About us / Contact

The Classical Music Network

Normandie

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Final échevelé

Normandie
Deauville (Centre international de Deauville)
05/01/2010 -  
Robert Schumann : Adagio et Allegro pour alto et piano, opus 70
Felix Mendelssohn : Trio pour piano et cordes n° 2, opus 66
Johannes Brahms : Quatuor pour piano et cordes n° 3, opus 60

Alina Ibragimova (violon), Arnaud Thorette (alto), Jérôme Pernoo (violoncelle), Jérôme Ducros (piano)


J. Pernoo (© Guy Vivien)


Alors que se déroulait le septième salon Livres&Musiques dans plusieurs lieux « historiques » de Deauville, offrant lectures, conférences, tables rondes, concerts de variétés, de jazz ou de rock, séances de dédicaces et ventes de livres consacrés à la musique sous toutes ses formes, s’achevait le quatorzième festival de musique classique de la ville. Continuant soigneusement d’éviter l’insupportable année Chopin, la programmation proposait pour la dernière soirée trois compositeurs romantiques allemands déjà entendus cette année mais permettant de célébrer discrètement aussi un autre anniversaire, celui de la naissance de Robert Schumann (1810-1856).


Pour l’Adagio et Allegro pour alto et piano, initialement pour cor et piano en 1849, on retrouva au clavier un des fondateurs du festival : Jérôme Ducros. Il fut parfait de bout en bout tandis que l’alto d’Arnaud Thorette parut un peu fade dans la première partie mais s’anima dans la seconde, au demeurant bien plus intéressante au cor, le panache de cette page étant affaibli par l’alto, lui-même indéniablement écrasé par la sécheresse impitoyable de la salle.


La qualité instrumentale supérieure des artistes fut d’emblée évidente avec le Second trio (1845) de Felix Mendelssohn (1809-1847). Alina Ibragimova révéla un violon très sûr, au vibrato serré, et d’une limpidité remarquable, Jérôme Ducros, très attentif, un jeu tout en nuances, sans faille, sa partie étant infiniment complexe, et sans fautes de goût, tandis que Jérôme Pernoo, toujours impétueux, avait tendance à taper sur les cordes et à exagérer les traits au risque de s’approcher malheureusement d’une certaine vulgarité. La cohésion était néanmoins parfaite et le public fut tellement emporté par l’énergie de l’Allegro energico e con fuoco initial qu’il se mit à applaudir à tout rompre avant que l’organisateur du festival, Yves Petit de Voize, ne le rappelle à l’ordre pour réclamer quelque silence entre les mouvements. Les applaudissements parurent alors curieusement timides après le superbe final, lyrique et orchestral.


Après une pause interminable, les artistes de la première partie se retrouvèrent pour le Troisième quatuor pour piano et cordes (1875) de Johannes Brahms (1833-1897). Le jeu de Jérôme Pernoo ne changea guère, la violoniste parut moins parfaite mais Jérôme Ducros montra un jeu toujours aussi intelligent et distingué, notamment dans ses décrescendos du dernier mouvement si passionné et à l’effusion salvatrice, après un troisième proprement soporifique, l’ensemble paraissant alors un peu moins convaincant qu’en première partie et le public finalement presque décontenancé.


Ces lourdes pages démonstratives qui achevaient le festival de cette année où l’on célèbre le cent cinquantième anniversaire de la ville auraient réclamé en tout cas un peu d’air avant la sortie sous le crachin normand, ou d’ouverture, si l’on peut dire pour un concert de clôture, sur la modernité, notion dont Jérôme Ducros a su dans un remarquable article paru récemment dans la revue Commentaire proposer une approche fort nuancée. Il faudra peut-être attendre la création de Pascal Dusapin, du Groupe F et de Thierry Coduys, Opéra de feu, superposant sur la plage le 19 mai prochain tirs de fusées, feux, paysages sonores et visuels, diffusions de voix et de sons de grosse caisses, pour en entendre une nouvelle définition à Deauville.



Stéphane Guy

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com