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Shakespeare songs

Paris
Opéra-Comique
03/03/2010 -  
Ralph Vaughan Williams : The willow song (extrait de «Three Elizabethan Songs») – Come away, death – It was a lover and his lass – Three Shakespeare Songs
Benjamin Britten : Fancie
Frank Martin : Songs of Ariel
Thomas Morley : Now is the month of maying – I love, alas, I love thee – Sing we and chant it
John Dowland : A Fancy
Patrick Burgan : When forty winters
William Mathias : Shakespeare Songs, opus 80 (extraits)

Corine Durous (piano), Miguel Henry (luth), Chœur de chambre Les Eléments, Joël Suhubiette (direction)


J. Suhubiette (© Michel Garnier)


Entre deux représentations de Béatrice et Bénédict auquel il prend part en ce moment salle Favart (voir ici), le chœur de chambre Les Eléments, sous la direction de celui qui le fonda en 1997, Joël Suhubiette, présente sous le titre «As you like it...» un concert de pièces sur des textes de Shakespeare – l’auteur de la comédie dont Berlioz a tiré le livret de son opéra comique – reprenant en grande partie celui d’un disque paru voici quelques années chez Hortus. Un regret, d’emblée: le programme de salle, au demeurant assez sommaire, ne reproduit pas les textes chantés, et encore moins leur traduction, de telle sorte que le public, faute également de surtitrage, est privé d’une partie substantielle de l’intérêt de cette soirée. Dommage pour la bonne prestation de l’ensemble toulousain, devant un rideau baissé rendant encore plus exigeante une acoustique plus propice à la polyphonie qu’à la fusion des timbres et ne pardonnant pas la moindre faiblesse.


Shakespeare étant aux compositeurs britanniques ce que Goethe est à leurs homologues germaniques, les vingt-deux chanteurs commencent logiquement par Vaughan Williams: «The willow song» de Desdémone (Othello), deuxième des Trois chansons élisabéthaines (1899), et Come away, death (1899), sur un extrait de La Nuit des rois, témoignent de ce dépouillement stylistique que Debussy et Ravel trouvèrent eux aussi à la même époque dans la musique chorale ancienne. Mais le terreau populaire comptait tout autant pour Vaughan Williams, ainsi que le montre It was a lover and his lass (1922), part-song écrite à deux voix (masculines) et piano, tirée de Comme il vous plaira et réduite ici à sept chanteurs. Sur un extrait du Marchand de Venise et réservée cette fois-ci à neuf chanteuses (avec piano), la très courte Fancie (1961/1965) de Britten, qui venait d’achever son Songe d’une nuit d’été, enchaîne dans un esprit voisin. Puis c’est à nouveau Vaughan Williams, pour ses Trois chansons de Shakespeare (1951), d’une écriture beaucoup plus élaborée dans les deux premières, issues de La Tempête – «Full fathom five» et «The cloud-capp’d towers», solennelle et recueillie – pour retrouver une tonalité plus populaire dans «Over hill, over dale» (Le Songe d’une nuit d’été).


Mais Shakespeare n’a pas inspiré que les Britanniques. Alors qu’il travaillait à son opéra La Tempête, Frank Martin a publié cinq Chansons d’Ariel (1950), dont la deuxième n’est autre que «Full Fathom Five»: un recueil magnifique, d’une grande richesse de caractères et de styles, qui ne surprend pas de la part du compositeur d’une Messe pour double chœur a cappellaqui est l’une des pierres angulaires du répertoire choral du siècle dernier. Précédée d’un entracte qui ne s’imposait pas, vu la brièveté du programme (moins d’une heure), la seconde partie fait d’abord honneur à deux contemporains de Shakespeare, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, avec trois madrigaux à cinq voix (solistes) de Morley, accompagnés par le luth de Miguel Henry, qui reste ensuite seul en scène pour donner A Fancy de Dowland.


Place enfin à la musique de notre temps, avec d’abord Patrick Burgan, qui fêtera dans deux semaines ses 50 ans et qui a mis en musique le sonnet When forty winters (1998) pour le chœur Les Eléments, auquel il avait déjà précédemment confié un Stabat Mater: une poignante déploration contrapuntique alterne avec des passages scandés et récités, d’où se détache finalement un ténor soliste. Au complet (et avec la pianiste Corine Durous), Les Eléments concluent sur les Chansons de Shakespeare (1978) du Gallois William Mathias (1934-1992), auteur de (trois) belles symphonies, mais surtout connu pour ses pièces chorales destinées au culte anglican. Ces chansons s’inscrivent dans la descendance de Vaughan Williams – d’autant qu’on y entend une fois de plus «Full fathom five» – et Britten – notamment dans les deux dédiées exclusivement aux hommes («Lawn as white as driven snow») puis aux femmes («Sigh no more, ladies») – mais une voix originale et personnelle s’élève dans la sixième, la plus développée, «Dirge» (chant funèbre). On voit mal en revanche pourquoi l’avant-dernière («It was a lover and his lass») est omise, alors qu’elle aurait ici aussi donné l’occasion d’une comparaison avec Vaughan Williams, dont «The willow song» est toutefois reprise en bis.


Le site du chœur de chambre Les Eléments
Le site de Patrick Burgan



Simon Corley

 

 

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