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La victoire du «général Hiver»

Paris
Théâtre du Châtelet
04/29/2010 -  et 2 mai 2010 (Luxembourg)
Gustav Mahler : Symphonie n° 3

Christianne Stotijn (mezzo)
Chœur de Radio France, Robert Blank (chef de chœur), Maîtrise de Radio France, Sofi Jeannin (chef de chœur), Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)


C. Stotijn (© Marco Borggreve)


Suite du cycle de l’Orchestre national de France «Tout Mahler par Gatti» au Châtelet, étalé sur trois saisons pour marquer à la fois le cent cinquantième anniversaire de la naissance du compositeur (2010) et le centenaire de sa mort (2011): bien que les symphonies soient présentées dans l’ordre chronologique, la quatrième étape est consacrée non pas à la Quatrième symphonie (1896) mais à la Troisième, le premier concert ayant en effet été dédié à Das klagende Lied.


La Première (voir ici) puis la Deuxième (voir ici) avaient laissé un sentiment mitigé, de telle sorte que la perspective de cette Troisième paraissait moyennement enthousiasmante. Mais l’œuvre est suffisamment rare pour mériter à elle seule le déplacement: ainsi que la brochure très complète mise à disposition des spectateurs permet de le constater, le National lui-même ne l’a programmée qu’à six reprises depuis 1961, à un rythme d’environ une fois tous les huit ans depuis les vingt-cinq dernières années, la dernière fois sous la direction de Paavo Järvi en juin 2002 au Théâtre des Champs-Elysées puis en la basilique de Saint-Denis (voir ici). Et puis le climat déjà estival de cette fin avril constituait une incitation supplémentaire à goûter une symphonie dont le premier mouvement devait s’attacher, selon le scénario initialement décrit par le compositeur, à «suggérer le fracas tonitruant de l’Eté qui arrive».


Malheureusement, le «combat avec l’adversaire, l’Hiver», qui devait pourtant être «aisément défait» devant «la maîtrise absolue» de l’Eté «dans toute sa force et sa supériorité», apparaît d’emblée mal engagé: la fanfare initiale des cors est certes ponctuée d’interventions percutantes du reste de l’orchestre, mais semble plus pesante que conquérante. Ce sentiment se prolonge tout au long de la soirée: manque d’élan, déroulement laborieux, lenteur des tempi (40 minutes pour le seul premier mouvement, près de 110 minutes pour l’ensemble), comme si la partition n’était déjà pas assez monumentale par sa durée et par son effectif, caractérisent une interprétation terne qui ne prend jamais vie et dont les rares coups d’éclat deviennent presque incongrus. Et les choses se détériorent dans le Tempo di Menuetto, excessivement affecté, ou dans le Scherzo, où l’excellent cor de postillon de Marc Bauer sonne de façon très lointaine et pâtit surtout d’une battue raide et hâtive.


Les forces vocales, dont les interventions bénéficient, comme à l’occasion de la Deuxième symphonie, d’un surtitrage, font leur entrée en ordre dispersé: le chœur de femmes (traditionnellement installé en fond de scène) après le premier mouvement, la mezzo (au centre, devant les bois) après le troisième mouvement, de même que la maîtrise (debout côté jardin, derrière les premiers violons et, côté cour, derrière les altos), celle-ci retournant en coulisse au début du finale. Dans le lied «O Mensch», la Néerlandaise Christianne Stotijn tire son épingle du jeu, malgré une projection insuffisante et un timbre assez peu homogène, disant clairement le texte et chantant juste, de façon plus sobre que ne le laisse supposer une gestuelle extravertie. Le lied avec chœur «Es sungen drei Engel» manque en revanche cruellement de rebond et de fraîcheur.


Deux jours plus tôt dans la Sixième (voir ici), Daniel Harding avait également déçu par une allure trop retenue, mais au moins traduisait-elle rétrospectivement une certaine conception de l’œuvre, défendue avec cohérence, si contestable fût-elle. Daniele Gatti y croit pourtant visiblement et la performance de ses musiciens n’est pas davantage en cause que lors des précédents concerts, soutenant sans peine la comparaison avec celle de leurs collègues suédois, à commencer par l’impeccable trompette solo de Philippe Litzler. Le ton change toutefois dans le finale, nettement plus intéressant: on y retrouve le tempérament du chef d’opéra, même si ce n’est pas vraiment ici le sujet. Reste à espérer que l’accueil du public sera aussi enthousiaste à Luxembourg, où cette Troisième devait être donnée trois jours plus tard.


Le site de Christianne Stotijn



Simon Corley

 

 

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