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Panaché musical

Paris
Cité de la musique
04/17/2010 -  et 13 (Frankfurt), 14 (Lugano), 16 (Bruxelles) avril 2010
György Ligeti : Concert Românesc
Serge Prokofiev : Concerto pour violon n° 1, opus 19
Camille Saint-Saëns : Introduction et Rondo capriccioso, opus 28
Robert Schumann : Symphonie n° 3 «Rheinische», opus 97

Lisa Batiashvili (violon)
Chamber Orchestra of Europe, Sakari Oramo (direction)


L. Batiashvili (© Mat Hennek)


Alors qu’il devait rejoindre le Théâtre des Champs-Elysées pour la deuxième étape de sa «tournée pascale», l’Orchestre des jeunes Gustav Mahler est resté immobilisé à Lisbonne par l’interruption du trafic aérien consécutive à l’éruption du volcan Eyjafjöll. L’Orchestre de chambre d’Europe, venant quant à lui de Bruxelles où il se produisait la veille, a pu mener à bien son propre itinéraire, qui s’est achevé comme prévu à la Cité de la musique, où la formation est en résidence cette saison pour quatre concerts (voir ici). Le panaché d’œuvres symphoniques et concertantes mais aussi modernes et romantiques dirigé par Sakari Oramo pour sa première apparition à la tête de cette formation montre qu’il est possible de proposer un beau programme sans qu’un fil rouge ou un point commun relie nécessairement les éléments qui le composent.


La popularité du Concert Românesc (1951) vient corroborer les craintes que Ligeti aurait exprimées avant de se résigner à le publier, près de quarante ans après l’avoir écrit. Car sa séduction mais aussi sa brièveté et son instrumentarium de taille modeste en font une partition très prisée des ensembles de chambre, exerçant un effet d’éviction au détriment de pages plus représentatives de son génie, comme Ramifications, le Concerto de chambre ou Melodien: de l’évidente référence à Bartók (Adagio ma non troppo) au pied de nez aux autorités (Presto poco sostenuto final), les concessions consenties aux censeurs staliniens – en vain, la création, après un premier déchiffrage, ayant été reportée aux calendes grecques – contraignent le style à évoluer sur une voie étroite entre conformisme et subversion. Enchaînant les quatre mouvements sans interruption, le chef finlandais peut se fonder sur l’excellence coutumière de l’orchestre, à la fois transparent et virtuose, manquant plus de rugosité que de mordant.


En mars 2003 à Mogador, Lisa Batiashvili avait interprété le Second concerto de Prokofiev avec l’Orchestre de Paris et, déjà, Sakari Oramo (voir ici). Dans le Premier, la violoniste géorgienne (née en 1979) possède la finesse requise pour rendre justice à ces moments parmi les plus subtils et ineffables de la littérature concertante, mais aussi une technique irréprochable qui finirait par rendre sa prestation stylistiquement un peu lisse. Tout en demeurant d’une impeccable élégance, elle extériorise davantage son jeu dans Introduction et Rondo capriccioso (1863) de Saint-Saëns, qui fait en quelque sorte office de bis: l’accompagnement, tour à tour amusé et sauvage, n’est pas en reste.


L’enregistrement live des deux premières symphonies de Schumann par Sakari Oramo avec son Orchestre philharmonique royal de Stockholm vient de sortir chez Sony: une nouveauté tout à fait honnête, mais peinant à s’imposer à force de ménager la chèvre de la tradition et le chou du dégraissage (voir ici). Dans la Troisième «Rhénane» (1850), la balance penche plus nettement du côté du chou, ce à quoi incite sans doute spontanément un effectif limité à 32 cordes, de nature à éloigner ce soupçon d’épaisseur qui s’attache toujours aux orchestrations schumanniennes: l’élan et la vigueur dominent – même le Nicht schnell avance vite, tandis que le quatrième mouvement paraît plus austère que solennel. Cela étant, non seulement le chef ne renonce pas aux démonstrations de puissance, mais il s’abandonne ici ou là, comme au disque, à quelques coquetteries ainsi qu’à un legato inattendus.


A défaut de l’affluence méritée, très beau succès pour cette soirée, qui s’achève sur l’un des six numéros de la musique de scène que Sibelius composa pour le drame Kuolema (1903/1906): non pas le premier, l’inévitable «Valse triste», mais le deuxième, «Scène avec des grues», qu’Oramo, après l’avoir présenté au public dans un excellent français, conduit avec un sens dramatique très efficace, travaillant sur les nuances dynamiques.


Le site de l’Orchestre de chambre d’Europe
Le site de Lisa Batiashvili



Simon Corley

 

 

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