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Pyrotechnie et vent violent

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Théâtre Antique
07/17/2010 -  
Vincenzo Bellini: Extraits de I Capuleti e i Montecchi, I puritani, La sonnambula, et Norma
Gaetano Donizetti: Extraits de L'élisir d'amore, Don Pasquale, La Fille du régiment, et Lucia di Lammermoor

Natalie Dessay (soprano), Juan Diego Flórez (ténor)
Orchestre philharmonique de Radio France, Giovanni Antonini (direction musicale)


N. Dessay, G. Antonini, J. D. Flórez
(© Philippe Gromelle/Chorégies d'Orange)



C'est un tonnerre d'applaudissements qui a salué le concert lyrique d'hier soir au Théâtre Antique d'Orange. Il faut dire que l'affiche était alléchante: la soprano française Natalie Dessay et le ténor péruvien Juan Diego Flórez, super stars du bel canto et adulés dans le monde entier. Tous deux sont des techniciens hors pairs, se riant des pires difficultés, lançant des aigus stratosphériques cinglants sans qu'ils soient hurlés, et exécutant les redoutables passages ornementés avec une aisance confondante. Et ce « bel canto » – finissant, certes - on ne le quittait pas du début à la fin du programme. La première partie est consacrée au catanais Bellini, avec, en guise d'apéritif, l'ouverture de I Capuleti e i Montecchi exécutée par un Orchestre philharmonique en bonne forme mais parfois conduit avec une inégale fermeté par Giovanni Antonini. Pour autant, on ne saurait se montrer trop sévère sur l'ensemble de la prestation, tant un Mistral courroucé est venu perturber le plateau, faisant voler les partitions, rattrapées ici avec un archet, là avec le pied, ou encore en se faufilant à genoux entre les pupitres.



Juan Diego Flórez fait son entrée avec l'air de Tebaldo, «E serbata a questo acciaro...» toujours extrait de I Capuleti e i Montecchi. La voix est un peu tendue dans les premières mesures, mais très vite Flórez libère son instrument et maîtrise sans l'ombre d'une maladresse un air, certes peu périlleux, mais qui laisse augurer du meilleur. Dans l'air d'Arturo extrait de I puritani, le Péruvien est en pleine possession de ses moyens. Avec « Ah! Non credea mirarti » extrait de La sonnambula, Dessay déroule les longues phrases belliniennes avec un art consommé et une grande maîtrise de cette écriture si particulière, et si souvent massacrée. Le couple termine cette première partie avec le duo Adina-Nemorino extrait de L'Elixir d'amour affichant une verve qui fait préssentir qu'ils tiennent leur public. Première ovation.



La deuxième partie est exclusivement consacrée à Donizetti, exception faite des bis. Las, la colère du Mistral ne s'est toujours pas apaisée et c'est au tour de Natalie Dessay d'en faire les frais. Elle ne parviendra pas à remettre sa partition dans l'ordre avant d'aborder le redoutable « Ardin gli incensi », extrait de Lucia di Lammermoor, haussant les épaules d'un air faussement alarmé et lançant un « Andiamo », les bras en l'air, qui amuse le public. Mais il en faut plus pour déstabiliser la Française qui signe cet air si célèbre avec brio et conviction. Toutes le notes sont là, même les plus hautes, et les sauts d'octaves sont exécutés sans difficulté. On remarquera toute fois que les aigus semblent, au fil du temps, s'être légèrement durcis. Ou était-ce le vent?

Après l'incontournable « Un furtiva lagrima » qui lui vaut le déçhaînement du public, Flórez quitte la scène, laissant l'orchestre jouer l'ouverture de La Fille du régiment avec, cette fois, plus de rigueur, et surtout moins de vent perturbateur, non sans un brin d'humour. Le programme officiel se termine en feu d'artifice avec deux autres extraits de ce même opéra: l'air de Tonio « Ah, mes amis quel jour de fête... » dans lequel Flórez fait preuve d'une extrême aisance dans les aigus célestes ,et surtout d'un français remarquablement bien prononcé, et le duo Marie-Tonio « Quoi, vous m'aimez?... ». Dessay et Flórez, en excellents comédiens qu'ils sont aussi, ne peuvent s'empêcher de « jouer » ce duo, provoquant à sa conclusion un tonnerre d'applaudissements à faire vibrer les gradins du haut de l'amphithéâtre. Le public n'a nullement l'intention de laisser partir ces deux stars sans un bis. Généreusement, ils en offriront trois: « La Dona é mobile » pour lui, « Sempre libera... » pour elle (qu'elle termine sur le contre-mi non écrit par Verdi, mais en concert, pourquoi pas?) et pour les deux, le bref duo « Adio, adio... » extrait de l'Acte 1 de Rigoletto.



La saison prochaine célèbrera le quarantième anniversaire des Chorégies dans un programme qui offrira deux concerts par l'Orchestre national du Capitole de Toulouse, ainsi qu'Aida et Rigoletto.
Mais le crû 2010 n'est pas encore terminé: Mireille, de Gounod, est impatiente de venir mourir aux pieds d'Auguste les 4 et 7 août.



Christian Dalzon

 

 

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