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Réputations...

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Deauville (Centre international de Deauville)
04/30/2010 -  
Felix Mendelssohn : Romances sans paroles opus 38 n° 6 «Duetto», opus 19 n° 3 «Jagdlied» et opus 30 n° 6 «Venezianisches Gondellied» – Kinderstück, opus 72 n° 6 – Rondo capriccioso, opus 14 – Quatuor n° 6, opus 80
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Souvenirs de Florence, opus 70

Adrien La Marca (alto), Yan Levionnois (violoncelle), Jonas Vitaud (piano), Quatuor Ebène: Pierre Colombet, Gabriel Le Magadure (violon), Mathieu Herzog (alto), Raphaël Merlin (violoncelle)


Le Quatuor Ebène (© Julien Mignot)


L’affiche de l’avant-dernier concert du quatorzième festival de musique de Deauville associait deux compositeurs à la réputation voisine, celle d’être des auteurs sentimentaux, voire sirupeux et parfois inanes: Felix Mendelssohn (1809-1847) et Piotr Ilyitch Tchaïkovski (1840-1893). Pourtant, rien de tel dans le choix des œuvres présentées et leur interprétation par des artistes confirmés allait bien à l’encontre de cette réputation dépassée.


La première partie du concert était consacrée à quelques pièces pour piano et au dernier quatuor de Mendelssohn. Pour les premières, on retrouva avec plaisir Jonas Vitaud, alors que c’est son compère fréquent de la scène deauvillaise, Bertrand Chamayou, qui a marqué récemment l’actualité discographique par de brillants enregistrements de pages mendelssohniennes (lire ici). On fut quelque peu déçu par sa lecture (sans partition) du «Duetto», le tempo paraissant mal assuré, mais rasséréné par le côté plaisant et détendu du «Kinderstück», tandis que le martellement très schumannien du «Jagdlied» empreint d’une belle fierté précéda une délicate aquarelle vénitienne, «Venezianisches Gondellied». Le Rondo capriccioso était le morceau de virtuosité final typiquement mendelssohnien, d’une vitalité inouïe, de cette première partie. Jonas Vitaud sut en montrer toute la finesse et l’esprit et, sans cette perte de touches peu avant la coda, c’eût été parfait. Un pianiste, fidèle à Deauville, à suivre avec beaucoup plus d’attention.


L’introduction au Quatuor opus 80 était en tout cas idéale. Revenant, fatigué sembla-t-il, de Berlin, le Quatuor Ebène en fit une lecture intense mais nullement sombre ou désespérée alors que le quatuor est qualifié parfois de requiem pour Fanny, l’ensemble étant en tout état de cause remarquablement bien huilé. Si des coups d’archet du premier violon au début de l’Allegro assai pouvaient paraître durs, la suite fut sans cesse habitée, l’engagement des artistes étant total. A l’écoute de l’Adagio, on ne put qu’être sensible à la délicatesse voire la tendresse du discours, le violoncelle de Raphaël Merlin se révélant absolument souverain. Et c’est un Allegro molto passionnant de bout en bout qui conclut, rondement mené jusqu’à un final aussi époustouflant qu’exténuant.


Après une des pièces ultimes de Mendelssohn, et une longue pause, le Quatuor Ebène revint sur scène cependant pour interpréter une des dernières œuvres de... Tchaïkovski, fort complexe, des Souvenirs de Florence qui doivent bien peu à l’Italie si ce n’est au travers de la nostalgie évidente que la cité des Médicis suscita pour la terre natale du compositeur. Avec les excellents Adrien La Marca, à l’alto, et Yan Levionnois, au violoncelle, ils en offrirent une lecture d’emblée directe, franche, moderne pourrait-on dire, décapée, ce qui ne leur fit pas rater pour autant le chant et le vent sifflant entre les cordes de l’Adagio cantabile e con moto. Cette approche d’une réelle unité et d’une urgence constante permit de percevoir comme des préfigurations de la Sinfonietta de Janácek dans le troisième mouvement (Allegro moderato) avant que des danses rustiques slaves proprement terpsichoréennes et d’indéniables rythmes de folklore d’Europe centrale rappelant cette fois Dvorák ne soient emportés dans un tourbillon final exceptionnel de dimension orchestrale paraissant avoir achevé les artistes.


Le site du Quatuor Ebène



Stéphane Guy

 

 

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