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«Folle journée» verdienne

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/24/2010 -  et 26, 28 février, 2 mars 2010
Giuseppe Verdi : Falstaff

Anthony Michaels-Moore (Falstaff), Jean-François Lapointe (Ford), Paolo Fanale (Fenton), Raúl Giménez (Dr Cajus), Patrizio Saudelli (Bardolfo), Federico Sacchi (Pistola), Anna Caterina Antonacci (Alice Ford), Chen Reiss (Nannetta), Marie-Nicole Lemieux (Mrs Quickly), Caitlin Hulcup (Meg Page)
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées, Orchestre national de France, Daniele Gatti (direction)
Mario Martone (mise en scène), Sergio Tramonti (décors), Ursula Patzak (costumes), Pasquale Mari (lumières)


M.-N. Lemieux, C. Hulcup, C. Reiss, A. C. Antonacci
(© Alvaro Yanez)



Déjà présenté à cinq reprises en juin 2008 (voir ici), le Falstaff (1893) produit par le Théâtre des Champs-Elysées revient pour quatre représentations. Faut-il attribuer aux vacances scolaires le fait qu’il restait des places libres le soir de la première? En tout état de cause, gageons que si le bouche à oreille fonctionne bien, tel ne devrait pas être le cas pour les deux soirées et la matinée restantes, car malgré une affiche en grande partie renouvelée, le spectacle n’a rien perdu de ses qualités en deux ans.


Voilà en effet une mise en scène solide et efficace qui, sans chercher midi à quatorze heures, n’en constitue pas moins une réussite totale, grâce à un esprit et une finesse sans lesquels il ne saurait y avoir de Falstaff digne de ce nom. Calant de façon millimétrée les gestes des chanteurs sur le déroulement de la partition, Mario Martone mène l’action à un rythme endiablé: une véritable «folle journée» verdienne – au demeurant, comme dans Les Noces de Figaro, les multiples intrigues se dénouent en plein air... et en pleine nuit. La transposition chronologique – du XVe siècle des Lancastre à l’époque de la composition de la commedia lirica – fonctionne parfaitement, notamment grâce aux superbes costumes d’Ursula Patzak. Les décors de Sergio Tramonti cultivent également la veine victorienne, quoique de façon moins univoque. Au centre, des escaliers et un échafaudage à deux niveaux traversent le plateau de part en part sur toute sa largeur: suffisamment léger pour se transformer à vue au moment de la fugue finale, ce dispositif suffit cependant à suggérer des lieux, comme la chambre de Falstaff à l’auberge, et offre en outre la possibilité de varier à l’infini les déplacements des personnages. Mais il permet aussi, par exemple, d’accrocher des rideaux derrière lesquels ils peuvent se cacher et, plus généralement, d’introduire une distance – propice aux nombreux apartés – par rapport à l’avant-scène. Quant il n’est pas fermé, le fond laisse voir le grand portail de la maison des Ford ou le grand chêne du parc de Windsor. Et c’est dans ce tableau final que les lumières de Pasquale Mari, jusque là un peu ternes et rasantes, prennent une dimension féerique, en harmonie avec l’apparition des esprits sylvestres.


Changement de taille par rapport à 2008, celui du rôle-titre: s’appuyant sur un chant de grande qualité, à la fois souple et très sûr, le baryton anglais Anthony Michaels-Moore ne surjoue pas l’épaisseur et la vulgarité de Falstaff, qui en devient sinon raffiné, du moins touchant mais aussi crédible, comme lorsqu’au retour de sa baignade forcée, il évoque avec amertume le poids des ans et l’écoulement du temps. Les autres principaux rôles masculins ont également été renouvelés: Jean-François Lapointe campe un Ford jeune et impulsif, à la voix légère et aisée dans l’aigu, mais un peu mate, qui peine parfois à passer la rampe; Paolo Fanale, quant à lui, n’est pas mis en difficulté par la tessiture de Fenton, mais son «Dal labbro il canto estasiato vola» au dernier acte regarde déjà un peu trop vers Puccini.


Le quatuor féminin a en revanche été reconduit aux trois quarts: Anna Caterina Antonacci est une Alice toujours aussi luxueuse, Marie-Nicole Lemieux une Mrs Quickly toujours aussi truculente, poitrinant et nasillant pour pousser à bout son incarnation de la «femme Mercure», et Caitlin Hulcup une commère toujours aussi piquante en Meg. Nouvelle venue, l’Israélienne Chen Reiss s’impose en Nannetta agile et très en verve, aussi bien vocalement que scéniquement.


A l’occasion de ce Falstaff, Daniele Gatti effectue ses débuts de chef d’opéra à Paris. L’Orchestre national de France, dont tous les musiciens viennent saluer sur scène au moment des rappels, s’ébroue joyeusement sous la baguette de son directeur musical, qui, malgré une tendance à grossir le trait, celui de la farce plus que de la comédie, confirme un sens dramatique certain.


Le site d’Anthony Michaels-Moore
Le site de Chen Reiss
Le site de Marie-Nicole Lemieux



Simon Corley

 

 

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