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A savourer dans l’instant

Paris
Musée d’Orsay
05/04/2010 -  et 6, 8*, 9 mai 2010
Pauline Viardot : Cendrillon
Etudiants du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris: Chloé Briot (Cendrillon), Hovhannes Asatryan (Le baron de Pictordu), Johanna Brault (Armelinde), Hasnaa Bennani (Maguelonne), Sabine Devieilhe (La fée), Chi Zhe (Le prince charmant), Xavier de Lignerolles (Le comte Barigoule)
Emmanuel Olivier (direction musicale et piano)
Emmanuelle Cordoliani (mise en scène), Delphine Guichard (assistanat scénographie/accessoires), Sonia Bosc (costumes), Bruno Bescheron (conception lumières)


P. Viardot


Après L’Amour masqué de Guitry et Messager en 2009 (voir ici), les étudiants du département des disciplines vocales du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (CNSMDP) reviennent au musée d’Orsay, à nouveau dans un registre léger, avec Cendrillon, un opéra comique en trois actes de Pauline Viardot (1821-1910).




Née García, fille du premier Almaviva du Barbier de Séville, épouse du directeur du théâtre des Italiens, sœur d’un baryton renommé et, avant tout, de la Malibran, elle ne pouvait être que cantatrice elle-même. Elle le fut, et pas des moindres: dédicataire du Liederkreis opus 24 de Schumann, de Samson et Dalila de Saint-Saëns et des premières mélodies de Fauré (qui fut un temps fiancé à sa fille Marianne), elle créa notamment le rôle de Fidès dans Le Prophète de Meyerbeer et la Rhapsodie pour contralto de Brahms. Amie et inspiratrice de nombreux écrivains, dont Musset et G. Sand, elle fut l’intime d’Ivan Tourgueniev (1818-1883), son voisin à Bougival. Il écrivit pour elle le livret de quelques opérettes, dont Le dernier sorcier, mais Cendrillon est selon toute vraisemblance bien postérieure à cette période, puisqu’elle fut présentée (en privé) pour la première fois en 1904. On se plaît à l’imaginer destinée à un salon de la bonne société, mêlant grands bourgeois, intellectuels et artistes, entre deux «péchés de vieillesse» rossiniens, avec ses «airs de bagages», autrement dit des pièces rapportées ad libitum: ont été choisis en l’occurrence des duos de Saint-Saëns – le boléro El Deschidado (1871) – et de Fauré – Tarentelle (1873) – mais aussi des pages de Viardot elle-même, en français – la mélodie Ici-bas tous les lilas meurent et le duo Les Bohémiennes sur deux Danses hongroises de Brahms – ou en russe – Palunochtnie obrazi.


L’œuvre, sans être une rareté absolue – elle a été enregistrée chez Opera Rara avec Sandrine Piau dans le rôle-titre – avait de quoi susciter la curiosité. Attribué à Pauline Viardot, le livret aménage quelque peu le conte de Perrault: pour déclarer sa flamme à Cendrillon, le prince charmant se dissimule d’abord en mendiant, puis en grand chambellan – après tout, il est lui aussi ténor – tandis que la marâtre devient un baron dont on découvre qu’il fut épicier. Sans nécessairement renouer avec la réussite de L’Amour masqué, la mise en scène d’Emmanuelle Cordoliani ne manque pas d’idées, plus stimulée par les possibilités chorégraphiques qu’offre le livret, notamment durant le bal au deuxième acte, que par une dramaturgie assez rudimentaire. Faisant avec les moyens du bord, la scénographie s’accommode de l’équipement de l’auditorium, en particulier ses huit imposants panneaux tournants verticaux en fond de scène. Le piano étant placé en contrebas côté cour, l’action se déroule sur un praticable légèrement surélevé, qui recouvre toute la surface du plateau: en-dessous, ce sont les bas-fonds de la demeure où est reléguée l’héroïne mais aussi le lieu où sont rangés divers objets utiles à l’action (tabourets, table, balai, échelle double, ...). Hormis un dispositif sur roulettes s’entrouvrant sur de hauts miroirs, tout le reste est dit par les lumières de Bruno Bescheron, projetant de grandes ombres ou des motifs colorés sur les panneaux du fond, et, surtout, par les costumes de Sonia Bosc. Tout le monde s’en est donné à cœur joie: Cendrillon gavroche à foulard rouge maniant le balai sur une chorégraphie, sœurs trimballant d’immenses poupées à leur effigie et vêtues comme elles, chambellan en frac rouge, fée autoritaire et déjantée, ...


La pièce est brève (75 minutes) mais ne requiert pas moins de sept chanteurs. Inutile de dire que si la musique, succession de courts numéros (airs ou ensembles), est plus gentille qu’originale, demeurant fidèle aux subtils canons de l’opérette française, elle sait mettre en valeur les voix. Il est réconfortant de constater que dans cette jeune distribution originaire de tous les continents (Arménie, Chine, Maroc, ...), chacun s’attache à dire aussi bien qu’à chanter le texte avec une parfaite clarté, à commencer par Chloé Briot, qui s’impose en Cendrillon aux aigus encore un peu verts. Mais ses six partenaires n’ont pas grand-chose à lui envier, Chi Zhe en prince béat, Hovhaness Asatryan en baron indigne, Sabine Devieilhe en fée colorature, Johanna Brault et Hasnaa Bennani en greluches méchantes et infantiles, Xavier de Lignerolles en chambellan princier. Il faut sans nul doute aussi en remercier Emmanuel Olivier, non seulement pianiste mais aussi directeur musical de cette production.


Même si son souvenir risque fort de n’être qu’éphémère, voilà donc un moment plaisant et agréable à savourer dans l’instant.


Le site de Xavier de Lignerolles



Simon Corley

 

 

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