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Les amis de Georges (Bizet) Paris Bougival (Eglise Notre-Dame de l’Assomption) 05/25/2010 - Wolfgang Amadeus Mozart : Quatuor n° 19 «Les Dissonances», K. 465 – Quintette avec clarinette, K. 581
Ludwig van Beethoven : Quatuor n° 6, opus 18 n° 6
Pascal Moraguès (clarinette), Quatuor Belcea: Corina Belcea-Fisher, Laura Samuel (violon), Krzysztof Chorzelski (alto), Antoine Lederlin (violoncelle)
Pour sa troisième édition, du 6 mai au 3 juin, le festival de Bougival et des coteaux de Seine, toujours organisé par l’association «Les Amis de Georges Bizet», a débuté, comme de coutume, par une série de classes de maître données par Teresa Berganza, cette année sur Don Giovanni de Mozart: moment d’autant plus privilégié qu’il se déroule dans le cadre de la villa de Pauline Viardot, qui, comme son ami Tourgueniev mais aussi Bizet, résidait dans cette cité cossue des Yvelines. Ensuite, le festival prend un tour plus traditionnel, que ce soit au Théâtre du Grenier ou à celui de La Celle Saint-Cloud, mais surtout en l’église Notre-Dame de l’Assomption (XIIe), amplement restaurée à la fin du XIXe et bénéficiant d’une acoustique dont bien peu de lieux de culte peuvent se targuer.
L’affiche mise moins sur l’originalité que sur la qualité des artistes: la jeune soprano nigériane Omo Bello, déjà remarquée en 2009 au concours Vibrarte (voir ici), Emmanuelle Bertrand, les Quatuors Parisii et Elysée... C’est également le cas du programme offert «sous le patronage de l’Académie des Beaux-Arts» par le Quatuor Belcea et Pascal Moraguès, associant Mozart et Beethoven. Dans son propos introductif, Bénita Carteron, secrétaire générale de l’association, évoque la rencontre entre les deux compositeurs qui aurait eu lieu à Vienne en 1787: davantage que cette hypothétique entrevue, c’est la musique qui illustre le plus incontestablement leurs affinités, comme en témoigne la première partie du concert.
Contrairement à l’ordre annoncé et tandis que l’orage gronde au dehors, c’est d’abord le Dix-neuvième quatuor «Les Dissonances» (1785) de Mozart: dès l’introduction qui donne son titre à l’œuvre, le Quatuor Belcea défend une conception résolument expressive et énergique, avançant avec un élan et un naturel seulement ralentis par les embardées ou coquetteries occasionnelles d’un premier violon très exubérant. Leur interprétation, à l’image du Trio du Menuet, presque rageur, établit ainsi le lien avec Beethoven, dont ils animent le Sixième quatuor (1800), lui aussi dernier d’une série de six, avec le même sens du théâtre et des contrastes: espiègles dans l’Allegro con brio initial et plus encore dans le Scherzo, les musiciens confèrent à l’Adagio, ma non troppo le caractère d’une sérénade et mettent en valeur par des teintes blafardes la «malinconia» qui vient par deux fois perturber l’allégresse du finale.
Après l’entracte, Pascal Moraguès, premier solo à l’Orchestre de Paris depuis 1981, se joint aux Belcea pour le Quintette avec clarinette (1789) de Mozart: avec sa qualité instrumentale coutumière, le clarinettiste ne s’impose pas comme «soliste» d’un improbable concerto, mais sait s’effacer et dialoguer avec ses partenaires, ornementant tour à tour comme autant de clins d’œil complices, aussi à l’aise dans la pureté des longues phrases du Larghetto et de la section Adagio du finale que dans les traits veloutés de la quatrième variation de ce même mouvement. Sa virtuosité apparaît encore plus nettement, en bis, dans le Rondo final du Quintette avec clarinette (1815) de Weber – rapprochement cruel, au demeurant, que celui ainsi opéré entre le charme de cette page et le génie du Quintette de Mozart.
Le site du festival de Bougival et des coteaux de Seine
Le site du Quatuor Belcea
Simon Corley
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