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Un Otello peut en cacher un autre

Lausanne
Salle Métropole
02/21/2010 -  et 24*, 26, 28 février 2010
Gioacchino Rossini: Otello

John Osborn (Otello), Olga Peretyatko (Desdemona), Giovanni Furlanetto (Elmiro), Maxim Mironov (Rodrigo), Shi Yijie (Iago/Gondoliere), Isabelle Henriquez (Emilia), Rémy Corazza (Doge), Sébastien Eyssette (Lucio)
Chœur de l’Opéra de Lausanne, Véronique Carrot (direction), Orchestre de Chambre de Lausanne, Corrado Rovaris (direction musicale)
Giancarlo del Monaco (mise en scène), Carlo Centolavigna (décors), Maria Filippi (costumes), Wolfgang von Zoubek (lumières), Claudio Raneri (collaboration artistique)


(© Marc Vanappelghem)


Si l’Otello de Verdi est un chef-d’œuvre de construction psychologique et de progression dramatique, un condensé d’émotions et de passions inégalé dans toute l’histoire de l’opéra, l’autre Otello, celui de Rossini, est un bijou belcantiste à l’état pur, un somptueux écrin servant à magnifier les prouesses vocales d’interprètes d’exception. L’ouvrage du maître de Pesaro est un casse-tête pour tout responsable de théâtre lyrique: où trouver aujourd’hui 3 ténors capables d’affronter les pyrotechnies de la partition? N’est pas Juan Diego Florez qui veut. La gageure n’a en tout cas pas rebuté Eric Vigié, directeur de l’Opéra de Lausanne, à qui on saura gré d’avoir osé programmer un titre un peu trop vite oublié. Car l’Otello rossinien a connu un triomphe lors de sa création à Naples en 1816, et le succès ne s’est ensuite jamais démenti. Jusqu’à l’arrivée de l’Otello de Verdi en 1887, qui a éclipsé son aîné. Ces représentations lausannoises viennent aussi opportunément rappeler que Rossini n’a pas écrit que des opéras bouffe. Le livret, qui ne doit pas grand-chose à Shakespeare, est truffé de longueurs et d’invraisemblances; heureusement, il est racheté par la musique, qui compte quelques-unes parmi les plus belles pages composées par Rossini. Mais encore faut-il disposer des chanteurs adéquats.


De ce point de vue, le pari de l’Opéra de Lausanne est gagné, si ce n’est totalement, du moins largement. De la distribution se détachent nettement le ténor viril et vaillant de John Osborne, parfait styliste, Otello aux aigus percutants, la Desdémone aux mille et une couleurs vocales et au timbre capiteux d’Olga Peretyatko ainsi que l’Emilia à la chaude voix de velours d’Isabelle Henriquez. Un cran en dessous, l’élégant Maxim Mironov séduit, quant à lui, par le raffinement qu’il confère à Rodrigo, alors que les autres solistes sont à la peine. Vif et précis, l’Orchestre de Chambre de Lausanne, placé sous la baguette de Corrado Rovaris, est un accompagnateur attentif. Dans le bleu du décor, figurant à la fois la mer et le ciel, Giancarlo del Monaco a imaginé un ingénieux dispositif de portes mobiles, avançant et reculant au gré de l’action, laissant entrer et sortir les personnages, en cachant d’autres, démultipliés en traîtres Iago. Malgré la longueur de la soirée (près de 3 heures et demie), on reste sous le charme de cette découverte.



Claudio Poloni

 

 

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