About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Exotismes

Paris
Salle Pleyel
04/06/2010 -  
Thierry Pécou : Tremendum
Aram Khatchaturian : Concerto pour violon
Igor Stravinski : Le Sacre du printemps

Thierry Pécou (piano), Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon)
Orchestre Colonne, Laurent Petitgirard (direction)


T. Pécou (© Guy Vivien)


Voyage à travers les couleurs et les rythmes, les continents et les époques, ce programme de l’Orchestre Colonne se place résolument sous le signe du dépaysement, d’Amérique du Sud en Russie via l’Arménie. Cette fois-ci, le créneau que Laurent Petitgirard réserve systématiquement en début de concert à la musique contemporaine française est encore plus généreux que de coutume, puisque Tremendum (2005) de Thierry Pécou (né en 1965) dure plus de vingt minutes. Un an avant L’Oiseau innumérable, une autre page concertante pour piano inspirée quant à elle par la Martinique (voir ici), le compositeur a écrit ce «concerto-carnaval» comme un «hommage au Brésil» – un Brésil qu’il avoue ne pas ne connaître et qui est donc «rêvé, imaginé». Présentant son œuvre au public avant de s’installer au clavier, il explique avoir voulu illustrer la diversité culturelle du pays, mélange d’influences européennes, afro-américaines et amérindiennes, danses frénétiques et rituels incantatoires que les échos d’une chanson «juste un peu trop sucrée» ne parviennent pas à apaiser. Mais la musique suggère aussi des paysages où une nature foisonnante se mêle aux constructions coloniales.


Le soliste ne s’oppose pas à l’orchestre mais l’entraîne dans des ostinatos percussifs qui conduisent progressivement à un état de transe, aboutissement de cette «fête puissante où les individus laissent sortir du plus profond d’eux-mêmes souffrances et joies dans une conquête éphémère et cyclique de leur liberté». Difficile de ne pas penser à Villa-Lobos – dont plusieurs des Bachianas brasileiras sont d’ailleurs de nature concertante, tandis que Momoprecoce, également pour piano et orchestre, évoque explicitement le carnaval – mais revu par Messiaen, qui, au demeurant, l’admirait. Tremendum n’est peut-être pas aussi essentiel que la Symphonie du Jaguar ou Les Sacrifiées – un autre opéra, L’Amour coupable (d’après La Mère coupable de Beaumarchais), sera tout prochainement créé à Rouen – mais son caractère spectaculaire et démesuré, physique et roboratif, n’en exerce pas moins une forte séduction.


Devenu assez rare à l’affiche, bien que d’ores et déjà annoncé le 2 décembre prochain au Théâtre des Champs-Elysées avec Sergey Khachatryan, le Concerto pour violon (1940) de Khatchaturian regorge lui aussi de saveurs ensoleillées. Sous les yeux de son maître Gérard Poulet mais aussi de Marc Coppey, Ivry Gitlis et Georges Pludermacher, Jean-Marc Phillips-Varjabédian ne faiblit jamais et domine avec aisance cette partition destinée à David Oïstrakh, sans surenchère dans les épanchements, face à un orchestre offrant plus de vaillance que de subtilité. Le bis demeure une affaire nationale, le violoniste du Trio Wanderer interprétant la brillante Varjabédian-Rhapsodie (1997) que lui a dédiée le compositeur russe d’origine arménienne Alexandre Gasparov (né en 1961), présent dans la salle.


Après cette première partie copieuse et peu avare en décibels, Le Sacre du printemps (1913) n’apporte pas davantage de répit aux spectateurs qu’aux musiciens: même si la mise en place et les équilibres entre pupitres laissent parfois à désirer, Laurent Petitgirard a sans doute dû veiller avant tout à préserver l’essentiel. De ce fait, «L’Adoration de la Terre» manque de mordant, d’impact et de rebond, mais la seconde partie du «Sacrifice» se révèle plus réussie. Sans s’abandonner aux excès coupables de Lorin Maazel un mois plus tôt avec la Philharmonie de Vienne (voir ici), ce Sacre est solidement enraciné dans ses sources païennes et populaires, annonçant déjà le style à la fois dépouillé et caustique du Stravinski des Noces et d’Histoire du soldat.


Le site de Thierry Pécou



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com