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Victoire des favoris

Bordeaux
Grand Théâtre
05/15/2010 -  
Wolfgang Amadeus Mozart : Adagio et Fugue en ut mineur, K. 546 (a, b, c, d)
Ludwig van Beethoven : Quatuors n° 12, opus 127 (a, c), et n° 14, opus 131 (b, d)

Quatuor Raphaël (a): Pierre Fouchenneret, Pablo Schatzman (violon), Arnaud Thorette (alto), Kenji Nagaki (violoncelle)
Quatuor Zaïde (b): Charlotte Juillard, Pauline Fritsch (violon), Sarah Chenaf (alto), Juliette Salmona (violoncelle)
Quatuor Zemlinsky (c): Frantisek Soucek, Petr Strizek (violon), Petr Holman (alto), Vladimír Fortin (violoncelle)
Quatuor Galatea (d): Yuka Tsuboi, Sarah Kilchenmann (violon), David Schneebeli (alto), Julien Kilchenmann (violoncelle)

Après les deux premières épreuves (voir ici et ici), la finale du concours international de quatuor à cordes de Bordeaux confronte quatre formations qui interprètent successivement un programme d’environ 50 minutes comprenant, d’une part, l’Adagio et Fugue en ut mineur (1783/1788) de Mozart et, d’autre part, au choix, l’un des derniers quatuors de Beethoven, Douzième (1825), Treizième (pour lequel aucun des candidats sélectionnés n’a opté) ou Quatorzième (1826).



Le Quatuor Raphaël (© Hervé Buchou)


L’ordre de passage des deux précédentes épreuves ayant été conservé, c’est au Quatuor Raphaël qu’échoit la délicate tâche de débuter. Dans un Mozart austère et sans concession, plus construit qu’instinctif, les jeunes Français offrent moins d’engagement que dans leurs prestations antérieures. C’est peut-être avant tout leur manque de cohésion qui déçoit, sachant cependant que cette formation toute récente associe des musiciens connus jusqu’alors pour leurs débuts plus qu’encourageants de carrières solistes: autant d’individualités qui, si remarquables soient-elles, n’ont sans doute pas encore pleinement atteint cette unité organique qui est le propre du quatuor. Dans le Douzième de Beethoven, malgré quelques moments indéniablement réussis, le manque d’allant et de flamme surprend de la part d’un ensemble qui, le mardi puis le jeudi, avait séduit par son dynamisme.



Le Quatuor Zaïde (© Hervé Buchou)


Fidèle à sa disposition originale (de gauche à droite, violon I, violoncelle, alto et violon II), les quatre jeunes femmes du Quatuor Zaïde, lui aussi constitué en 2009, donnent l’impression de s’investir davantage dans Mozart que leurs compatriotes du Quatuor Raphaël: plus de nuances, de diversité et de couleurs dans l’Adagio, une urgence plus saisissante dans la Fugue. Souple, allant sans cesse de l’avant, leur Quatorzième de Beethoven témoigne d’un spectaculaire sens dramatique et d’un plaisir de jouer qui culminent plus dans le Presto, ludique et mordant, ou dans le Finale, presque sauvage, que dans l’Andante central, qui aurait supporté un supplément de corps et de cantabile.



Le Quatuor Zemlinsky (© Tomás Bican)


Devant un public encore plus nombreux, l’après-midi commence avec le Quatuor Zemlinsky. Formé voici plus de quinze ans et déjà présent sur la scène internationale, il faisait figure de favori mais a parfaitement géré les contraintes inhérentes à cette position: «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire», certes, mais il fallait aussi assumer le risque de perdre la face en cas d’échec. Sûr et sans surprises, le Mozart des Tchèques adopte une teinte volontiers romantique. Dès les grands accords du premier mouvement, ils déploient dans le Douzième de Beethoven une rassurante plénitude sonore et frappent ensuite par leur impeccable maîtrise de l’ensemble des paramètres. Au-delà de ces qualités techniques et de leur aisance collective, malgré quelques menues scories, ils ne négligent en rien les aspects interprétatifs, réalisant un fascinant kaléidoscope de climats différents. Bref, qu’on le veuille ou non et comme on pouvait s’y attendre (ou le craindre), le Quatuor Zemlinsky a survolé le concours.



Le Quatuor Galatea


Le Quatuor Galatea ferme la marche avec à nouveau le handicap de succéder aux Zemlinsky: un retour sur terre et même un atterrissage un peu brutal pour l’auditeur, ne serait-ce que pour la sonorité d’ensemble, avec un Mozart très «ouverture à la française» dans l’Adagio mais moins intéressant dans la Fugue. En revanche, malgré un premier violon un peu en retrait de ses homologues, la bonne surprise vient d’un Quatorzième de Beethoven fruit d’un beau travail de groupe, mais moins spontané que celui des Zaïde, les Suisses confirmant leur tendance à lester le propos d’intentions didactiques ou expressives.


Le jury attribue au Quatuor Zemlinsky le premier prix (20 000 euros), qui lui vaut ipso facto, grâce à l’archetier Jean-Luc Tauziède, un quatuor d’archets et, grâce à Jean-François Moueix, gestionnaire du domaine Pétrus, un trophée sculpté par André Abram. Sont également associés à ce premier prix un certain nombre d’engagements en France et en Europe ainsi que la possibilité d’enregistrer un disque avec le soutien du mécénat musical Société Générale. Le deuxième prix (10 000 euros) est accordé au Quatuor Raphaël, tandis que le Quatuor Galatea se voit décerner le prix du ministère de la culture et de la communication (5 000 euros). Le prix de la SACEM (5 000 euros), destiné à la meilleure interprétation du Troisième quatuor de Gilbert Amy, revient au Quatuor Cecilia (Canada), qui n’était pas parvenu à se qualifier pour la finale et alors que le compositeur n’avait pas caché sa préférence pour le Quatuor Amaryllis (Allemagne/Suisse).


Le jury de la presse, présidé par le compositeur et musicologue espagnol Tomás Marco, plutôt que de consacrer une valeur déjà établie, a préféré récompenser pour sa part, à l’unanimité, une formation pleine de promesses pour le futur: c’est donc le Quatuor Zaïde qui remporte le prix de la critique musicale (10 000 euros). Enfin, le prix de l’Académie internationale d’été de musique de chambre de Basse-Saxe permettra aux quatuors Amaryllis (Allemagne/Suisse), Cecilia et Galatea de suivre trois semaines de classes de maîtres durant trois années consécutives; le prix «Jeunesses musicales Deutschland», quant à lui, ouvre au Quatuor Zaïde la possibilité de bénéficier d’une dizaine de jours de cours avec le Quatuor Casals en septembre prochain à Weikersheim (Bade-Wurtemberg).


Rendez-vous en 2013 pour le prochain concours, mais dès 2011 pour «Quatuors à Bordeaux», qui, du 16 au 23 mai, proposera notamment une académie de quatuor avec Eberhard Feltz ainsi que cinq concerts, dont trois au Grand Théâtre, avec les quatuors Ebène, Orfeo et Zemlinsky, mais aussi David Grimal, Lise Berthaud, François Salque, ...



Simon Corley

 

 

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