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$ 12 778.05

Boston
Symphony Hall
04/29/2010 -  et 30 avril, 1er mai 2010
Ludwig van Beethoven : Ouverture Léonore 2 – Concerto pour piano n° 4
Béla Bartók : Concerto pour orchestre

Emanuel Ax (piano)
Boston Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)


B. Haitink (© Matthias Creutziger)


C’est Serge Koussevitzky qui en 1943 avait commandé à Béla Bartók le Concerto pour orchestre. Le programme de ce concert inclut une copie de la lettre envoyée au compositeur lui passant commande d’une œuvre orchestrale pour la somme de $ 1000 payable moitié à la commande, moitié à la réception. Pour que vous réalisiez, 1000 dollars de 1943 représentent $ 12778.05 d’aujourd’hui (source Dollartimes.com), soit 9613 euros ou 13770 francs suisses. Le génie n’a pas de prix.


Bartók et Koussevitzky auraient pu être fiers de la lecture que Bernard Haitink et le BSO ont donnée hier de cet extraordinaire chef-d’œuvre. Haitink prend des tempi légèrement plus lents que ceux, fort précis, indiqués par le compositeur mais cette retenue permet aux musiciens d’atteindre un niveau instrumental très élevé. Le redoutable deuxième mouvement, danse des couples, véritable hantise des instrumentistes à vents, est une merveille de précision tandis qu’Haitink donne tout son relief à l’accompagnement des cordes souvent délaissé par les chefs. Les musiciens trouvent tout le mystère et la poésie de l’élégie centrale ainsi que la brillance du Finale.


On a souvent reproché aux orchestres américains de privilégier les cuivres au détriment de cordes un peu monochromes. Ce n’est pas sans raison mais le magicien qu’est Haitink fait sonner son orchestre avec une rare cohérence. Les pupitres sont savamment équilibrés sans détimbrer, ce qui donne de vrais crescendos sans que la couleur orchestrale ne soit sacrifiée. Peut on avoir meilleur mélange des qualités musicales européennes et américaines ?


La première partie n’est pas tout à fait au même niveau. Le métier d’Haitink ne convainc pas que l’ouverture Léonore 2 soit plus qu’une curiosité qui n’a ni la cohérence ni la force des futures révisions que Beethoven fera de cette œuvre. Quand à Emanuel Ax, si la qualité de son toucher est très réelle, son rubato est trop marqué pour permettre que se dégage une pulsation régulière, élément si fondamental de la musique de Beethoven. Signalons que comme certains de ses collègues, il arpège le premier accord, contrairement à ce qu’indiquent de nombreuses éditions et qui surtout donne un caractère un peu précieux à l’introduction qui est si éloigné de l’esprit de ce concerto. C’est d’autant plus dommage que l’orchestre lumineux l’accompagne magistralement.


Suite à des problèmes de santé, le directeur musical du BSO, James Levine, a été souvent absent des podiums cette année, ce n’est jamais une bonne chose pour un orchestre. Il faut lui souhaiter un prompt rétablissement mais on peut dans l’immédiat être rassuré que son orchestre est vraiment dans une grande forme et figure dans le peloton de têtes des phalanges au-delà du seul continent américain.



Antoine Leboyer

 

 

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