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Retour de Croisade

Zurich
Opéra de Zürich
06/20/1999 -  et 23, 27*, 29, 30 juin, 4, 7, 11 juillet 1999
Giuseppe Verdi : I Lombardi alla prima crociata (les Lombards à la première croisade)
Boito Zvetanov (Arvino), Carlo Colombara (Pagano), Margaret Chalker (Viclinda),
Elena Prokina (Giselda), Cheyne Davidson (Pirro), Kenneth Roberson (l’évêque de Milan), Peter Kálmán, (Acciano), Vincenzo La Scola (Oronte), Judith Schmid (Sofia)
Choeurs et orchestre de l’Opéra de Zürich, Nello Santi (direction)
Giancarlo Cobelli (mise en scène), Paolo Tommasi (décors et costumes)

Tandis que l’Opéra de Vienne proposait ce mois de mai dernier une reprise de Jérusalem dans la mise en scène de Robert Carsen, L’Opéra de Zürich choissisait d’afficher I Lombardi alla prima crociata dans la mise en scène de Giancarlo Cobelli, créée pour les représentations du Teatro Comunale de Bologne de 1994.

I Lombardi alla prima crociata furent représentés pour la première fois à la Scala de Milan en février 1843 : le succès fut immédiat et égala celui de Nabucco, qui avait tenu triomphalement l’affiche jusqu’à la fin de l’année 1842. Les Milanais eurent tôt fait de s’identifier aux valeureux Lombards qui, en 1099, délivrèrent Jérusalem des musulmans et les choeurs de cet opéra (notamment à l’acte III scène 1 ou acte IV scène 1) devinrent des hymnes du Risorgimento au même titre que "Va pensiero". Les Lombards gagnèrent l’Europe toute entière et traversèrent même l’Atlantique puisque c’est avec cet opéra que Verdi fit ses débuts à New-York. À Paris, il proposa au public parisien une traduction largement modifiée, Jérusalem.

La mise en scène de Giancarlo Cobelli, dans les décors et les costumes de Paolo Tommasi, restitue l’Italie des Croisades. La scène est essentiellement plongée dans l’obscurité, différents éléments mobiles -comme les rochers ou la grotte de l’ermite- venant préciser les changements de lieu qui accompagnent les nombreux tableaux. Seule une chapelle surmontée d’une croix apparaît de façon quasi-permanente en fond de scène ; elle est l’autel de la cathédrale de Milan au premier acte, puis, dissimulée derrière les remparts de Jérusalem, elle symbolise le tombeau du Christ avant d’apparaître, glorieuse et inique, au milieu des décombres consécutifs à l’assaut des Croisés, d’où surgissent cinq enfants ensanglantés qui s’avancent sur le devant de la scène. Au livret enflammé de Temistocle Solera, Giancarlo Corbelli oppose l’hypocrisie des guerres de religion, l’opéra se clôt par une louange au Seigneur à la dernière note de laquelle les choristes exhibent leurs mains rouges de sang. L’approche se limite essentiellement à dénoncer les guerres " Au nom de Dieu", et on regrette que les chanteurs n’aient été que peu guidés dans leur approche des protagonistes.

Il est vrai que les situations et les caractères façonnés par Solera demeurent assez frustres, si l’on fait exception de l’évolution de Giselda, vierge pieuse puis femme de passions, et de celle de Pagano. Carlo Colombara, dont la présence est naturellement solennelle, est davantage l’ermite repenti que le fratricide haineux de la cabalette "Sciagurata ! hai tu credeto " du premier acte. Vocalement, on le sent également plus à l’aise dans "E ancor silenzio -Ma quando un suon terribile" , ou dans le magnifique trio de la mort d’Oronte "Qual voluttà trascorre" soutenu par le chant du violon de Ada Pesch, très applaudie. Roger (Jérusalem) est certes calqué sur Pagano mais le rôle est écrit dans une tessiture plus grave, qui conviendrait davantage peut-être à la basse italienne. La soprane ukrainienne Elena Prokina déploie sa voix ronde et généreuse dans Giselda. Consciente des proportions du théâtre de Zürich, elle prend garde à ne pas se laisser entraîner par ses moyens vocaux et chante à mi-voix le "Salve Maria-di grazie il petto" (acte I, sc2) ainsi que "Oh madre, dal cielo soccri al moi pianto" (acte II, sc3). Ces merveilleuses prières perdent toute émotion - le seul chant "piano" visant à traduire la sensibilité du personnage- et engendrent même une certaine monotonie par leur manque de couleur, de relief . La furie blasphématoire de la grande scène "No!no!giusta causa non è d’Iddio" permet à Giselda d’aller jusqu’au bout de ses passions, de même que la fougueuse cabalette "Qual prodigio" . On regrettera toutefois une expressivité dramatique excessive qui masque l’esthétique belcantiste de ces airs. Vincenzo La Scola est un Oronte des plus convaincants, le lyrisme de ses accents, la sûreté de son émission confèrent à son personnage une belle dimension. Mention spéciale à l’Arvino de Boiko Zvetanov aux aigus clairs et vaillants. L’ensemble des seconds rôles est bien tenu. On louera l’excellence des choeurs de l’Opéra de Zürich, ainsi que celle de l’orchestre dirigé par Nello Santi, auquel on peut reprocher quelques accélérations sensibles dans les finals ainsi qu’une légère tendance, parfois, à accentuer les quelques facilités de la partition au lieu de les minimiser... La représentation a été, à juste titre, chaleureusement acclamée par le public et l’on se réjouit de pouvoir découvrir, dans des conditions si remarquables, deux opéras de jeunesse de Verdi lors de la saison prochaine.

Laurence Varga

***

Programme de la saison 1999-2000 :
A noter, en début de saison, deux opéras de jeunesse de Verdi Un giorno di Regno et I due Foscari suivi de Simplicius de Johann Strauss (octobre). Matthias Goerne abordera le
rôle-titre de Wozzeck de Berg. Nikolaus Harnoncourt dirigera à nouveau, après les représentations des Wiener Festwochen de ce mois de juin, die Fledermaus , ainsi que Cosi fan tutte avec Cecilia Bartoli en Dorabella ; Orphée et Euridice de Gluck sous la baguette de William Christie, Anna Bolena de Donizetti, Arabella de Richard Strauss, La Dame de Pique avec le Hermann de Gösta Winbergh et Lulu comptent également parmi les Premières de cette saison. Il ne faudra par non plus oublier les reprises de Boris Goudounov avec la somptueuse basse finlandaise Matti Salminen, de Traviata, Cenerentola avec l’Angelina de Cecilia Bartoli, Hänsel et Gretel, L’elisir d’amore, Nabucco , Il Matrimonio segreto de Cimarosa, der Fliegende Holländer, Samson et Dalila qui permettra de retrouver l’impressionnant Samson de José Cura (en juin), Un ballo in maschera, Lucia di Lammermoor, I Puritani, Il barbieri di Siviglia, Rigoletto, Luisa Miller, Werther avec la Charlotte de Vesselina Kasarova et le rare Sly de Wolf-Ferrari avec José Carreras.


Laurence Varga

 

 

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