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Symphonistes complémentaires Bruxelles Bozar, Salle Henry Le Bœuf 06/11/2010 - Gustav Mahler : Kindertotenlieder
Anton Bruckner : Symphonie n°7 Bernarda Fink (mezzo)
Orchestre national de Belgique, Walter Weller (direction)
Walter Weller, Bernarda Fink(© Frank Höhler, Marco Borggreve)
Le Bozar s’engage depuis le début de la saison dans un cycle « All Mahler », quasi intégrale de l’œuvre du compositeur répartie sur trois années et partagée par l’Orchestre philharmonique de Liège, deFilharmonie, l’Orchestre symphonique de la Monnaie et l’Orchestre national de Belgique. Ce dernier prend en charge, ce vendredi, les Kindertotenlieder (1901-1904) en recourant à l’expertise de Bernarda Fink pour qui l’Autrichien constitue « une âme sœur » comme elle l’explique dans le programme de salle. Cette publication, généralement satisfaisante, ne comporte hélas pas la traduction des poèmes de Rückert, ce qui aurait permis de mesurer davantage la profondeur avec laquelle cette mezzo au timbre remarquable, et à l’émission volontairement feutrée, sonde ce texte douloureux. Grâce au délicat équilibre atteint par Walter Weller, un climat adéquat et raréfié s’installe sans tarder et se maintient malgré les (trop longues) pauses observées entre les morceaux. Les instrumentistes, qui évoluent avec raison dans un esprit de musique chambre, parviennent à évoquer, notamment les percussions, l’innocence perdue de l’enfance mais ils ne rivalisent pas avec la chanteuse en termes de couleurs et de nuances.
Les vents s’avèrent plus égaux dans la seconde partie, consacrée à la Septième Symphonie (1881-1883) de Bruckner, autre symphoniste de renom adepte de la grande forme. Le niveau de jeu s’élève d’ailleurs dans chaque rangée. Des violons jusqu’aux contrebasses (trop souvent omises dans les commentaires), les cordes présentent une belle consistante mais sans matière grasse et le son produit captive dès les premières mesures. Les bois, nets et limpides, et les cuivres, clairs et puissants, participent à la réussite de cette exécution habitée tandis que les percussions ne ratent pas leur cruciale entrée dans l’Adagio. Connaissant intimement la grammaire du maître de Saint-Florian, Walter Weller obtient de ses troupes, manifestement toujours aussi ravies de travailler avec leur directeur musical, du relief, de la transparence, qualités attendues dans cette musique, ainsi que des attaques et des transitions précises. Tout en variant les éclairages, il porte une attention particulière à la conduite des voix, menées avec plasticité, et livre durant cette grosse heure une approche constamment juste, y compris sur le plan de la dynamique, allant toujours de soi, et des tempi, ni précipités ni étirés. Aboutissement de ce grand voyage spirituel, au bout duquel les Kindertotenlieder paraissent bien loin, le Finale, pastoral et chantant, aboutit sur une conclusion d’une noble grandeur propre à susciter l’émotion.
C’est sur cette prestation particulièrement accomplie que s’achève ce dernier « Vendredi de l’ONB ». Le prochain concert de l’orchestre au Bozar aura lieu le 20 juin à l’occasion de la Fête de la musique : le programme, dans lequel il sera dirigé par Eivind Aadland, comportera Chorale de Magnus Lindberg, le Second Concerto pour violon de Chostakovitch, avec en soliste Alexei Moshkov, ainsi que la Première Symphonie de Schumann. Précision utile : l’entrée sera gratuite.
Sébastien Foucart
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