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Homme à tout faire Paris Théâtre du Rond-Point 03/16/2010 - et 31 août-4 septembre (Noyon), 5 (Paris), 23-25 (Noyon) septembre, 5, 6, 7, 8 (Amiens), 26, 27, 28 (Saint-Denis) novembre, 4, 5 décembre (Aubergenville) 2009, 7, 8, 9 janvier (Evreux), 17, 18, 19, 20, 23, 24, 25, 26, 27, 30, 31 mars, 1er, 2, 3 (Paris), 13 (Rueil-Malmaison), 15 (Montbazon), 16 (L’Ile-Saint-Denis), 21, 22 (Evreux), 24 (Pornichet) avril, 9 (Caen), 18 (Saujon), 30 (Dax) mai, 3, 4, 5 (Toulon), 8, 9 (Quimper), 9 juillet (Namur) 2010 O Carmen
Olivier Martin-Salvan (acteur), Aurélien Richard (pianiste, chef de chant)
Nicolas Vial (mise en scène), Anne Reulet-Simon (dramaturgie), Florence Laforge (costumes), Pierre Peyronnet (éclairages)
O. Martin-Salvan (© Brigitte Enguérand)
Le Théâtre du Rond-Point reprend jusqu’au 3 avril «O Carmen», un spectacle dont il est coproducteur: créé voici près de deux ans, il tournera ensuite jusqu’à l’été dans diverses villes de France et même de Belgique. Cet «opéra clownesque» est le fruit d’une collaboration entre le comédien Olivier Martin-Salvan, le metteur en scène Nicolas Vial, qui furent respectivement Monsieur et Madame Jourdain dans le légendaire Bourgeois gentilhomme «à l’ancienne» de Benjamin Lazar, Cécile Roussat et Vincent Dumestre (voir ici), l’auteure Anne Reulet-Simon et le pianiste Aurélien Richard.
Près d’une heure et demie durant, la performance repose essentiellement sur la polyvalence virtuose d’Olivier Martin-Salvan, véritable homme à tout faire: la précision de son expression, tant la voix que les gestes, les attitudes ou le visage, lui permet de camper de manière cocasse et virtuose tous les personnages, tous les bruits et toutes les situations liés de près ou de loin à la répétition d’un opéra – Carmen, bien sûr. Chef d’orchestre, choristes, garde montante aussi bien que guitare électrique, rien ne résiste à son sens de l’évocation, à commencer bien évidemment par les chanteurs: Escamillo avantageux et aux éclats de rire tonitruants, qui pulvérise son spray au fond de la gorge entre deux répliques, Micaëla nunuche et, bien sûr, Carmen, qui partage le même prénom que la femme de ménage... et avale par mégarde son caniche. Mais la figure centrale est Louis Bosis, doublure de Don José qu’on va chercher dans l’oubliette où il se morfondait depuis cinq jours pour remplacer un ténor pas très doué victime d’un stupide accident de scène.
Un solo? Pas tout à fait, car Aurélien Richard, côté jardin à son piano, lorsqu’il n’observe pas d’un air médusé ou inquiet le déroulement des événements, accompagne les différents airs extraits de l’opéra, qu’Olivier Martin-Salvan aborde vaillamment dans toutes les tessitures requises. Mais celui qui fut chef de chant à l’Opéra national de Paris a également composé des musiques originales qui alternent avec les interludes de la partition de Bizet.
Si le propos est dense, sans le moindre temps mort, le dispositif est en revanche d’une grande sobriété: un banc au fond du plateau et un tabouret côté cour, la configuration des lieux étant au besoin précisée par les éclairages de Pierre Peyronnet. De même, l’acteur et le pianiste sont sobrement vêtus, les costumes de Florence Laforge adoptant une référence ouvrière, avec pantalon (à bretelles) et grosses chaussures de travail. Mais depuis l’audition des chanteurs jusqu’au tomber de rideau d’une première très redoutée où ils viennent «tous» saluer, véritable feu d’artifice final de l’acteur-caméléon qui doit ainsi enchaîner passer très rapidement d’un personnage à l’autre, rien n’échappe à l’œil acerbe des auteurs. En vrac: des professeurs de chant plus foutraques les uns que les autres; des sonneries de téléphone et de réveil sur l’air du toréador; un metteur en scène dépassé, Alfredo de la Mancha Cassada, et son «projet iconoclaste» de situer l’action dans une fête foraine, avec manège à taureaux de bois, où les cigarières n’ont pas droit de cité et sont donc devenues des fabricantes de barbapapa, autrement dit des barbapapères; un costumier dont le vocabulaire est à moitié constitué d’anglicismes trendy. Même les critiques musicaux ne sont pas oubliés, Evi Ruggera et un certain Patrick dont nul ne parvient à prononcer le nom.
Entre émotion et trivialité, une vision aussi délirante qu’attendrissante des coulisses du monde de l’opéra, de nature à réjouir tous les publics, bien au-delà des seuls lyricomanes.
Le site du Théâtre du Rond-Point
Le site d’Olivier Martin-Salvan
Le site d’Aurélien Richard
Simon Corley
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