About us / Contact

The Classical Music Network

Montpellier

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

L’archet, la baguette et le lapin

Montpellier
Corum (Opéra Berlioz)
07/29/2010 -  
Antonín Dvorák : Sérénade pour cordes, opus 22, B. 52
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 12, K. 385p [414]
Felix Mendelssohn : Concerto pour violon n° 1

Boris Berezovsky (piano), Vadim Repin (violon)
Sinfonia Varsovia, Jakub Haufa (premier violon)


J. Haufa et V. Repin (© Luc Jennepin)


«Direction et violon» annonçait l’affiche, au-dessus du nom de Vadim Repin: ceux qui s’attendaient à découvrir une reconversion comme celle que son cadet Maxim Vengerov a entamée depuis quelque temps en ont été pour leurs frais. Car un encart inséré dans le programme de salle indique que pour la première partie, soit 70% de ce concert dont l’ordre de présentation des œuvres a été par ailleurs chamboulé et déséquilibré, le Sinfonia Varsovia sera en fait dirigé par Jakub Haufa (né en 1980) depuis son pupitre de Konzertmeister. Pour les 23 minutes de la seconde partie, rien n’est en revanche précisé, mais la situation est de fait inchangée, le soliste restant planté au milieu de l’orchestre auquel le premier violon continuer de donner les départs. L’archet, au lieu de se muer en baguette, s’est donc transformé en lapin. Qu’importe, car c’est d’emblée la revanche des faire-valoir: non seulement la cohésion, sinon la précision et le volume sonore, des dix-neuf cordes du Sinfonia Varsovia n’est jamais prise en défaut mais les musiciens ne se contentent pas d’une mise en place, interprétant la Sérénade (1875) de Dvorák avec élan et transparence, fraîcheur et juvénilité.



B. Berezovsky (© Luc Jennepin)


Dans les notes de programme, Marc Vignal cite une lettre de Mozart validant la possibilité de se priver des deux hautbois et des deux cors pour donner son Douzième concerto (1782). Ouf! La légitimité d’une réduction de l’accompagnement aux seules cordes est donc pleine et entière. En raison de l’absence de chef, le piano, dépourvu de couvercle, fait inhabituellement face au public et, derrière son clavier, Boris Berezovsky, bien qu’assis sur un tabouret usuel, domine sans peine l’orchestre. Partition (de poche) sous les yeux, celui pour lequel Rachmaninov (dans lequel il vient encore de triompher à La Roque d’Anthéron), Prokofiev et autres musiques musclées ne semblent soulever aucun problème physique et technique allait-il jouer l’éléphant virtuose dans le magasin de porcelaine mozartien? Pas tout à fait, car il démontre sa capacité à moduler sa formidable puissance et à produire un jeu perlé. Mais s’il fait ainsi patte de velours, le pianiste russe n’en demeure pas moins hors sujet: nulle poésie, même dans l’Andante central, mais un phrasé raide comme un passe-lacet et sec comme un coup de trique, dans un tempo hâtif, qui paraît même encore plus rapide lorsque le Finale est bissé.


Repin sera associé à Berezovsky le 4 décembre prochain à Pleyel, mais pour l’heure, après l’entracte, il se produit seul dans le Premier concerto (1822) de Mendelssohn, un essai de jeunesse (13 ans!) bigrement mal fichu: sans commune mesure avec le fameux Concerto en mi mineur, il serait complètement tombé dans l’oubli s’il n’avait porté une signature aussi renommée. «Beaucoup de notes, peu de musique», si le jugement est assez sévère pour le Premier concerto pour piano à l’encontre duquel il avait été formulé, il trouve toute sa pertinence pour ce Premier concerto pour violon. L’énergie infatigable si typique du compositeur, à laquelle l’engagement du soliste rend pleinement justice, y est certes déjà prégnante, mais le miracle de l’Octuor ou du Songe d’une nuit d’été ne se produira que trois ans plus tard. Malgré une intonation parfois incertaine, le violoniste russe conserve ce parfait équilibre de fougue et de hauteur de vue qui lui est coutumier, offrant même des moments d’une pureté magique (ou d’une pure magie) à la fin de l’Andante.


En bis, la Carmen Fantasy (1946) de Waxman achève de mettre l’Opéra Berlioz, rempli à ras bord, dans cet état moderne de transe qu’est la standing ovation: Repin ne peut donc repartir sans avoir repris le bavard Finale du Concerto de Mendelssohn.


Le site du Sinfonia Varsovia
Le site de Vadim Repin



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com