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Une bonne Affaire ?

Toulouse
Théâtre du Capitole
11/28/1997 -  et 30 novembre, 2, 5 et 7 décembre 1997
Leos Janacek : L'Affaire Makropoulos
Lisbeth Balslev (Emilia Marty), Keith Lewis (Albert Gregor), Denes Gulyas
(Vitek), Xenia Konsek (Kristina), Donald Mac Intyre (Jaroslav Prus), Léonard
Pezzino (Janek)
Pierre Médecin (mise en scène)
Orchestre et Choeurs du Capitole, James Johnson (direction)

L'oeuvre dramatique de Janacek étant manifestement négligée en France, on ne peut que féliciter le théâtre du Capitole d'avoir porté à la scène cet opéra encore méconnu. Mais hélas, la gratitude qu'on peut éprouver pour ce choix judicieux ne rend ni sourd ni aveugle ! Pierre Médecin a choisi de situer l'oeuvre dans une mise en abîme perpétuelle, aussi un début de perspective représentant une scène de théâtre s'ouvre derrière les décors. L'idée est bonne et, comme le metteur en scène s'en explique dans le programme, elle symbolise le fait qu'Elina Makropoulos, par ses changements fréquents d'identité, semble toujours jouer un rôle, se donner en spectacle. Mais ce parti-pris donne des résultats parfois curieux car l'apparition de machinistes et électriciens sur scène détourne gratuitement l'intérêt de l'action principale. Peu importent au fond ces détails, car le cadre ainsi posé est cohérent et ne dessert pas l'oeuvre.

Le choix des chanteurs venant habiter ce décor paraît plus critiquable, à commencer par celui de Lisbeth Balslev pour incarner le rôle-titre. Rappelons que dans l'opéra, la cantatrice Elina Makropoulos est censée avoir gardé beauté et jeunesse à l'âge avancé de 337 ans ! Aussi, quelle idée d'avoir choisi une actrice au physique aussi flétri que la voix ! Minaudière et démodée comme une star du muet sur le retour, hurlant des aigus qui la dépasse, inaudible à d'autres moments, elle rend incompréhensible l'empressement des hommes qui l'entourent. Dans ce contexte, la phrase de Krista "Chaque homme qui la regarde est fou d'amour" paraît plutôt ironique. A moins que le metteur en scène n'ait conçu toute la pièce comme le tableau de la déchéance d'une ex star, et dans ce cas ce choix est parfait, mais tout de même bien douloureux pour les yeux et les oreilles. La jeune Kristina est mieux partagée sur le plan physique, mais guère sur le plan vocal. Quoique jeune et ayant commencé sa carrière il y a seulement une dizaine d'années, Xenia Konsek montre des signes évidents de fatigue vocale, notamment un timbre criard peu agréable. Les hommes appellent moins de réserves quant à la voix et au jeu, Rolf Aunstein (Koletany) paraissant le plus à l'aise scéniquement et vocalement. Keith Lewis fait de Gregor une sorte de bébé boudeur velléitaire et ridicule en culotte courte, après tout pourquoi pas ? Sa voix paraît cependant mal assurée dans l'aigu et se perd parfois sur scène. Donald Mac Intyre a beaucoup d'allure dans le personnage aristocratique et inquiétant de Prus, même dans sa voix, usée mais puissante. Le chef s'acquitte proprement de sa tâche, sans guère de nuances, mais sans étouffer les chanteurs non plus. Le public toulousain a réservé un accueil honorable à cette production, même si on peut regretter qu'une distribution trop terne ne permette pas de se faire une idée valable de cette oeuvre très intéressante.



Laurent Marty

 

 

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