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De Beethoven à Schönberg

Paris
Salle Pleyel
02/05/2010 -  
Ludwig van Beethoven : Concertos pour piano n° 1, opus 15, et n° 4, opus 58
Arnold Schönberg : Cinq pièces, opus 16

Staatskapelle Berlin, Daniel Barenboim (piano et direction)


L’Opéra d’Etat Unter den Linden (© Max Lautenschläger)



Depuis plusieurs saisons, la Staatskapelle de Berlin est l’une des formations allemandes qui, à l’invitation de Piano ****, se produit le plus régulièrement à Paris, au Châtelet et désormais à Pleyel: avec Daniel Barenboim – Generalmusikdirektor depuis 1992 (succédant à Otmar Suitner, décédé le mois dernier à l’âge de 87 ans), et «chef à vie» depuis 2000 – mais aussi, en novembre 2008, avec Pierre Boulez. Comme en octobre 2006 (voir ici et ici), pas moins de trois concerts, assemblant des œuvres déjà présentées dans des agencements différents en Allemagne puis en Angleterre: les cinq Concertos pour piano de Beethoven et trois des plus grandes partitions orchestrales de Schönberg.


Beethoven et Schönberg: ainsi que le relève Michel Le Naour dans les notes de programme, le rapprochement va de soi, mais, curieusement, est fort peu évoqué dans les écrits théoriques, pourtant abondants, du «découvreur» du système dodécaphonique, que Barenboim vient tout juste d’inscrire au menu de la Philharmonie de Vienne dans la capitale autrichienne puis à New York (voir ici et ici). Toujours est-il que ce choix de programmation offre un complément un tant soit peu original à ces Concertos pour piano de Beethoven qui se succèdent actuellement ad nauseam à Paris: Maria Joao Pires la semaine précédente pour le Deuxième (voir ici), Mitsuko Uchida dans trois semaines pour le Quatrième, sans oublier l’intégrale en cours par François-Frédéric Guy, étalée sur deux saisons et couplée avec les principales pages symphoniques de Bartók sous la baguette de Philippe Jordan – le directeur musical de l’Opéra de Paris (et premier chef invité du Staatsoper) était d’ailleurs présent dans la salle pour le premier concert, non loin de Guennadi Rojdestvenski et de son épouse Viktoria Postnikova.


En 1967, Daniel Barenboim a enregistré ces concertos sous la direction d’Otto Klemperer pour EMI, une version qui demeure solidement ancrée parmi les références. Il n’est évidemment pas le premier à se lancer dans l’aventure consistant à les diriger depuis le piano – Christian Zacharias avait par exemple relevé le défi en deux soirées seulement en janvier 2007 au Théâtre des Champs-Elysées (voir ici) – et, avant d’en laisser un témoignage sur DVD, capté en public en 2007 pour Medici, il avait déjà lui-même tenté l’expérience à de nombreuses reprises du temps de son mandat à l’Orchestre de Paris avec le Premier concerto (1798), sur lequel s’ouvre cette série.


Un début moyennement engageant, entre un piano plus giocoso que con brio dans l’Allegro initial, qui rappellerait parfois Martha Argerich si ses martèlements et accents ne paraissaient pas davantage affectés que spontanés, d’autant qu’ils s’accompagnent de ralentis et hésitations trop étudiés. Les choses prennent une tournure franchement déplaisante dans le Largo, chopinien avant l’heure, mais surtout lesté par un rubato difficilement supportable quand on a encore en mémoire la miraculeuse simplicité de Pires dans le mouvement lent du Deuxième quelques jours plus tôt. Offrant moins de prise à des divagations solistes, le Rondo final revient à des sentiments plus raisonnables. Remarquablement malléable, l’orchestre, en effectif réduit (33 cordes), contribue à cet ensemble de moments impeccablement réalisés mais d’une cohérence pas toujours évidente, jouant tour à tour en finesse et en force: ainsi de ces accords de quarte et sixte bien sonores avant les cadences – celle du premier mouvement est d’ailleurs suffisamment inhabituelle pour qu’il ne soit pas tentant de l’attribuer à Barenboim lui-même.


Cinq jours après l’Opus 6 de Berg (voir ici), voici l’Opus 16 (1909) de Schönberg, presque aussi rare: heureuse conjonction! Encore plus flamboyant qu’Alan Gilbert dans les pièces de l’élève, Barenboim – par cœur – aborde les Cinq pièces du maître d’une manière radicalement différente de celle d’un Gielen ou d’un Boulez, et ce dès les «Pressentiments» de la première pièce, intensément dramatiques. Le «Passé» de la deuxième offre ensuite un regard en arrière sur La Nuit transfigurée ou Pelléas et Mélisande, tandis que les miroitements des fameuses «Couleurs» de la troisième demeurent plus «impressionnistes» que révolutionnaires. Généreusement postromantique, la «Péripétie» laisse la place à un spectaculaire «Récitatif obligé».


Après l’entracte, le Quatrième concerto (1806), avec un orchestre légèrement renforcé (40 cordes), apporte bien plus de satisfactions que le Premier: davantage de sobriété et de simplicité, un discours plus ferme, voire carré et martial, sinon dans la cadence – usuelle – de l’Allegro moderato initial, au déroulement assez déroutant mais riche de merveilles digitales. L’Andante con moto atteint même des sommets d’inspiration, que le Rondo conclusif ne vient pas gâcher. Répondant à une standing ovation assez prévisible, Barenboim donne le Deuxième (en la bémol) des quatre Impromptus (1828) de l’Opus 142 (D. 935) de Schubert, avec des prodiges de toucher allant jusqu’à une évanescence qui finit par sembler surfaite.


Le site de Daniel Barenboim
Le site de la Staatskapelle de Berlin



Simon Corley

 

 

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