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Fratrie russe

Paris
Hôtel de Soubise
07/23/2010 -  
Serge Prokofiev : Sonate pour violon et piano n° 1, opus 80
Henryk Wieniawski : Fantaisie brillante sur le «Faust» de Gounod, opus 20
Bruno Mantovani : All’ ungarese
Robert Schumann : Sonate pour violon et piano n° 1, opus 105
George Gershwin : Porgy and Bess: «My man’s gone now» et «It ain’t necessarily so» (arrangements Jascha Heifetz)

Andrey Baranov (violon), Maria Baranova (piano)


A. Baranov


Comme le temps se faisait menaçant, le festival «Jeunes talents» a dû renoncer à la cour de Guise pour se replier à l’intérieur: au premier étage, c’est donc l’ancienne salle des gardes, dont Laurent Bureau, directeur artistique de cette manifestation, se plaît toujours à rappeler que s’y serait ourdie la Saint-Barthélémy et que les Symphonies «Parisiennes» de Haydn y auraient été créées, qui accueille Andrey Baranov (né en 1986): à quelques mois près, il a le même âge que Sergey Khachatryan et, comme lui, forme un duo avec sa sœur, mais si Lusine Khachatryan a deux ans de plus que son frère, Maria Baranova (née en 1988) est au contraire sa cadette.


Quatrième prix au concours de Sendai (2007), troisième prix ex æquo au concours Rodolfo Lipizer (2008), deuxième prix au concours de Qingdao (2008), deuxième prix au concours de Séoul (2009) – entre autres – Baranov, formé à Saint-Pétersbourg puis avec Pierre Amoyal, a rassemblé au fil des années une impressionnante collection de récompenses. Très composite, son programme s’ouvre sur la Première sonate (1946) de Prokofiev: violon solide, tendu et expansif, piano puissant, voire brutal, il y a là de quoi démentir les clichés sur la fin des écoles nationales. Dans cette interprétation sans concession, rarement l’œuvre aura paru aussi proche de Chostakovitch, en particulier dans les deux premiers mouvements, âpres et sombres, d’autant que la sonorité du violoniste russe n’est pas excessivement flatteuse. L’Andante, à l’expression contenue, et l’Allegrissimo, manquant parfois un peu d’élan, paraissent toutefois légèrement un ton en dessous. La Fantaisie brillante sur le «Faust» de Gounod (1865) de Wieniawski a certes le mérite de changer un peu de la Fantaisie sur «Carmen» de Sarasate, mais elle est beaucoup plus longue et se contente d’offrir, sans surprise, une succession de mélodies langoureuses et de spectaculaires acrobaties, en terminant bien sûr par la célèbre Valse: jouant généreusement du vibrato et de la corde de sol, Baranov ne manque pas de panache et vient à bout de la plupart des difficultés de cette démonstration de virtuosité.


Après l’entracte, Bruno Mantovani, invité de cette dixième édition, présente All’ ungarese (2009). Commande du festival Messiaen, cette pièce n’en est pas moins inspirée par Bartók – «inspiration» par l’esprit bien davantage que par l’écriture, comme celle de Schubert dans les Huit moments musicaux donnés une semaine plus tôt, «référence» qui se traduit ici par une dialectique de l’ascèse et du lyrisme. Une page que le compositeur décrit comme l’une de celles qui «résiste à l’audition» en même temps que l’une de ses plus «fragiles», notamment par ses homorythmies complexes, qui requièrent une parfaite cohésion des deux interprètes. De façon inexplicable, les Russes en doublent quasiment la durée (près de 25 minutes au lieu de 13!), accumulant en outre les contresens stylistiques, avec un son épais et des phrasés «romantiques» qui ne seraient pas déplacés dans Tzigane.


Ils auront certainement le temps de mûrir leur vision, plus expansive qu’intériorisée, de la Première sonate (1851) de Schumann: premier mouvement superficiel, Allegretto affecté et Finale agile mais à l’emporte-pièce. De même que Wieniawski et Sarasate avec Gounod et Bizet, Heifetz a arrangé cinq extraits de Porgy and Bess (1935) de Gershwin dix ans après la création de l’opéra: les musiciens en ont choisi deux («My man’s gone now» et «It ain’t necessarily so»), complétés en bis par un troisième («Tempo di Blues»). Rien n’y manque: trémolos dans la voix du violon et piano donnant l’impression que Heifetz forme un duo avec Rachmaninov. La soirée se conclut sur la Vocalise-Etude en forme de habanera (1907) de Ravel.



Simon Corley

 

 

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