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Limpide

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
05/27/2010 -  
Ralph Vaughan Williams : Fantaisie pour cordes sur un thème de Thomas Tallis
Benjamin Britten : Quatre Interludes marins de Peter Grimes
Ludwig van Beethoven : Symphonie N° 7

Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Sir Neville Marriner (direction)


(Sir N. Marriner)


Rien dans la démarche ni dans la gestique de Sir Neville Marriner ne laisse deviner son âge, que l’on est bien surpris de noter aussi avancé à la lecture de ses données biographiques. Beaucoup de temps a passé depuis les années où l’ex violoniste britannique dynamisait une phalange de jeunes musiciens londoniens, baptisée Academy of St Martin in the Fields, pour en faire l’orchestre de chambre vedette du catalogue Philips, à une époque où l’interprétation de tout un pan du répertoire classique puis romantique par un effectif plus réduit n’allait pas encore de soi. Ces innombrables disques ont pris quelques rides mais pas tant que cela, et ceci vaut aussi pour leur maître d’œuvre, que l’on retrouve pour un soir à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg dans une forme étonnante. La silhouette est invariablement droite, le geste avant tout efficace, énergique, avec une sûreté infaillible pour reprendre le contrôle dès que quelque chose paraît sortir du cadre imparti. On apprécie cette précision, cette impression de maîtrise absolue du sujet, qui se transmet à un orchestre d’une permanente concentration.


Concert sans soliste, ce qui explique peut-être la relative désaffection d’un public qui ne s’est pas déplacé en masse (le volume de l’ovation finale compense cependant le déficit en sièges occupés). Mais comment s’en plaindre quand la partie centrale du concert est consacrée aux merveilleux Interludes marins de Peter Grimes, que Neville Marriner et l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg interprètent exactement pour ce qu’ils sont devenus aujourd’hui : des pièces de base du répertoire courant, dont l’évidence musicale doit faire oublier les difficultés de mise en place. Dans la seconde pièce, «Sunday Morning» les cors manquent de la stabilité requise pour que l’effet de carillon recherché fonctionne parfaitement, et on pourrait concevoir encore davantage de violence dans la péroraison de «Storm», mais cette lecture scrupuleuse, qui laisse s’écouler sans contrainte une musique géniale, reste infiniment appréciable.


Intéressant morceau d’ouverture pour un concert, la Fantaisie pour cordes sur un thème de Thomas Tallis, impose d’emblée une capacité d’écoute attentive que le public semble prêt à offrir. Formation réduite, éparpillée dans l’espace entre des pupitres vides, alternance tantôt de petits ensembles tantôt de lignes solistes : la lecture avance bien, servie par la qualité sonore des instrumentistes qui ont osé se confronter à cette surexposition peu confortable. A l’heure des disséminations agaçantes de musiques contemporaines «pauvres» pour cordes seules, d’origine souvent balte ou finlandaise, l’heureuse résurgence de cette pièce de 1909, peut-être un peu longue mais d’une remarquable perfection architecturale, semble d’une richesse et d’une intensité visionnaire autrement passionnantes, voire ridiculisantes pour tant des sous-produits opportunistes qui l’ont suivie…


Autre utile remise des pendules à l’heure : une Septième Symphonie de Beethoven qui bénéficie d’une interprétation du juste milieu : fluide, jamais lourde mais toujours d’un poids mesuré et justifié quand il le faut, et qui nous rappelle que Neville Marriner fut naguère un pionnier dans cette manière plus «chambriste» d’interpréter Beethoven, dont il garde aujourd’hui l’esprit même face à une formation symphonique conventionnelle. L’attention et le souci d’écoute mutuelle des différents pupitres sont ici à souligner, la virtuosité du 4e mouvement et sans doute une certaine fatigue laissant fugitivement réapparaître des sonorités plus banales, l’effort collectif restant hautement louable et appréciable. Une vraie leçon de direction d’orchestre que ce concert, maîtrisé de bout en bout par un vétéran longuement acclamé, autant par la salle que par ses musiciens d’un soir.



Laurent Barthel

 

 

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