au Caire en 1896, alors que le compositeur, après la perte de sa fille et son divorce, menait une vie itinérante sur différents continents. Brigitte Engerer y impressionne d’emblée par sa puissance sonore, qui n’a rien à envier à celle du colosse Boris Berezovsky entendu la veille, et l’intensité de sa présence: elle capte l’attention de l’auditeur pour ne plus la lâcher. Elle restitue à merveille toute la saveur poétique de cette œuvre, qui ne possède certes pas les couleurs sombres et romantiques des plus célèbres Deuxième et Quatrième Concertos pour piano du même Saint-Saëns, mais nous charme tout au long par son élégance, ou le pittoresque des imitations orientalistes de l’Andante. Le Finale débute par une danse de salon un peu canaille avant de suggérer une rugissante tempête en mer, où l’abattage d’Engerer fait merveille. On aimerait parfois des nuances plus délicates, mais elle joue pour être entendue de tous, et la clarté, l’évidence, le charme conquérant qu’elle procure à cette œuvre méconnue étonne: sans doute faut-il louer autant le compositeur pour sa science accomplie, que l’interprète. L’orchestre l’accompagne avec prudence et réserve, mais sans gros défauts, ce qui est déjà louable pour une partition si peu jouée. Cela déséquilibre sans doute un peu l’œuvre, au regard de la densité du tissu orchestral voulu par Saint-Saëns: tout le discours repose sur les épaules de la pianiste, mais étant donné son charisme irrésistible, nous avons tous l’impression d’avoir vécu un grand moment, qui se prolonge lors d’un bis délicieux, la Deuxième des Danzas Argentinas d’Alberto Ginastera, sorte de tango infiniment nostalgique qui laisse le public subjugué.


Dans la Troisième Symphonie «avec orgue», l’Orchestre Philharmonique de l’Oural renoue hélas avec ses vieux démons. D’emblée les figures rapides, certes très virtuoses, mettent à mal la précision d’intonation des cordes, et la petite harmonie répond de manière encore plus piteuse. C’est dommage, car la direction de Dmitri Liss semble par ailleurs stylistiquement plutôt juste, l’exactitude rythmique satisfaisante. Le Poco adagio, avec le soutien de l’orgue, tenu par rien moins que le compositeur Thierry Escaich, débute par un beau moment de recueillement, mais les violons recommencent à miauler dès que le discours s’accélère. Heureusement, le Scherzo et le Finale se révèlent farouches et entraînants, en dépit de menues scories. L’orgue, bien qu’électronique, y produit un effet grandiose, qui permet de susciter l’enthousiasme d’un public plutôt indulgent.



Philippe van den Bosch

 

 

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