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Un certain déséquilibre

Madrid
Teatro Real
01/12/2010 -  et 14, 15*, 17, 19, 20, 22, 23, 24, 26, 27, 28 janvier 2010
Richard Wagner: Der fliegende Holländer

Anja Kampe (Senta), Johan Reuter (Le Hollandais), Hans-Peter König (Daland), Stephen Gould (Erik), Vicente Ombuena (Le pilote), Nadine Weissmann (Mary)
Chœur du Teatro Real de Madrid, Peter Burian (chef de chœur), Orchestre du Teatro Real de Madrid, Jesús López Cobos (direction musicale)
Alex Rigola (mise en scène), Bibiana Puidefàbregas (décors), M. Rafa Serra (costumes), María Domènech (lumières), Ferrán Carvajal (chorégraphie)

Encore une fois, nous sommes en présence de ce qui aurait pu être un Hollandais de bonne qualité, mais l’aspect visuel a été déplaisant, et les quatre voix nécessaires pour cet opéra n’ont pas toujours répondu aux attentes.


L’orchestre et le chœur ont accompli leur tâche d’une façon honorable et même inspirée. A nouveau, Jesus López Cobos montre qu’il est un directeur d’un niveau enviable pour n’importe quel théâtre, sachant ici trouver un équilibre entre le feu romantique et une certaine distance à prendre avec cette légende trop connue, un peu « déjà vue ». Dans cet opéra de jeunesse de Wagner, l’italianisme s’infiltre comme jamais plus après (dans le premier duo entre Daland et le Hollandais, par exemple). Là aussi le chef doit trouver un délicat équilibre de sons et de nuances : López Cobos y réussit, comme d’habitude.


Anja Kampe est une Senta privilégiée : avec une voix puissante et belle, une ligne éclatante, lumineuse, elle dessine un personnage à la fois bien bâti et intériorisé. C’est à elle que revient le moment culminant de l’opéra, la Ballade de l’acte II, résumé des thèmes et des suggestions, un morceau de bravoure qu’Anja Kampe surmonte avec une maîtrise indiscutable. Elle excelle aussi dans le duo avec le Hollandais, même si la mise en scène ne sait pas trop bien faire bouger les chanteurs. Johan Reuter est à un niveau très approprié pour donner le réplique à Anja Kampe, vraie star de la soirée, parce qu’il a une voix noble, claire dans le medium, quoique pas si puissante. Tous les deux forment un très beau couple pour cet opéra. Hans-Peter König est plus inégal, on dirait qu’il se réserve, qu’il préfère être mieux à la fin de l’acte II au détriment de ses duos avec le Hollandais. Sa voix est belle dans le medium, mais les extrêmes s’avèrent douteux. Stephen Gould, en Erik, défaille parfois dans le lyrisme douloureux de son rôle, mais lui aussi présente un beau medium, au détriment des extrêmes, et sa voix n’est pas très puissante. Il est vrai que ce rôle d’Erik paraît quelque peu contradictoire : est-il pour ténor léger à l’italienne, ou une préparation à des rôles majeurs pour ténor à partir de Tannhäuser ? Stephen Gould ne se tire pas trop mal de cet embarras. Vicente Ombuena incarne un pilote très adéquat, pour un rôle dont le poids s’élève au-dessus de l’anecdotique, tout comme Nadine Weissmann dans le rôle de soutien de Mary.


La mise en scène, pauvre, avec des costumes volontairement pauvres aussi, et involontairement laids, souvent inadéquats, essaye en vain de résoudre le problème aigu du livret : la dramaturgie de Wagner peut semble ici maladroite, de procurer comme par avance la réalisation des désirs de l’héroïne... D’où la tentation à laquelle succombent tant d’autres mises en scène de la présenter comme folle, et de traiter tout le récit comme un rêve ou un phantasme de la pauvre Senta. En outre (Kupfer insistait sur ce point), aujourd’hui on ne peut plus guère représenter scéniquement des histoires de fantômes. Rigola évite ces choix malencontreux, mais pour autant, les résultats restent insignifiants, gênants pour le chant et l’action, parfois d’un mauvais goût naïf (les amoureux qui se bécotent au fond pendant le duo d’amour, les diablesses qui dansent), quoique pas aussi horribles que ce qu’écrivent certains confrères. Il convient néanmoins de rappeler qu’il s’agit de la première mise en scène d’opéra du directeur du Teatre Lliure (Théâtre Libre) de Barcelone, une des meilleures troupes d’Espagne.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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