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Changements et continuités

Normandie
Deauville (Centre international de Deauville)
04/17/2010 -  
Igor Stravinsky : Ragtime
Paul Hindemith : Konzertmusik pour piano, ensemble de cuivre et harpes, opus 49
Johannes Brahms : Sérénade n° 1, opus 11

Edouard Sabo (flûte), François Lemoine, (clarinette), Robin Paillette, Stéphane Bridoux, Julien Desplanque, Marianne Tilquin (cor), Romain Leleu (cornet à pistons, trompette), Thomas Peter, Mathieu Reinert (trompette), Maxime Delattre, Nicolas Drabik (trombone), Aymeric Richard (tuba), Luigi Gaggero (cymbalum), Jean-Baptiste Leclère (percussions), Amaury Coeytaux, Marc Bouchkov (violon), Adrien La Marca (alto), Yann Dubost (contrebasse), Guillaume Vincent (piano), Emmanuel Ceysson, Julien Marcou (harpe), Ensembles Initium et L’Atelier de musique, Marius Stieghorst (direction)





Côté changements. Le festival de musique de Deauville ne se déroule pas pour sa quatorzième édition dans la salle de bois Elie de Brignac, en travaux, au milieu de la verdure et des box de chevaux, mais dans une hideuse salle modulable bleu gris du Centre international de Deauville au pied d’un escalier rutilant digne de Cannes. La salle, sous les salons James Bond et Indiana Jones, rétrécie grâce à des rideaux de feutre noir, qui peut servir à des congrès comme à des championnats de France de tir, a des avantages. Facile à trouver entre le casino et la plage, elle est bien isolée de l’extérieur. On n’y entend pas les goélands envahisseurs ou les cloches de l’église et les fauteuils de congrès ou de banquet n’y sont pas dotés d’assises basculantes bruyantes comme dans la salle des ventes de yearlings mais il n’y a pas de dénivelé et l’acoustique y est désastreuse. Enfin, la programmation, étalée sur neuf concerts, fait monter de jeunes interprètes, qui ne sont en rien des amateurs, conformément à l’esprit du festival, et de nouveaux artistes pleins de talents sont donc à l’affiche comme au demeurant de nouveaux compositeurs : Olivier Greif et Reynaldo Hahn notamment.


Côté continuités. Yves Petit de Voize remercie comme chaque année le très actif maire de la ville, M. Philippe Augier, la présidente d’honneur de l’Association des amis de la musique à Deauville, l’ancienne ministre Monique Pelletier, la région Normandie, la fondation Singer-Polignac et l’incontournable groupe Lucien Barrière, et annonce chaque pause par un tonitruant «Le bar est ouvert!». Le public réparti de la même façon que dans la salle Elie de Brignac en arc de cercle autour d’une scène entourée d’hortensias rouges est quasiment le même que les années passées et les jeunes manquent toujours aussi cruellement malgré la gratuité de leur accès aux concerts. La programmation est toujours variée et fort intelligemment articulée autour des fins de semaine et des vacances scolaires de l’académie de Paris. Mais aussi les compositeurs sont parfois les mêmes : Schumann, Mendelssohn, Brahms, Dvorák, Ravel sont toujours à l’affiche. Certaines œuvres sont encore recyclées à l’instar de la version pour deux pianos de La Valse de Ravel ou de Contrastes de Bartók. Et la musique contemporaine est une nouvelle fois réduite à la portion congrue, ce qui ne laisse pas d’étonner pour de jeunes interprètes.


Le premier concert de la série était pourtant l’occasion d’entendre une pièce d’un de ses pères : Ragtime d’Igor Stravinsky (1882-1971), achevé le 11 novembre 1918. Malgré la jeunesse des artistes, il fallut regretter le manque d’entrain, une rythmique manquant d’arêtes et surtout une mise en place des plans sonores parfois hasardeuse, le tout étant il est vrai desservi par une absence totale de projection due à la médiocrité de la salle. La Konzertmusik de Paul Hindemith (1895-1963) qui suivit ne fut elle aussi pas favorisée par l’acoustique. Mais ce fut l’occasion de découvrir un très remarquable pianiste de dix-huit ans : Guillaume Vincent. Son jeu, à la métrique imperturbable, à la fois subtil et puissant, nous fit apprécier les changements de climat comme l’ironie de ses pages aussi rigoureusement bien écrites qu’ingrates et rarement offertes au public. Leur acidité et leur aspect curieusement parfois schönbergien transparaissaient sans peine dans une réalisation bien tenue sous la direction du chef Marius Stieghorst, notamment dans le quatrième et dernier mouvement.


La prestation laissait ainsi beaucoup attendre de la Première Sérénade (1858) de Johannes Brahms (1833-1897), premier essai symphonique de son auteur. Las, c’est une certaine déception qui suivit, les ensembles de vents Initium et de l’Atelier de musique semblant peu coordonnés. Trop grande concentration lors des répétitions sur les pièces de musique de chambre dans lesquelles le public était appelé à les entendre ultérieurement au cours du festival ? En tout cas, les cuivres, surtout les cors, dès le début, montrèrent leur insuffisance alors que les bois, notamment les bassons, surent finalement tant bien que mal tirer leur épingle du jeu. Après un chlorotique Adagio marqué par une certaine lourdeur, le troisième mouvement révéla pleinement la verdeur des artistes, le tout ayant tendance à se déliter fâcheusement. Les cordes semblèrent même abandonner la partie dans les deux derniers mouvements, aux thèmes de chasse rappelant Haydn, les timbales étant noyées dans un brouillard sonore attristant. Le tout s’acheva ainsi de façon quelque peu béquillarde. Il restait à espérer que le retour aux fondamentaux du festival – la musique de chambre – rattrape l’impression mitigée de ce premier concert dès le lendemain après-midi pour un programme exclusivement tchèque.


Le site du festival de Pâques de Deauville
Le site de l’ensemble Initium



Stéphane Guy

 

 

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