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Mésentente familiale

Bruxelles
La Monnaie
01/19/2010 -  et 21, 22, 24*, 26, 27, 29, 31 janvier, 2, 4 février 2010
Richard Strauss : Elektra
Evelyn Herlitzius/Nadine Secunde* (Elektra), Eva-Maria Westbroek/Annalena Persson* (Chrysothemis), Doris Soffel/Natascha Petrinsky* (Klytämnestra), Gerd Grochowski (Orest), Donald Kaasch (Agisth), Graciela Araya (Erste Magd), Mireille Capelle (Zweite Magd), Carole Wilson (Dritte Magd), Lisa Houben (Vierte Magd/Schleppträgerin), Anna Gabler (Fünfte Magd), Renate Behle (Die Aufseherin), Alexandre Kravets (Ein junger Diener), Franz Mazura (Der Pfleger des Orest)
Chœurs de la Monnaie, Orchestre symphonique de la Monnaie, Lothar Koenigs (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Patrick Kinmonth (décors et costumes), Manfred Voss (éclairages)




Guy Joosten apparaît régulièrement à la Monnaie depuis le mandat de Peter de Caluwe. Entre un Œdipus Rex coproduit par les trois maisons nationales et un bon Werther fin 2007, sept années se sont écoulées, une absence regrettable compte tenu du savoir-faire du metteur en scène. Il ne s’était pas emmêlé les pinceaux dans Lucia di Lammermoor la saison dernière au Cirque royal ; dans cette Elektra créée à Barcelone il y a deux ans, il signe un spectacle incontestablement réussi. L’ouvrage est moins embarrassant mais entre la folie et l’hystérie grotesque, il n’y a qu’un pas que le Belge évite de franchir. Il ne s’agit pas de ce Regietheater recourant aux lavabos, douches ou urinoirs ad nauseam ni d’une approche rétrograde mais d’une lecture logique, ancrée dans la réalité d’aujourd’hui tout en conservant de cette heure trois quarts son caractère de tragédie antique. Guy Joosten détaille avec acuité le profil psychologique des personnages et règle au millimètre le rythme de la représentation : dans cette œuvre enflammée, il faut savoir ralentir non pour stagner, voire reprendre son souffle, mais pour mesurer l’ampleur du drame qui se prépare. En cela, cette mise en scène, jamais statique, toujours tendue, s’impose tel un classique.



(© Bernd Uhlig)


La précision règne sur scène autant que dans la fosse, l’imbrication entre les deux atteignant des points d’équilibre parfaits. La confrontation entre Elektra et sa mère, par exemple : pas un regard, un geste, une attitude n’est laissé au hasard. Lothar Koenigs, qui effectue ses débuts à la Monnaie, conduit de main de maître un orchestre incandescent qui rugit, explose, gronde et se calme quand il le faut pour que s’engagent entre les pupitres des dialogues relevant de la musique de chambre. « Gentlemen, ces chanteurs, là-haut, sur scène, s’imaginent qu’on les entendra; à nous de faire en sorte qu’il n’en soit rien » : le bon mot est de sir Thomas Beecham mais l’actuel directeur musical du Welsh National Opera ménage fort heureusement le plateau qui ne doit pas seulement crier mais aussi chanter. Il aurait d’ailleurs été dommage de couvrir l’impeccable distribution rassemblée pour l’occasion.


Les trois principaux protagonistes féminins nécessitent des épaules larges, ce qu’elles sont pour l’excellente Nadine Secunde (Elektra), archétype de la soprano wagnérienne jamais au bout de ses limites, Annelena Persson (Chrysothemis) – peut-être la plus saine d’esprit – et la belle Natascha Petrinsky, artificiellement vieillie pour la rendre crédible dans le rôle de Klytämnestra. Toutes allient beauté vocale et force de l’incarnation. L’autre distribution réunit également des pointures comme Evelyn Herlitzius, Doris Soffel et la très demandée Eva-Maria Westbroek. Les messieurs ne font pas pâle figure, au contraire (fort bon Orest de Gerd Grochowski), et même le vétéran Franz Mazura (un vieux serviteur) a été convié. Aussi monumental soit-il, le décor de Patrick Kinmonth nécessite peu de commentaires : mixte de palais en rénovation et de prison pour femmes dont les gardiennes sont les servantes, il s’ouvre à la fin sur une saisissante image sanguinaire sans quoi il n’y a pas d’Elektra qui vaille.



Sébastien Foucart

 

 

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