About us / Contact

The Classical Music Network

Paris

Europe : Paris, Londn, Zurich, Geneva, Strasbourg, Bruxelles, Gent
America : New York, San Francisco, Montreal                       WORLD


Newsletter
Your email :

 

Back

Pâles copies

Paris
Bibliothèque polonaise de Paris
02/03/2010 -  
Robert Schumann : Kreisleriana, opus 16 (extraits)
Edward Wolff : Hommage à Chopin (Rêverie-Nocturne), opus 169
Franz Bendel : Nocturne à la Chopin, opus 102 n° 2
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Un poco di Chopin, opus 72 n° 15
Pasquale Catalanotti : Un reflet de la «Marche funèbre» de Chopin (Mazurka de salon), opus 14
Blas María de Colomer : Alla Chopin
Edouard Nápravník : Notturno (La Réminiscence de Chopin), opus 48 n° 1
Benjamin Godard : Hommage à Chopin extrait de «Lanterne magique», opus 66 n° 2
Zbigniew Szymonowicz : Deux mazurkas
Frédéric Chopin : Valse opus 64 n° 2 – Fantaisie-Impromptu, opus 66
Clément Doucet : Chopinata

Teresa Czekaj (piano)


T. Czekaj



Héritière de la Société littéraire fondée en 1832 dans l’élan de l’insurrection polonaise, la Société historique et littéraire polonaise (SHLP) de Paris, sise en l’île Saint-Louis depuis 1854, héberge aujourd’hui trois musées, chacun dédié à un artiste émigré: le musée Adam Mickiewicz; le «salon Chopin», qui présente des portraits du compositeur et de ses proches, son masque mortuaire et un moulage de sa main gauche ainsi que divers objets et documents; enfin, le musée Boleslaw Biegas (1877-1954), peintre et sculpteur qui a légué l’ensemble de son œuvre à la SHLP. Le lieu abrite également la Bibliothèque polonaise de Paris (BPP), dont le petit auditorium Jean-Paul II accueille régulièrement des concerts gratuits.


Le bicentenaire de Chopin, qui fut l’un des premiers membres de la SHLP, y sera bien évidemment célébré: après une inauguration par Noel Lee et Romain Hervé le mois dernier, «Chopin 2010» offre du 22 janvier au 17 juin un cycle de quatre concerts «Chopin et ses héritiers» avec la violoncelliste Marie-Thérèse Grisenti et le pianiste Marc Vitantonio. Mais l’«année Chopin» s’invite également aux «mercredis musicaux» de l’Association des artistes musiciens polonais en France (AAMPF), présidée par la claveciniste Elisabeth Chojnacka: du 21 octobre au 9 juin, dix dates ouvertes aux styles et aux époques les plus divers, y compris le jazz avec Martial Solal le 24 mars. C’est dans ce cadre que Teresa Czekaj a choisi de s’intéresser à «Chopin, source d’inspiration».


Sur le papier, l’idée de la pianiste polonaise était séduisante, tant l’influence de Chopin sur l’évolution de la technique et de l’écriture pour piano a été considérable. Schumann fut l’un des tout premiers à saluer le génie de son aîné de trois mois: l’un des mouvements de Carnaval s’intitule «Chopin» et, en 1838 – qui fut aussi l’année de création de la BPP – il lui dédia ses Kreisleriana. L’admiration n’était pas réciproque, mais Chopin n’en remercia pas moins dès l’année suivante, en adressant à Schumann sa Deuxième ballade: Teresa Czekaj ne joue pas cette ballade mais six extraits des Kreisleriana – pourquoi, dès lors, ne pas donner les deux pièces manquantes? Malheureusement, sur un médiocre Bösendorfer, les moyens ne sont pas à la hauteur des ambitions: trop d’erreurs, trop de précipitation, trop de pédale.


Plutôt que de poursuivre par un panorama des «héritiers» de Chopin, aussi différents que Fauré, Rachmaninov, Scriabine ou Szymanowski, elle a préféré des pièces mineures et des petits maîtres, dont certains totalement oubliés de nos jours. Même en adoptant son parti pris d’assimiler «source d’inspiration» et œuvres dont le titre fait simplement référence de façon explicite à Chopin, il aurait pourtant été possible de bâtir un programme plus substantiel avec, par exemple, Balakirev, Grieg, Busoni, Mompou ou Honegger mais aussi tous ceux qui, comme Villa-Lobos, composèrent des hommages pour célébrer le centenaire de sa mort en 1949 sous l’égide de l’UNESCO.


Un Marc-André Hamelin ou un Stephen Hough n’auraient pas été de trop pour y mettre davantage de chic, de piment et de technique, et rendre plus digeste cette succession de fades pièces de salon adoptant immuablement la forme ABA. Cela étant, il faut profiter de la rare occasion d’entendre Edward Wolff (1816-1880), qui, comme Chopin, travailla avec Joseph Elsner à Varsovie et émigra à Paris dès 1835: sous-titré «Rêverie-Nocturne», son Hommage à Chopin (1852) a sans nul doute fait les délices des jeunes filles de bonne famille. L’Allemand Franz Bendel (1833-1874), bien qu’élève de Liszt, se rapproche peut-être un peu plus du «modèle» dans le «Nocturne à la Chopin», deuxième de ses pièces de l’Opus 102, mais la ressemblance demeure purement superficielle.


Même Tchaïkovski apparaît assez extérieur dans «Un poco di Chopin», quinzième des dix-huit pièces de son Opus 72 (1893). Que sait-on du mystérieux Pasquale Catalanotti? A peu près rien, sinon qu’Un reflet de la Marche funèbre de Chopin, sous-titré «Mazurka de salon», «propriété de la Maison Diacono, de Tunis», fut publié en 1888 et dédié «à Melle Marguerite Malmusi»: l’apparition du thème central de la «Marche funèbre» sonne moins comme un hommage que comme une irrévérence à la Hoffnung – quoiqu’ici involontairement comique. La mazurka Alla Chopin de Blas María de Colomer (1840-1917), Valencien qui fit carrière à Paris, demeure dans le même registre aimable et léger.


Un peu plus connu, le chef et compositeur tchèque Edouard Nápravník (1839-1916) joue la carte du pastiche dans le «Notturno (Réminiscence de Chopin)», première des quatre pièces de l’Opus 48 (1894), mais «Chopin», deuxième des six pièces de la troisième partie (1888) de Lanterne magique de Benjamin Godard (1849-1895), adoptant un rythme de valse, se montre harmoniquement plus intéressant. C’est également le cas de deux Mazurkas de Zbigniew Szymonowicz (1922-1999), huitième prix au concours Chopin en 1949, dont Teresa Czekaj fut l’élève avant de venir suivre à Paris l’enseignement de Dominique Merlet.


Après cette série de pâles copies des Nocturnes et Mazurkas de Chopin, elle aurait pu montrer tout ce qui les sépare des originaux, mais elle opte pour la Deuxième des trois Valses de l’Opus 64 (1847) et la Fantaisie-Impromptu (1835). C’est que Chopinata (1927) de Clément Doucet (1895-1950), pianiste belge célèbre pour le duo qu’il formait avec Jean Wiener, passe les thèmes de ces deux pages de Chopin à la moulinette des danses des années 1920: après cette «Fantaisie sur un rythme de fox-trot sur des thèmes de Chopin», Wagner dans Wagneria (ou Wagnereske) et Isoldina, mais aussi Liszt dans Hungaria (ou Lisztonia) et Grieg (Griegiana) subirent ensuite le même traitement.


En bis, Teresa Czekaj reprend Chopinata et l’impayable Reflet de la Marche funèbre, mais ne pouvait conclure qu’avec Chopin, en l’occurrence la Troisième puis la Deuxième des quatre Mazurkas de l’Opus 41 (1839).


Le site de la Bibliothèque polonaise de Paris



Simon Corley

 

 

Copyright ©ConcertoNet.com